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Analyse linéaire Colette les vrilles de la vignes

Publié le 24/05/2024

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« Lecture linéaire : Colette, Sido, chapitre 1 (de « Au vrai […] son gibus vide.

» pages 61 et 62 du livre. TEXTE Au vrai, cette Française vécut son enfance dans l’Yonne, son adolescence parmi des peintres, des journalistes, des virtuoses de la musique, en Belgique, où s’étaient fixés ses deux frères aînés, puis elle revint dans l’Yonne et s’y maria, deux fois.

D’où, de qui lui furent remis sa rurale sensibilité, son goût fin de la province ? Je ne saurais le dire.

Je la chante, de mon mieux.

Je célèbre la clarté originelle qui, en elle, refoulait, éteignait souvent les petites lumières péniblement allumées au contact de ce qu’elle nommait « le commun des mortels ».

Je l’ai vue suspendre, dans un cerisier, un épouvantail à effrayer les merles, car l’Ouest, notre voisin, enrhumé et doux, secoué d’éternuements en série, ne manquait pas de déguiser ses cerisiers en vieux chemineaux et coiffait ses groseilliers de gibus poilus.

Peu de jours après, je trouvais ma mère sous l’arbre, passionnément immobile, la tête à la rencontre du ciel d’où elle bannissait les religions humaines… - Chut !… Regarde… Un merle noir, oxydé de vert et de violet, piquait les cerises, buvait le jus, déchiquetait la chair rosée… - - Qu’il est beau !… chuchotait ma mère.

Et tu vois comme il se sert de sa patte ? Et tu vois les mouvements de sa tête et cette arrogance ? Et ce tour de bec pour vider le noyau ? Et remarque bien qu’il n’attrape que les plus mûres… Mais, maman, l’épouvantail… Chut !… L’épouvantail ne le gêne pas… Mais, maman, les cerises !… Ma mère ramena sur la terre ses yeux couleur de pluie : - Les cerises ? Ah ! oui, les cerises… Dans ses yeux passa une sorte de frénésie riante, un universel mépris, un dédain dansant qui me foulait avec tout le reste, allégrement… Ce ne fut qu’un moment, non pas un moment unique.

Maintenant que je la connais mieux, j’interprète ces éclairs de son visage.

Il me semble qu’un besoin d’échapper à tout et à tous, un bond vers le haut, vers une loi écrite par elle seule, pour elle seule, les allumait.

Si je me trompe, laissez-moi errer. Sous le cerisier, elle retomba encore une fois parmi nous, lestée de soucis, d’amour, d’enfants et de mari suspendus, elle redevint bonne, ronde humble devant l’ordinaire de sa vie : - C’est vrai, les cerises… Le merle était déjà parti, gavé, et l’épouvantail hochait au vent son gibus vide. Problématique  En quoi cet extrait est-il une célébration de la mère ?  Comment Colette célèbre-t-elle sa mère dans cet extrait ? Les mouvements du texte :  1er mouvement : la présentation générale de Sido  2ème mouvement : le regard passionné de Sido sur le merle AUTRE PROPOSITION Mouvements du texte    Mouvement 1er : présentation de l'existence de sa mère Mouvement 2 : une célébration de la mère Mouvement 3 : l'anecdote du merle et des cerises comme symboles de "la clarté originelle de la mère" par opposition au "commun des mortels" INTRODUCTION Le livre Sido paraît en 1930 alors que Colette a 57 ans.

Au cours de l’été 1926, elle parcourt les lettres de sa mère, morte depuis quatorze ans et décide de lui consacrer un écrit.

En 1929, elle publie Sido et les Points cardinaux.

Quelques temps plus tard, elle l’enrichit de deux autres parties : « le Capitaine » et « Les sauvages ».

C’est en novembre 1930 que paraît la version que nous connaissons de Sido.

Dans cette oeuvre mais également dans Les Vrilles de la vigne, Colette célèbre le monde, grâce à des genres littéraires divers comme l’autobiographie, le poème en prose, le conte, la nouvelle.

Elle rend compte de sa fascination de la nature, héritée de Sido, de son intérêt pour les êtres aimés : sa mère, son père, ses frères, son mari Willy, son amante Missy, les animaux, … mais aussi de son attrait pour la danse, la musique, le music-hall. Dans cet extrait, Colette, après avoir présenté sa mère, décide de raconter une anecdote : la dégustation de cerises par un merle noir.

A cette occasion, elle va proposer un portrait passionné de Sido. La lecture du texte nous invite à nous demander comment Colette célèbre sa mère. Pour cela, nous nous intéresserons au regard passionné de Sido sur le merle de la ligne 7 à 24 après avoir observé la présentation générale de Sido de la ligne 1 à 6. I/ 1er mouvement : la présentation générale de Sido Des années d’existence de Sido sont condensées en une énumération qui se déploie sur trois lignes et qui ouvre notre extrait : « Au vrai, cette Française vécut son enfance dans l’Yonne, son adolescence parmi des peintres, des journalistes, des virtuoses de la musique, en Belgique, où s’étaient fixés ses deux frères aînés, puis elle revint dans l’Yonne et s’y maria, deux fois.

».

Malgré la brièveté de la présentation, plusieurs éléments nous renseignent sur la personnalité de Sido.

Tout d’abord, nous pouvons noter que Colette évoque sa mère avec une certaine distanciation en utilisant le déterminant démonstratif « cette » comme si elle était une étrangère : « cette Française » (l 1) Dans la suite de l’énumération, nous apprenons que Sido a évolué dans un milieu culturel et artistique belge : « des peintres, des journalistes, des virtuoses de la musique » ce qui a peut-être favorisé son goût pour la nature.

Enfin, nous découvrons qu’elle est revenue, à l’âge adulte, dans son département de naissance : l’Yonne préférant la Bourgogne à la Belgique. C’est l’occasion pour la narratrice de marquer une pause dans le récit et de s’interroger via une interrogation partielle qu’elle adresse à elle-même : « D’où, de qui lui furent remis sa rurale sensibilité, son goût fin de la province ? » et à laquelle elle répond par une négation totale : « Je ne saurais le dire.

» Il y a, ainsi, une forme de mystère qui entoure l’attrait de Sido pour la nature.

Toutefois, le chiasme choisi par Colette : « sa rurale sensibilité », son goûtfin de la province » (l 4) traduit son admiration pour les qualités de sa mère.

Il est vrai que l’amour de Colette pour Sido se fait entendre aux lignes 4 et 5 grâce à deux verbes de parole : « chanter et célébrer » conjugués au présent d’énonciation.

Elle présente, alors, l’écriture, la littérature comme le moyen de célébrer sa mère.

La précision : « Je la chante, de mon mieux » (l 4) indique qu’elle met tout en oeuvre pour lui rendre hommage le plus justement possible.

La tâche n’est pas facile lorsque l’on considère le caractère exceptionnel de Sido.

Effectivement, elle apparaît comme un être extraordinaire presque divin, si on considère le groupe nominal : « la clarté originelle » (l 5) Elle semble presque entourée d’un halo de lumière.... »

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