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Analyse linéaire Les Caractères Acis

Publié le 31/12/2024

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« Analyse linéaire – Texte 1 , Acis Texte : Que dites-vous ? Comment ? Je n'y suis pas ; vous plairait-il de recommencer ? J'y suis encore moins.

Je devine enfin : vous voulez, Acis, me dire qu'il fait froid ; que ne disiez-vous : « Il fait froid » ? Vous voulez m'apprendre qu'il pleut ou qu'il neige ; dites : « Il pleut, il neige.

» Vous me trouvez bon visage, et vous désirez de m'en féliciter ; dites : « Je vous trouve bon visage.

» - Mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair ; et d'ailleurs qui ne pourrait pas en dire autant ? Qu'importe, Acis ? Est-ce un si grand mal d'être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? Une chose vous manque, Acis, à vous et à vos semblables les diseurs de Phébus ; vous ne vous en défiez point, et je vais vous jeter dans l'étonnement : une chose vous manque, c'est l'esprit.

Ce n'est pas tout : il y a en vous une chose de trop, qui est l'opinion d'en avoir plus que les autres ; voilà la source de votre pompeux galimatias, de vos phrases embrouillées, et de vos grands mots qui ne signifient rien.

Vous abordez cet homme, ou vous entrez dans cette chambre ; je vous tire par votre habit, et vous dis à l'oreille : « Ne songez point à avoir de l'esprit, n'en ayez point, c'est votre rôle; ayez, si vous pouvez, un langage simple, et tel que l'ont ceux en qui vous ne trouvez aucun esprit peut-être alors croira-t-on que vous en avez.

» Introduction : Jean de la Bruyère est un moraliste du 17 -ème siècle qui s’inscrit dans le mouvement littéraire du Classicisme dont les valeurs sont la mesure, la modération et la civilité : valeurs incarnés par le modèle de l’honnête homme qu’il dépeint dans son œuvre Les caractères.

Dans son œuvre Les Caractères, qu’il publie en 1688, et qui est d’ailleurs la seule de sa vie, il illustre les défauts de son temps et plus généralement des travers humains universels à travers de portraits satiriques et de maximes.

Il s’inspire d’un philosophe grec de l’antiquité : Théophraste.

Le livre a beaucoup de succès tout en faisant scandale à la cour.

Parmi les portraits de La Bruyère, on retrouve celui de Acis dépeint comme un courtisant utilisant une manière complexe de parler pour se donner une importance.

Cet extrait est la remarque 7 du livre V : « De la société et de la conversation » Lecture du texte Dans quelles mesures, Jean de la Bruyère utilise le personnage d’Acis pour dénoncer le manque de clarté du langage précieux ? Afin de répondre à cette problématique, nous verrons tout d’abord que dans un premier mouvement des lignes 1 à 7 que le moraliste joue sur l’ironie afin de ridiculiser un précieux.

Ensuite, dans le deuxième mouvement des lignes 7 à 12 , nous verrons que le moraliste réalise une leçon dénonçant ce langage précieux avec un ton plus sévère.

Enfin nous verrons des lignes 12 à 15 que le moraliste utilise une mise en situation pour réaliser une morale. Premier mouvement : « Que dites-vous ? Comment » La Bruyère nous plonge directement dans le texte avec un début « in média res » grâce à deux questions directes : une phrase simple puis une phrase averbale qui nous plonge dans la situation d’une conversation tout en privant le lecteur d’apprécier par lui-même les excès du langage précieux d’Acis. « Je n’y suis pas ; vous plairait t’il de recommencer ? J’y suis encore moins » Grâce à l’utilisation de la phrase négative « je n’y suis pas » suivi de la gradation « j’y suis encore moins » l’auteur s’ouvre sur un sentiment immédiat d’incompréhension. « Je devine enfin : vous voulez, Acis me dire qu’il fait froid ; que ne disiez-vous : « il fait froid » ? » L’adverbe de soulagement « enfin » et le verbe « deviner » montre qu’il a mis du temps à comprendre une simple banalité , ici : « il fait froid » « Vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige ; dites : « il pleut, il neige ». Vous me trouvez bon visage, et vous désirez de m’en féliciter ; dites ; « je vous trouve bon visage » ». L’utilisation de l’impératif « dites » durcit le ton.

Il utilise des exemples délibérément ordinaire (le temps qu’il fait, des compliments sur sa bonne mine) pour permettre de mettre en évidence la dimension ridicule de cette préciosité du langage. « - Mais, répondez-vous, cela est bien uni et bien clair » La répétition de l’adverbe « bien » souligne la connotation péjorative associés aux adjectifs « uni » et « clair ». « Qu'importe, Acis ? Est-ce un si grand mal d'être entendu quand on parle, et de parler comme tout le monde ? » Le moraliste a le dernier mot sous la.... »

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