Corrige personnel d'une dissertation sur le courant de l'absurde Camus
Publié le 14/05/2023
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COLLÈGE MARISTE
CHAMPVILLE
Cycle des Secondaires
1as Bac français
2020-2021
Dissertation- Corrigé
Objet d’étude : Le roman et le récit du XVIIIe au XXIe siècle
Libellé : « Si la seule solution est la mort, nous ne sommes pas sur la bonne voie.
La bonne
voie mène à la vie, au soleil.
On ne peut avoir froid sans cesse.
» Albert Camus.
Montrez comment la trame romanesque et l’étude du personnage, Meursault, permettent de
dénoncer la peine de mort à travers le roman étudié.
Consigne : Lisez le développement du sujet de dissertation ci-dessous puis :
1.
Formulez la problématique qui manque dans l’introduction.
2.
Dégagez le plan détaillé du développement (Axe + argument (sous-axe) + exemple)
3.
Complétez certains arguments par des exemples de l’œuvre intégrale, L’Étranger
(Camus)
Propositions de problématiques :
Dans quelle mesure L’Étranger, par le biais de sa trame romanesque et du
personnage, Meursault, est-il un moyen permettant à Albert Camus de dénoncer la
peine de mort ?
Dans quel sens les éléments romanesques, à savoir la trame et le personnage
(Meursault) sont-ils au service de la dénonciation de la peine de mort ?
Comment Albert Camus utilise-t-il la forme romanesque pour mener une
argumentation indirecte contre la peine de mort ?
En quoi la trame romanesque et l’étude du personnage, Meursault participent à une
argumentation indirecte contre la peine de mort dans L’Étranger de Camus ?
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Développement
Introduction
« Si la seule solution est la mort, nous ne sommes pas sur la bonne voie.
La bonne voie mène à la
vie, au soleil.
On ne peut avoir froid sans cesse.
» C’est en ces termes-là qu’Albert Camus récuse le
suicide comme solution à l’absurde.
Le philosophe, romancier et dramaturge du XXe siècle définit
l’absurde comme étant la confrontation entre l’homme en quête de sens et le monde qui en est
dépourvu.
Autrement dit, l’homme est envahi par le sentiment de l’absurde quand il prend du
recul par rapport au monde dans lequel il évolue et réalise que ce dernier n’a pas de valeur
intrinsèque.
Cependant, Camus ne prône pas pour autant le suicide.
Il invite plutôt à aller au-delà
de l’absurde par la révolte et la revendication de la liberté.
Il a été en ce sens un grand opposant à
la peine de mort, une pratique longtemps condamnée par les artistes et les littéraires.
D’ailleurs, il
s’agit d’un thème qui est toujours d’actualité dans plusieurs coins du monde.
Ainsi, nous nous
demandons dans quel sens les éléments romanesques, à savoir la trame et le personnage
(Meursault) sont au service de la dénonciation de la peine de mort.
Nous verrons dans ce qui suit
comment la trame romanesque de L’Étranger met en valeur l’absurdité de la peine capitale.
Ensuite, nous tenterons de démontrer que l’attitude de Meursault est au service de la thèse de
l’auteur.
Finalement, nous irons au-delà de la société pour comprendre le rapport entre la peine de
mort et la condition humaine qui s’incarne dans la figure de l’Étranger1.
Axe I : La trame romanesque au service d’une argumentation indirecte
1.
La peine de mort : un destin fictionnel « sur mesure »
Lorsque l’homme perçoit le silence du monde qui l’entoure, il prend alors conscience de
l’absurde.
Il s’agit d’une expérience qu’Albert Camus décrit et analyse dans un essai philosophique
intitulé Le Mythe de Sisyphe.
Le penseur livre une étude centrée sur une question ontologique2
majeure : la vie vaut-elle la peine d’être vécue ? Par la suite, il propose diverses manières pour
faire face à l’absurde tout en s’appuyant sur la figure de Sisyphe, personnage de la mythologie
grecque dont le châtiment renvoie à la répétition à laquelle nous sommes condamnés au
quotidien.
Mais Camus ne se contente pas de l’argumentation directe pour véhiculer ses pensées.
Il
crée un « cycle de l’absurde » dans lequel des œuvres de fiction viennent se greffer à l’essai :
L’Étranger, un roman paru en 1942 et Caligula, une pièce de théâtre parue en 1944.
La fiction est
un détour par lequel un écrivain présente une illustration d’une idée abstraite.
Il s’agit donc de
l’argumentation indirecte.
Dans ce sens, la théorie philosophique de Camus s’est concrétisée dans
1
2
Il s’agit du personnage et non pas du roman, d’où l’importance de saisir le titre en italique.
Ce qui est en rapport avec l’être humain.
