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analyse lineaire cyrano de bergerac

Publié le 25/06/2024

Extrait du document

« Cet extrait se situe au milieu de l’acte III, acte central où Cyrano va aider les deux amants à se réunir.

Les différentes tentatives de Christian se sont soldées par un échec : il se révèle sans aucun esprit, ne réussit à séduire Roxane qu’avec sa beauté.

La jeune femme le rejette pour son manque d’éloquence lors de la dernière rencontre.

Le pacte noué entre les deux personnages masculins à l’acte II va aboutir dans cette scène 7 de l’acte III, dite scène du balcon, à une intervention de Cyrano qui prendra la place de Christian, après avoir joué pendant un court instant le rôle de « souffleur ».

L’échange des rôle place l’extrait sous le signe d’une grande théâtralité.

Nous rappelons que le spectateur connaît la situation, contrairement à Roxane et à Christian.

Le stratagème confère au spectateur un statut privilégié et un plaisir face à cette représentation qui cumule à la fois les caractéristiques d’une scène d’amour (déclaration) et d’une scène assez comique (quiproquo et jeu sur le sens des mots), mais aussi pathétique (Cyrano qui avoue ses sentiments vrais tout en étant contraint de les dissimuler). Par son statut éminemment théâtral, comment ce passage de la scène du balcon, dont le motif est d’abord amoureux, devient prétexte à un jeu à la fois textuel et corporel ? 1 er mouvement : « Chut ! Cela devient… » à « cœur » Moment où Cyrano prend physiquement la place de Christian : jeu sur le sens des mots (Cyrano est celui qui manie autant l’épée que les mots) 2ème mouvement : « Je descends » à « sans se voir ? » Le jeu sur le sens des mots va encourager Roxane à descendre (changement dans les mouvements du corps, les corps parlent) 3ème mouvement : fin de l’extrait Retournement de situation grâce aux mots puisque Cyrano ne semble à l’aise que quand il s’agit de parler Explication linéaire : L’intervention de C auprès de Ch s’ouvre sur une interjection « Chut ! » qui traduit, en plus d’une certaine émotion, une injonction : C somme Ch de s’arrêter et de se retirer car « cela devient trop difficile ».

Le pronom démonstratif à valeur anaphorique interroge : à quoi renvoie le « cela » ? à la situation ou au jeu en soi ? l’extrait s’ouvre d’emblée sur une ambiguïté sur le sens des mots.

C joue également avec la compréhension du spectateur et brouille les pistes en mettant en difficulté le processus de la double énonciation.

Cependant, l’adverbe « trop » + l’exclamation + la ponctuation expressive orientent notre compréhension : il devient difficile pour C de se contenter du simple rôle de « souffleur ».

C veut être au-devant de la scène et non sous le balcon (position de l’acteur vedette). Roxane est aussi contaminée par cette incompréhension, non pas comme le spectateur (qui lui voit le changement des rôles), mais elle peine à saisir le changement brutal dans l’expression et l’élocution de Ch.

L’adverbe de temps « Aujourd’hui » mis en valeur par le contre-rejet souligne la soudaineté de ce changement. Pour ne pas éveiller les soupçons, C endosse parfaitement le rôle de CH (cf didascalie où il imite la voix du jeune homme).

Cyrano passe alors du statut du souffleur au théâtre à celui de l’acteur expérimenté et prouve encore une fois sa polyvalence.

Le langage devient alors plus fluide et moins interrompu, les arguments sont convaincants (la justification par la présence de la nuit permet de faire disparaître les doutes de R).

Ainsi, C sauve non seulement Ch, mais aussi la représentation car le spectateur veut voir la suite du dialogue entre C et R. Le spectateur voit C en bas, R en haut, et c’est à ce moment-là que les mots deviennent une sorte d’intermédiaire entre les deux personnages : leur personnification par C (les mots cherchant l’oreille de Roxane) marque le trajet du lexique et la distance qui séparent C et R.

la mise en mouvement des mots est accentuée par la visualisation de leur trajet : le syntagme prépositionnel à valeur adverbiale « à tâtons » que l’on relève à la césure permet la mise en valeur de ce trajet.

Les mots, en empruntant le trajet dessiné par C arrivent directement dans l’oreille de R, comme si C imaginait une quelconque union avec R, mais au travers des mots ! ces derniers deviennent un moyen d’atteindre la jeune femme, de la toucher (dans la mesure où C la touche par son esprit). Cependant, la réponse de R peut sembler décalée voire comique : elle comprend uniquement le sens littéral ; on pourrait y voir un léger quiproquo non dans le sens, mais dans l’interprétation seconde du message de C.

La réponse de C poursuit ce brouillage dans la communication, tout en profitant de la situation pour déclarer sa flamme.

Les quatre vers dans lesquels il s’explique sont traversés par un jeu sur les pronoms « mon », « je », « moi » vs « vous », « vos mots à vous », ce qui intensifie le lyrisme du passage, mais marque aussi l’opposition entre les deux personnages (une opposition creusée déjà par la distance physique), dont les mots descendent ou montent (c’est-à-dire ne font sue se croiser).

Cette configuration expliquerait la petitesse de l’oreille de R (elle n’entend pas correctement, ou plutôt n’arrive pas à déchiffrer le bon message).

Le mot « altitude » suggère aussi cette distance (à comprendre dans le sens de l’altitude physique, ou encore la distance qui sépare les deux êtres dans l’amour, C se considérant inférieur à Roxane).

Dans sn infériorité, C craint un mauvais mot qui provoquerait une blessure morale sur lui, et non physique comme l’a compris R (le verbe « tombez » à la césure marque avec force la violence de la situation. Outre l’aspect plaisant lié au double sens et à la qualité rhétorique du personnage, il y a un véritable jeu de.... »

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