commentaire linéaire Le rat et l'huitre de La Fontaine
Publié le 26/02/2023
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«
"Le Rat et l'Huître", Fables, La Fontaine (1678)
Introduction
S'inspirant souvent des auteurs antiques comme Phèdre et Ésope, cette fois-ci La
Fontaine s'inspire d'un écrivain humaniste nommé André Alciat qui avait écrit une
fable intitulée "Le Captif pour sa gourmandise".
Le titre choisi par La Fontaine, "Le
Rat et l'Huître" laisse bien plus de suspense aux lecteurs qui ne sait pas à ce
moment-là quel sera le thème de cette fable.
Ici, le fabuliste peint un Rat ignorant et
prétentieux qui se fait piéger par une huître à cause de son manque de
connaissances.
Le récit proposé par La Fontaine est particulièrement plaisant
pourtant le thème qu'il traite est sérieux.
Lecture du texte.
Problématique: Comment, à travers une fable digne d'une comédie, La Fontaine
dénonce-t-il les dangers de l'ignorance?
Annonce des mouvements.
Mouvement 1: v.1 à 4 "Présentation du Rat"
Le premier vers commence par une présentation efficace du personnage principal: le
Rat.
Le mot "Rat" est placé à la césure ce qui le met en valeur mais sa caractéristique
"de peu de cervelle" qui peut faire penser à une sorte d'épithète homérique (une
épithète homérique est un groupe de mots qui qualifient très souvent les héros dans
les textes d'Homère.
Par exemple, on lit dans l'Iliade et l'Odyssée "Achille au talon
mortel", "Athéna aux yeux pairs", "Ulysse aux mille ruses") place immédiatement le
Rat dans la catégorie des personnages ridicules.
On apprend aussi le lieu de l’action
"hôte d’un champ".
Le Rat décide de quitter le foyer familial mais les termes "Rat de
peu de cervelle" portent de l'ombre à cette décision.
En effet, l’inversion de l’ordre
des mots de la phrase (v.1 et 2) dénonce un choix aléatoire tandis que l'énumération
des vivres "le champ, le grain, la javelle" montre que le Rat abandonne l’abondance.
Cela marque ainsi son manque de sagesse et son irresponsabilité.
De plus c'est un
départ précipité comme le montre l’utilisation du verbe "courir".
De même, la raison
"se trouva soû" (qui signifie "en avoir marre") montre la légèreté du Rat; il part sur
un caprice et sans réflexion.
Mettre ici une phrase de conclusion de ce premier mouvement.
Mouvement 2: v.5 à 8 "Emerveillement du Rat"
Au vers 5 commence la description du voyage du Rat.
L’opposition entre les termes
"case" et "monde" met en avant le changement de décor que vit le personnage.
La
répétition du champ lexical de la grandeur "grand" "spacieux" démontre
l’émerveillement naïf de ce dernier qui est impressionné par ce monde qu'il
découvre.
Le rythme binaire "grand et spacieux" résonne comme un pléonasme et
ridiculise le Rat complètement impressionné.
Ainsi le Rat est discrédité par ses
propres paroles puisque ce n'est plus le narrateur qui parle mais le Rat lui même
comme l'indique "dit-il".
D'ailleurs le niveau de langue dans le premier mouvement
était soutenu comme le démontre par exemple l'expression "Lares paternels" (les
Lares sont les dieux de la maison dans l'Antiquité) alors que dans le deuxième
mouvement le niveau de langue est plus courant ce qui souligne le manque de
culture du Rat.
Au vers 7 le Rat commet une maladresse de langage : il inverse les présentatifs
"Voilà" et "voici".
Cette inversion a pour effet de rétrécir le périmètre du lieu que
visite le Rat, montrant ainsi que ce dernier ne visite pas le monde entier mais
simplement quelques endroits.
De plus, le Rat associe deux lieux très éloignés
géographiquement "les Apennins" et "le Caucase", montrant qu’il n’est même pas
capable d’identifier les paysages qui l’entourent.
On peut mettre en doute ses
connaissances géographiques.