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une trame romanesque dont le but est de « mener imperturbablement les personnages vers le
destin qui les attend.
», selon Camus lui-même.
Autrement dit, le destin de Meursault, à savoir la
mort par exécution, est fabriqué sur mesure : tous les éléments romanesques convergent vers ce
sort qui clôt le roman mais qui ne cesse de générer des débats.
2.
L’évolution de l’espace : le passage de l’extérieur à l’intérieur
Par conséquent, le changement spatial qui s’opère entre la première partie du roman et la
seconde est une étape essentielle dans le cheminement vers le dénouement de la trame.
[1
exemple du roman] Rappelons que le personnage n’est pas indifférent aux espaces qui l’accueillent
(ou le rejettent).
D’ailleurs ces deux éléments romanesques exercent l’un sur l’autre une influence
réciproque.
En d’autres termes, tout comme l’espace participe à l’évolution du personnage, ce
dernier définit ou redéfinit l’espace par le biais de sa perception.
Si la narration de Meursault est
quasiment dépourvue d’épanchements intellectuel et émotionnel, elle est en revanche bien riche
en perceptions sensorielles.
[2 exemples du roman] Ces perceptions sont affectées ou plutôt
réduites en nombre par l’incarcération du narrateur homodiégétique3.
Aller en prison creuse la
distance qui existe déjà entre l’individu et le monde et intensifie le sentiment de l’absurde.
3.
Une temporalité définie par le narrateur-personnage
Par ailleurs, le choix du narrateur n’est pas anodin dans L’Étranger.
Vu que Meursault n’est pas
particulièrement expressif au niveau affectif, nous ne pouvons pas prétendre que Camus donne
accès à ses pensées pour qu’on compatisse et qu’on s’identifie entièrement au personnage.
Cet
argument n’étant pas valable nous devons nous tourner vers un autre pour donner sens au double
rôle de Meursault.
Jean-Paul Sartre, analysant le roman de Camus, constate que la vie du
protagoniste est « une succession de présents ».
Cela est justifié dans le roman par [2 exemples du
roman]
Cette écriture qui s’apparente au journal intime donne l’impression que le temps est statique, qu’il
n’avance pas.
D’ailleurs, quand la mort est si proche, existe-t-il encore un lendemain ?
Ne perdons pas de vue qu’entre nous, lecteurs et le monde romanesque de Camus, il existe un
intermédiaire : Meursault.
Effectivement, la temporalité est définie et contrôlée par ce dernier.
L’auteur nous plonge dans la perception de Meursault non pas pour s’identifier à lui mais pour
faire l’expérience de l’absurde : ce n’est qu’à travers le regard du personnage que nous pouvons
nous détacher du monde pour en percevoir la vacuité.
C’est en ce sens que la stratégie narrative
est au service de la thèse de l’écrivain.
Un narrateur est homodiégétique lorsqu’il est en même temps un personnage de l’histoire.
« Homodiégétique »
est composé du préfixe « homo » qui signifie « même » et « diégétique » de « diégèse » qui signifie « histoire ».
3
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Transition
Tous les éléments qui font partie de la trame romanesque participent à l’illustration du propos de
l’écrivain.
Toutefois, ils gravitent autour du protagoniste, instrument principal au service de la
dénonciation de la peine de mort.
Nous déclinerons dans ce qui suit les différents aspects de la
révolte que mène Camus à travers la figure de Meursault.
Axe II : le personnage comme instrument de dénonciation de la peine capitale
1.
Le refus du mensonge (des normes sociales)
En deuxième partie, nous remarquons dans le roman à quel point l’apathie de Meursault gêne les
autres personnages, sauf Marie qui l’aime « parce qu’il est bizarre ».
La froideur de Meursault, qui
transparaît dans son attitude extérieure tout comme dans son discours intérieur, c’est-à-dire la
narration, est en réalité un refus de jouer le jeu de la société.
Ce personnage ne se livre pas au
mensonge comme les autres.
Il dit la vérité, aussi insupportable et déplacée soit-elle.
Cependant,
cela ne veut pas dire que Meursault adopte une posture hautaine, lançant des sermons et
condamnant ceux qui l’entourent.
L’expression de la vérité est spontanée voire banale.
L’exemple
suivant en est la preuve : à un moment donné du procès, l’avocat interdit à Meursault de se
défendre par soi-même sachant qu’il va raconter les événements tel quel : « Taisez-vous, cela vaut
mieux pour votre affaire » (deuxième partie, chapitre 4).
L’avocat, ayant perçu l’étrangeté de son
client, comprend que la neutralité de Meursault dans la description des faits est une arme contre
lui.
Il est vrai que Meursault ne regrette pas son acte mais tout comme il ne le regrette pas, il....
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