1. La difficile reconstruction en France. PPO1 Les motivations de la Résistance sont multiples : la libération du territoire ; le renversement du régime de Vichy ; la restauration de la République, de la démocratie, de l’honneur et de la dignité de la France. La refondation politique républicaine est présente dans le programme du CNR qui propose la mise en place d’un gouvernement républicain se substituant à Vichy, quand celui-ci se sera effondré : le futur GPRF. Ces objectifs se traduisent par l’adoption, en octobre 1946, de la Constitution de la IVe République par référendum au SUD. C’est un régime parlementaire qui rétablit l’ensemble des libertés individuelles et collectives. Les femmes acquièrent le droit de vote en 1944. Le programme du CNR prévoit de châtier les « traîtres », c’est-à-dire les collaborateurs et les fonctionnaires trop proches de Vichy : c’est l’épuration. Dès la Libération, elle est improvisée et dérape en règlements de compte et exécutions arbitraires : c’est l’épuration sauvage (10 000 exécutions sommaires, 20 000 femmes tondues). Elle est reprise en main par la justice dès novembre 1944 : c’est l’épuration légale. L’épuration reste limitée (125 000 procès) afin de permettre la reconstruction du pays. D’autant que la collaboration n’est, de toute façon, que le fait d’une minorité. Des lois d’amnistie sont votées dès 1946 et 1947 pour les délits secondaires au cours de l’occupation. La refondation républicaine est aussi envisagée aux plans économique et social. Les secteurs clés de l’économie française, nécessaires à la reconstruction du pays dans l’après-guerre, sont nationalisés (transfert de propriété à l’Etat) : énergie, assurances, banques… D’autre part, de nouveaux droits sociaux sont attribués aux Français : la Sécurité sociale est notamment créée afin d’assurer la protection sociale (mécanismes financiers qui permettent aux individus de faire face aux risques économiques) : retraite généralisée, remboursement des frais médicaux, allocations familiales… Ces mesures économiques et sociales sont impulsées par les communistes et les socialistes du GPRF. La reconstruction est lente : il faut reconstruire les usines, remettre les champs en état. Les tickets de rationnement continuent d’être utilisés jusqu’ à la fin des années 40. 2. Un lourd bilan humain et économique prouvant la volonté d’anéantissement. La 2nd GM a tué, dans le monde entier, environ 60 millions de personnes, dont environ 40 millions de civils (65%) et 20 millions de soldats. Au nombre des victimes directes du conflit, il faut ajouter celui des pertes indirectes provoquées par l’augmentation de la mortalité (sous-alimentation, épidémies) et par le déficit des naissances. Des déplacements de populations touchent à peu près 30 millions de personnes, pendant (déportés, travailleurs du STO…) et après la guerre. C’est la première fois de l’histoire de l’humanité qu’une guerre fait plus de morts chez les civils que chez les soldats. Les civils sont devenus des cibles militaires et la violence de guerre ne fait plus la distinction entre civils et militaires. Les civils sont affectés par plusieurs formes de violence. Ils subissent les bombardements dans les villes (à Dresde, le bombardement anglo-américain de février 1945 fait 35000 morts); des représailles sous la forme d’exécutions (comme à Oradour-sur-Glane, où 642 personnes sont abattues puis brûlées par la division SS Das Reich le 10 juin 1944 en réaction à des actions de la résistance limousine) ; des privations alimentaires (à Leningrad, la moitié des habitant meurt de faim). Les esprits et les corps sont traumatisés par la découverte des camps et des génocides ou par l’utilisation de la bombe atomique. Au Japon, les Américains imposent un silence total autour des conséquences de la radioactivité, notamment avec le développement des cancers et des leucémies chez les survivants. En Allemagne, des millions d’avortements clandestins sont réalisées, à la suite des viols commis par les soldats durant les combats. Les dommages de guerre s’élèvent à 2 000 milliards de dollars. Le potentiel industriel de l’Europe s’est effondré de 50% par rapport à 1939. La production agricole a diminué de 30%. Les dépenses militaires s’élèvent à 1 100 milliards de dollars. Le financement a été assuré par le recours à l’emprunt et aux impôts, ce qui a pour conséquences la hausse des prix, la dépréciation de nombreuses monnaies et l’accroissement de la dette publique. Les économies sont donc ruinées, sauf celle des Etats-Unis. II)Les bases d’un nouvel ordre international. Séance 2 : Etude de docs Création ONU p 146-147 + Le Japon à l’heure américaine p 148- 149+ Procès de Nüremberg p 138-139 Objectifs: -comprendre les buts de ces procès et leurs limites Compétences : – identifier les contraintes et les ressources d’un événement -mettre en relation des faits ou événements de localisations différentes Trace écrite : réponse aux questions et CM 1. Les grandes conférences de préparation de l’après-guerre A Yalta, en février 1945, puis à Potsdam, en août 1945, se concrétise la division de l’Allemagne en 4 zones. Churchill décrit alors à Fulton, en 1946, ce qui paraît évident pour certains : la mise en place d’un « rideau de fer » entre 2 mondes. Dès la fin de la guerre s’est en effet dessiné un monde divisé en 2 blocs que tout sépare, politique, économie, modes de vie, idéologie. C’est à travers deux conférences que les EU s’affirment en leader du monde post 2nd GM. La conférence de Bretton Woods, en juillet 1944, confirme la domination économique des EU : FMI et Banque Mondiale sont installés à Washington, le dollar devient la monnaie des échanges internationaux et étalon or. La présence de john Maynard Keynes et de William Beveridge consacrent la domination d’un modèle économique, le keynésianisme, où l’Etat intervient dans l’économie, notamment par son rôle d’Etat-Providence. Lors de la conférence de San Francisco en 1945, les Alliés fondent l’ONU pour remplacer la SDN défaillante. Dans le contexte de l’après-guerre, c’est l’espoir, pour les 49 pays fondateurs, d’une ère nouvelle basée sur les valeurs de démocratie et de respect des droits de l’Homme. Pour cela l’ONU adopte dès juin 1945 une Charte qui fixe les missions de l’organisation. En 1948, cette Charte est complétée par l’adoption de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, inspirée de la DDHC française. 