L’opposition entre la vision grandiloquente du Rat
"mont" et la vision réaliste du narrateur "moindre taupinée" démontre l’attitude
excessive du Rat.
Cette opposition/antithèse est appuyée par l’allitération entre
"moindre" et "mont".
Mettre ici une phrase de conclusion de ce deuxième mouvement.
Mouvement 3: v.9 à 20 "Fatuité du Rat"
Le narrateur appelle avec ironie le Rat par la périphrase "le voyageur", lui attribuant
ainsi l’expérience imaginaire qu’il revendique.
On peut penser à une désignation
ironique, associant le rat à Ulysse; mais évidemment le narrateur se moque du Rat
qui n'est pas un réel voyageur.
Le complément circonstanciel de temps "au bout de
quelques jours" indique que le voyage qu’a fait le Rat est trop court pour qu’il puisse
avoir visité beaucoup de choses et, surtout, qu'il est trop court pour qu'il puisse en
tirer de vrais enseignements.
Le vers 10, par l’inversion des termes de la phrase, constitue une anticipation sur le
vers suivant, l’ensemble de la phrase étant unifié par l’enjambement des vers 10 et 11
"Thétys sur la rive / Avait laissé".
Le vers 10 se distingue par son registre culturel
élevé "canton", "Thétys" ce qui montre que le narrateur a bien repris la parole.
Le
complément circonstanciel de lieu est très vague "un certain canton", "quelques
jours".
On peut donc se demander si le Rat sait vraiment où il se trouve.
On remarque
au v.11 que les noms "Huître" et "Rat" occupent chacun un hémistiche ce qui nous
annonce, en quelques sortes, la future opposition entre ces deux personnages.
Le
déterminant possessif "notre" dans "notre Rat" montre une certaine moquerie du
narrateur vis-à-vis du Rat; il semble observer avec amusement le Rat, devinant ce
qui va lui arriver.
Cependant le terme "notre" s’adresse également au lecteur.
Ainsi
La Fontaine sous-entend que nous avons tous déjà eu l’attitude du Rat.
Il en conclut
ainsi que chaque homme possède en lui un Rat, ce Rat étant l’allégorie de l’ignorance
et de la prétention.
Le terme "d'abord", placé en fin de vers, montre la précipitation
du jugement porté par le Rat.
Cette précipitation est également soulignée par le
polyptote du verbe voir "voir", "voyant" ainsi que par le verbe croire "cru".
Le Rat
juge uniquement par l’apparence extérieure.
Cette analyse superficielle est en fait la
seule qu’il peut pratiquer puisqu’il ne dispose pas de connaissances en la matière.
Ainsi l’ignorance est dès lors considérée comme responsable des péripéties à venir.
Le vers 13 marque le passage au discours direct, c'est-à-dire à une nouvelle prise de
parole du Rat.
Celui-ci met tout de suite en avant sa certitude en utilisant le terme "
Certes".
Une telle affirmation, de la part d’un ignorant, démontre ainsi sa
prétention.
L’oxymore "pauvre sire" met en valeur le regard critique que le Rat pose
sur la prudence de son père "craintif au dernier point", manifestant son désir
d’émancipation.
L’affirmation "Pour moi" montre que le Rat est devenu sa propre
référence, ce qui est, une fois de plus, très prétentieux de la part d’un ignorant.
Il
présente son voyage comme une épopée lors des vers 15 à 16, se vantant d'avoir "déjà
vu le maritime empire" alors qu'il vient à peine de le découvrir et utilise même un
pluriel de majesté "nous n'y bûmes....".
Le narrateur reprend la parole au vers 17.
Celui-ci reste vague sur la nature des connaissances du Rat "choses" ainsi que sur la
façon dont il les a acquis "certain magister" comme l'indique le déterminant indéfini
"certain".
On comprend dès lors que ces connaissances sont totalement inexistantes
et qu’il s’agit de pures spéculations du Rat.
Le narrateur explique au début du vers 18 que le Rat clame ses exploits "à travers
champs".
Cette....
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