Analyse linéaire Comment le récit de Des Grieux parvient-il à sublimer la mort de Manon ?
Publié le 26/06/2024
Extrait du document
«
Introduction
L'Abbé Prévost, né en 1697 et décédé en 1763 (France)
Ecrivain « Siècle des Lumières
Il était autant romancier, historien, journaliste, traducteur, etc...
Œuvre principale & Manon Lescaut
Fuite dans le désert •Amants épuisés se couchent en se donnant des soins réciproques• Marque l'apogée de leur tendresse.C'est
à ce moment qu'intervient la mort de Manon.
Problématique
Comment le récit de Des Grieux parvient-il à sublimer la mort de Manon ?
Plan linéaire
Nous pouvons découper cet extrait en 3 mouvements articulés autour des ruptures du système énonciatif (changement de
pronoms personnels, de temps verbaux, de lieu...) :
•Dans le premier paragraphe, Des Grieux s'adresse à l'Homme de qualité pour indiquer sa douleur à faire le récit de la mort de
Manon.
•Dans le deuxième paragraphe, Des Grieux raconte l'agonie de Manon dans le désert de Louisiane.
•Dans le troisième paragraphe, Des Grieux s'adresse de nouveau à Renoncour pour annoncer son retrait du monde.
I- Un impossible et douloureux récit
De « Pardonnez si j'achève en peu de mots » à « j'entreprends de l'exprimer.
»
•Le texte s'ouvre sur un impératif à la deuxième personne « Pardonnez»: le Chevalier Des Grieux implore l'indulgence de son
destinataire, l'Homme de qualité.
•Par un effet de mise en abyme, le lecteur a l'impression de devenir également le destinataire de cette imploration pathétique.
•La première phrase, courte, constituée de termes mono ou bi-syllabiques, traduit la difficulté du récit que Des Grieux s'apprête
à conduire : « si j'achève en peu de mots un récit qui me tue ».
•De Grieux utilise deux périphrases pour désigner l'événement funeste qu'il s'apprête à narrer: « un récit qui me tue » et « un
malheur qui n'eut jamais d'exemple ».
•Les propositions relatives « qui me tue » et « qui n'eut jamais d'exemple » sont hyperboliques et placent en lecteur en situation
d'attente.
•Habilement, l'auteur retarde ainsi le récit, et souligne la difficulté de De Grieux à s'exprimer.
•Le champ lexical du récit (« récit / raconte / exprimer») est associé à celui de la tragédie (« malheur/ destinée à le pleurer /
reculer d'horreur»).
Par cette association, de Grieux suggère que les mots occasionnent une douleur encore vive dans le présent.
C'est d'ailleurs ce dont témoigne le présent, notamment le présent à valeur d'habitude qui exprime une douleur sans cesse
renouvelée: « je le porte sans cesse » / « chaque fois que j'entreprends».
Héros endeuillé, préromantique, le Chevalier livre néanmoins le récit attendu dans le 2nd mouvement du texte.
Il - La mort de Manon : un tableau pathétique
De « Nous avions passé tranquillement une partie de la nuit » à « la fin de ses malheurs approchait.»
•Le 2nd mouvement du texte s'ouvre sur le plus-que-parfait « nous avions passé » et nous plonge ainsi dans le passé.
•Le récit se déroule dans le désert de Louisiane où ont fui les amants.
•L'abbé Prévost active ici un motif préromantique de la mort dans la nature, à l'écart de la civilisation corrompue (un motif
littéraire est un thème ou une image qui revient souvent en littérature).
•La mort de Manon est évoquée avec délicatesse et pudeur, dans un tableau touchant où la mort est associée au sommeil: « je
croyais ma chère maîtresse endormie ».
•L'adverbe « tranquillement » (qui se déploie longuement, sur 4 syllabes) ainsi que le modalisateur « croyais» dans « Je croyais
ma chère maîtresse endormie » créent une sorte d'ironie tragique.
En effet, le lecteur connaît déjà l'issue fatale de cette scène
que le chevalier semble ignorer.
•On remarque que Manon n'est jamais nommée.
Elle est idolâtrée par la périphrase « ma chère maîtresse ».
•La posture du chevalier qui retient son souffle amplifie l'ambiguïté entre la mort et le sommeil.
Les allitérations en « m »
(tranquillement/ ma / maîtresse/endormie/moindre/sommeil évoquent les murmures, les paroles retenues, la douceur.
•Les modalités négatives « je n'osais » (négation syntaxique) et « dans la crainte de....
»
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