analyse linéaire de Acte I, scène 5 du Malade Imaginaire
Publié le 10/09/2022
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«
Analyse linéaire #5 – Acte I, scène 5
Le Malade Imaginaire – Molière
Dans la littérature, l'Homme est souvent épinglé, regardé ou critiqué.
Ses
ridicules sont mis à mal.
La comédie est un genre théâtral qui poursuit ce projet
permettant à l'Homme, notamment le courtisan, de rire de ses faiblesses.
La
morale qu'elle propose s’appuie donc sur l’homme tel qu’il est, en renonçant à le
peindre tet qu'il devrait être.
(Accroche)
Molière, dramaturge, comédien et directeur de troupe, de son vrai nom
Jean-Baptiste Poquelin, l’a bien compris.
La comédie sert à « châtier les mœurs
par le rire ».
En effet, la comédie avec Molière va au-delà de la farce, pour
interroger la société de son temps, et présenter des satires féroces des
bourgeois.
Au 17ème siècle, il fait la satire de nombreux personnages dans des
pièces comme le barbon dans L'Ecole des femmes, l'avare dans la pièce
éponyme ou encore l’hypocondriaque dans Le Malade imaginaire.
En effet, Le
Malade imaginaire, publié en 1673 (qui est par ailleurs la dernière pièce de
Molière qui meurt juste après la 4 ème représentation, ne déroge pas à la règle.
Il
cherche de nouveau à plaire par le comique, et à instruire par le propos.
Cette
pièce raconte l’histoire d’Argan un hypocondriaque, qui pour se prémunir de la
mort, souhaite marier sa fille Angélique à Thomas Diafoirus, fils d’un médecin et
lui-même futur médecin.
Argan contrarie ainsi les amours de sa fille pour un
homme prénommé Cléante et suscite les remarques ironiques de sa servante
Toinette.
Dans cette pièce Molière va principalement critiquer la médecine et les
médecins de son temps par la caricature de cette hypocondriaque.
(Présentation
de l’œuvre)
Situé à l'acte I scène 5, l'extrait qui nous intéresse participe à la mise en
place de l'intrigue familiale autour de la question du mariage d'Angélique.
La
scène a débuté par un quiproquo : Angélique a cru que son père lui destinait
Cléante, l'homme qu'elle aime, pour époux.
Or, il s'agit d'un jeune médecin, le
fils Diafoirus.
La servante d’Argan, Toinette, prend alors la défense d’Angélique,
après qu’elles aient appris cette volonté qu’à Argan de la marier à un homme
qu’elle ne connaît pas.
Dans cet extrait, Angélique a peu de présence.
Il est
surtout marqué par l’opposition entre Argan et Toinette, quant au futur
sentimental d’Angélique.
Toinette prend alors la place d'Angélique dans le
dialogue avec son père et s'élève contre ce « dessein burlesque ».
(Présentation
du passage)
JE VAIS DONC MAINTENANT PROCEDER A LA LECTURE
Et ainsi, nous verrons En quoi cette scène marque-t-elle l'inversion des
rôles du maitre et de la servante ? (Problématique)
Cet extrait se développe selon deux mouvements, le premier constitue un
dialogue vif au sujet de la question du « couvent » jusqu'à l'apparition des
didascalies relatives aux déplacements scéniques, qui montrent que les gestes
prennent le relais de la parole et relèvent d'un affrontement farcesque.
(Annonce
de plan)
Premier mouvement : Un dialogue vif au sujet du
couvent
Argan vient de menacer sa fille Angélique de la mettre au couvent si elle
n'accepte pas le mari qu'il lui destine.
C'est ce sujet qui va l'opposer à sa
servante Toinette dans un dialogue très vif.
L'extrait s'ouvre sur une réponse d'Argan sous forme de phrase
interrogative.
Ce n'est pas une demande d'information (« Je ne la mettrai point
dans un couvent ? ») : elle sert juste à contester l'assertion précédente de
Toinette.
Après les deux premières répliques quasi identiques si ce n'est le type
de phrase utilisé, le dialogue se poursuit avec vivacité, comme en témoignent le
rythme et la brièveté des répliques.
