COMMENTAIRE DE TEXTE, RUY BLAS, ACTE III, SCENE 5, VICTOR HUGO
Publié le 27/02/2023
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«
COMMENTAIRE DE L’EXTRAIT DE RUY BLAS PAR VICTOR HUGO (ACTE III, SCENE 5)
En réaction contre le rationalisme des Lumières, la première moitié du 19ème siècle voit le Romantisme
exalter la démesure et la force des passions dans la musique, les peintures et tous les genres littéraires.
Il donne
priorité à l’émotion, au lyrisme de la passion, se défaisant des contraintes formelles classiques.
Victor Hugo est un
poète, dramaturge et un romancier très engagé politiquement.
Il s’oppose fermement à Napoléon III, s’exile pendant
près de vingt ans durant la période du Second Empire et dénonce la misère.
Dans sa pièce de théâtre Ruy Blas, il
rejette l’esthétique classique pour un nouveau genre, le drame romantique.
La pièce, publiée en 1838 et se déroulant
en 1698, met en scène Don Salluste, grand seigneur, qui cherche à se venger de la reine en mettant en place un
stratagème.
Il utilise son valet, Ruy Blas, en le faisant passer pour un noble afin de la déshonorer.
Cet extrait, prenant
place au milieu de la pièce, est la révélation de la manipulation de don Salluste.
Mais comment la confrontation entre
deux personnages antagoniques est-elle mise en scène ? Nous verrons que la fin de l’illusion orchestrée par Don
Salluste, un stratège dominant, laisse Ruy Blas tel une victime désespérée.
L’illusion s’achève sur la découverte de la tromperie par Ruy Blas, menant à un retour de la situation initiale
permettant une critique de Victor Hugo sur les relations entre les Hommes.
L’extrait s’ouvre sur la découverte de la réalité par Ruy Blas, la métaphore « main terrible » (l.1) et
l’hyperbole du « projets monstrueux » (l.2) soulignent qu’il prend conscience de la situation dans laquelle il se
trouve.
Il tente de convaincre Don Salluste par la confession de l’amour qu’il porte à la reine : « Cette femme, je
l’aime » (l.5) mais lorsque que don Salluste lui fait un aveu de connaissance de ses sentiments, « Je le savais » (l.6), ce
dernier est sous le choc.
Il comprend qu’il a été trompé et que son maître « s’est fait un jeu » (l.8).
Cette découverte
provoque chez Ruy Blas une violente réaction physique : « s’appuyant au mur pour ne pas tomber » (didascalie l.78).
La fin de l’illusion passe également par une reprise de la relation maître/valet.
Bien que Ruy Blas soit revêtu
de « l’habillement complet » (l.31) du maitre et que Don Salluste soit déguisé en valet, les statuts sont en réalité
inversés.
En effet, Don Salluste réassume sa supériorité de par la connaissance de la situation : le verbe au passé de
l’aveu « je le savais » (l.
6) souligne qu’il est au courant depuis longtemps.
De plus, il a un « but que seul [il] doi[t]
connaitre » (l.14) montrant sa dominance par le savoir.
Il a connaissance de la temporalité de l’illusion comme le
souligne la phrase « Pour l’instant.
» (l.31) montrant que les évènements se dérouleront selon son gré.
Il reprend son
rôle également par la série de verbes à l’impératif : « Obéissez » (l.16), « Tenez-vous » (l.16), « Marchez » (l.18),
« ayez » (l.23), « n’oubliez pas » (l.
32), « soyez » (l.24+35).
Aussi rappelle-t-il la hiérarchie entre les deux
personnages par deux fois : « ne l'oubliez pas, vous êtes mon valet » (l.32) et « Soyez de votre état » (l.24).
Don
Salluste rappelle à Ruy Blas qu'il n'est qu'un « laquais » et que Ruy Blas subi la volonté de Don Salluste puisque c’est
lui qui l’« [a] fait seigneur » (l.30).
Ce passage permet d’insérer une critique de Victor Hugo : effectivement, Don Salluste, dans son court
monologue généralise la relation maître-valet : « de vous autres, mon cher, on fait tout ce qu’on veut » (l.27),
« autres » signifiant les valets et « on », les maîtres.
Hugo souligne là la dominance absolue et totale qu’ont les
maitres sur leurs serviteurs et que ces derniers sont réduits au silence et utilisés tels des objets (« vase ») dont leurs
supérieurs peuvent disposé les déshumanisant.
Cette fin du rôle de Ruy Blas en tant que seigneur permet un retour à
la réalité en rappelant qu’une personne du peuple ne pourra jamais prétendre à pouvoir faire ses propres choix
comme le souligne le parallélisme « A son gré vous déguise, à son gré vous démasque » (l.
29) traduisant l’écrasante
domination des valets.
La fin de l’illusion dans laquelle était Ruy Blas, traduit la dominance du stratège qu’est Don Salluste.
C’est un
personnage amoral qui n’accorde pas de valeur aux sentiments d’autrui et qui abuse de son pouvoir.
Don Salluste est un personnage profondément mauvais.
Premièrement il est associé par son valet au champ
lexical de l’ignobilité : « terrible » (l.1), « monstrueux » (l.2), « horrible » (l.3+45), « affreuse » (l.9) ce qui souligne
son caractère malveillant.
Puis il ment pour manipuler Ruy Blas auquel il fait croire qu’il agit dans son intérêt ; il
affirme qu’il « veu[t] son bonheur » (l.18) et qu’il est « très bon, très doux » (l.24) : l’anaphore du superlatif « très »
montre qu’il exagère dans le but de se faire passer pour un homme raisonnable et censé.
Il emploie aussi l’ironie
lorsqu’il dit « mon maître » (l.13) alors que le lecteur et Ruy Blas savent pertinemment que ce n’est pas le cas et puis
il va même jusqu’à l’appeler « mon cher » (l.27).
Par cette fausse politesse, il renforce sa pensée contraire.
Ensuite il a
un ton méprisant, la métaphore soulignée par la négation restrictive où le laquais « n’est qu’un vase » (l.26) montre
la déshumanisation des valets.
Il rabaisse Ruy Blas par la question rhétorique « Qu’est le vôtre à côté [de destin] ? »
(l.22) par son état social et insinue qu’il est plus intelligent que lui car il dit : « Vers un but que seul je dois
connaître, / But plus heureux pour vous que vous ne le pensez » (l.
14-15) comme si Ruy Blas n’était pas capable de
prendre lui-même des décisions.
Don Salluste est un personnage qui méprise les sentiments.
Il répond « froidement » par des phrases se
terminent par un point, montrant qu’il est dans sa logique.
De plus il minimalise plusieurs fois les sentiments de Ruy
Blas : quand ce dernier est choqué par l’aveu de Don Salluste, il lui répond juste « Qu’est-ce que cela fait ? » (l.7)
montrant que son stratagème n’inclus....
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