Les répliques s'enchaînent très rapidement
et se réduisent parfois à de simples monosyllabes comme ici où l'adverbe "non"
est repris à la forme interrogative par Argan et à la forme affirmative par
Toinette.
Le jeu de questions / réponses se poursuit mais les phrases
interrogatives chez Argan ne sont toujours pas une demande d'information : « Je
ne mettrai pas ma fille dans un couvent, si je veux ? » ; « Qui m'en empêchera ?
» ; « Moi ? » : elles servent encore à contester les assertions de Toinette.
Le
dialogue enchaîne ensuite les répétitions lexicales avec à chaque fois un
changement de modalisation puisque l'on trouve une assertion de Toinette
contre une dénégation d'Argan et inversement : « vous n'aurez pas » / « je
l'aurai », « vous vous moquez » / « je ne me moque pas.
» « Vous prendra » / «
ne me prendra point ».
On constate donc rapidement que la stratégie de
Toinette réside dans la contestation systématique des propos d'Argan.
Toinette formule ensuite un argument pour contrecarrer la volonté paternelle :
elle veut démontrer à Argan qu'il ne sera pas capable de mettre sa fille dans un
couvent à cause de son amour pour elle.
La partie de sa réplique qui se trouve
entre guillemets reproduit les paroles imaginées de sa fille, appelant son père «
mon petit papa mignon » pour l'attendrir : c'est une technique de persuasion.
Toinette imagine la gestuelle (« des bras jetés au cou ») et le langage non
verbal pathétique (« une petite larme, ou deux ») pour qu'Argan se représente
sa fille.
Argan sent que Toinette s'octroie un rôle qui n'est pas le sien : elle n'hésite pas
à manifester son désaccord avec son maître et lui répond fermement voire
ironiquement : « Oui, oui ».
Les pronoms personnels « vous » d’un côté et « je
», « moi » de l’autre s'opposent, manifestant les deux avis divergents en
présence et la certitude de Toinette qui affirme avoir raison.
Argan manifeste
également une forme de certitude par le biais des négations.
Cette fois, c'est lui
qui contredit Toinette pour essayer de reprendre le dessus mais celle-ci n'a pas
peur de son maître, comme le montre l'emploi du terme dépréciatif « Bagatelles
» qui relève aussi d'une forme d'ironie moqueuse.
Toinette, pour persuader Argan, évoque aussi sa bonté : « vous êtes bon
naturellement ».
L'adverbe « naturellement » nous porte à croire que Toinette,
malgré le tempérament rude et colérique d'Argan, connait sa véritable nature.
Or, celui-ci réagit vivement, « avec emportement » précise la didascalie : « Je
ne suis point bon, et je suis méchant quand je veux ».
Argan semble nier la
nature que sa servante croit déceler en lui, une nature bonne, et la deuxième
proposition qui revendique sa méchanceté parait puérile et ne constitue pas un
argument sérieux.
Cette réplique qui se veut bienveillante est en fait pleine de moquerie de la part
de Toinette vis-à-vis de son maître.
En effet, l'adverbe "doucement" vient
contraster avec la didascalie de la réplique précédente "avec emportement".
La
remarque sur la maladie d'Argan est pleine d'ironie.
Ici l'enchaînements des
deux répliques se fait par le biais d'antonymes : « je lui commande » / « je lui
défends ».
La stratégie de Toinette consiste donc toujours en la contestation
systématique des propos d'Argan, ce qui confère une fois de plus un effet
comique à cette scène.
A partir de cet instant, la colère d'Argan prend de
l'ampleur.
Ses interrogations indignées « Où est-ce donc que nous sommes ? et
« quelle audace est-ce là à une coquine de servante de parler de la sorte devant
son maître ? » comportent une insulte « coquine » et un rappel de leur situation
hiérarchique.
La première question souligne l'incongruité de la situation, le fait
que l'attitude de la servante ne renvoie à rien d'existant, qu'elle est de l'ordre de
l'inédit et de l'intolérable.
C'est ce que confirme la deuxième question, avec
l'emploi de termes péjoratifs qui incriminent la servante « audace », « coquine
».
Toinette fait preuve d'un grand sens de la....
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