2. Reconstruction et procès au Japon et en Allemagne Le procès de Nuremberg se tient de novembre 1945 à octobre 46 dans la ville de Nuremberg, lieu de tenue des congrès nazis, dont l’université a fourni les idéologues du régime et lieu de proclamation des lois antisémites de 1935, dites « lois de Nuremberg ». Il s’agit d’un tribunal pénal international composé de quatre juges représentant les quatre vainqueurs. Les accusés sont tous défendus par des avocats de leur choix, des journalistes assistent aux débats et le procès est intégralement filmé. Trois chefs d’inculpation sont retenus : « crime contre la paix » (direction, préparation, déclenchement ou poursuite d’une guerre en violation des traités) ; « crimes de guerre » (violations des lois et coutumes de guerre) et « crime contre l’humanité » (assassinat, extermination, réduction en esclavage, déportation ou tout acte inhumain commis contre toute population civile ou bien persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux). Ce dernier est imprescriptible et a été spécialement défini dans l’optique du procès de Nuremberg. Parmi les 22 accusés, 12 sont condamnés à mort ; 7 sont condamnés à des peines de prison et 3 sont acquittés. Six organisations sont également jugées : la SS, le parti nazi et la Gestapo (qui sont reconnus coupables) et la SA, le cabinet du Reich et l’Etat major des forces armées allemandes (qui sont acquittés). Douze autres procès sont organisés dans la zone d’occupation américaine, toujours à Nuremberg, entre 1945 et 1948. Ces « procès successeurs » ont jugé des responsables secondaires de crimes contre la paix, de guerre et contre l’humanité. Ont par exemple été jugés les médecins des camps, des membres des Einsatzgruppen ou des industriels (tels que les dirigeants du groupe chimique IG Farben ou du groupe sidérurgique Krupp). Les verdicts sont souvent plus cléments (l’essentiel des peines prononcées sont des peines de prison). Au final, on ne juge que des individus et des organisations symboliques du Reich et non pas tous les supposés coupables. Sur le million de dossiers examinés en zone américaine, 24 000 personnes sont jugées (les autres sont limogés, acquittés ou voient la procédure à leur encontre suspendue). Le choix de cette justice limitée et symbolique s’explique par plusieurs facteurs. Il aurait été matériellement impossible, trop long et trop coûteux de poursuivre en justice tous les présumés coupables de crimes. Les anciens nazis sont très nombreux dans l’Allemagne de 1945 (le parti nazi compte 8 millions de membres pour une population de 68 millions d’habitants). Juger tous ces gens serait revenu à se priver d’une grande partie de la population nécessaire à la reconstruction du pays et aurait limité le processus de reconstruction nationale. Avec le début de la Guerre froide, la dénazification n’est plus la priorité : il s’agit de lutter contre le camp ennemi et d’assurer la reconstruction politique et économique des zones (puis des Etats : la RFA et la RDA). En RFA, Adenauer fait voter deux lois, en 1949 et en 1954, permettant de condamner les anciens criminels nazis à trois ans de prison maximum. Enfin, certaines personnalités ont même échappé à l’épuration, soit parce qu’ils se sont enfui (vers l’Amérique latine, comme K-A Eichmann), soit parce qu’ils ont été récupérés par les Alliés du fait de leurs compétences : Klaus Barbie est employé par les Américains entre 47 et 51 pour ses « talents » dans la traque des communistes en France et en Allemagne. 3. De nouvelles frontières Séance 3 : Etude de docs Création Etat d’Israël PPO3 p 154-155+ Coup de Prague PPO2 p 152-153 Objectifs : -comprendre les débuts de la GF -les conséquences internationales de la construction des blocs Compétences : -savoir lire, comprendre et critiquer une carte, un croquis, un document iconographique… -construire et vérifier des hypothèses sur une situation historique Trace écrite : réponse aux questions et CM Le mouvement sioniste (idéologie fondée en 1896 par le juif austro-hongrois Theodor Herzl, visant à regrouper tous les juifs au sein d’un même État) incite les juifs européens à fuir l’antisémitisme pour s’établir en Palestine (qui correspond à la « Terre Promise ») dès le début du XXe siècle. Juifs et Arabes vivent ensemble, dans un contexte de montée des tensions, devant la rapide augmentation du nombre de juifs émigrés et qui, en plus, achètent des terres grâce au soutien financier important de grandes familles comme les Rothschild. La révélation du génocide juif amène l’ONU à voter un plan de partage de la Palestine entre juifs et Arabes en novembre 1947. Ce partage est rejeté par juifs et Arabes. Il déclenche une guerre civile qui aboutit à la création unilatérale de l’Etat d’Israël en mai 1948. Durant cette guerre civile, de nombreux Arabes de Palestine fuient ou sont expulsés vers les Etats arabes voisins : c’est l’Exode palestinien de 1948 (« Nakba ») qui touche près d’un million de personnes qui se réfugient dans les pays arabes voisins. En mai 1948, les États arabes attaquent Israël et sont défaits. Israël agrandit son territoire par rapport à celui attribué par l’ONU en Aucun État palestinien ne voit le jour. Israël a assuré son indépendance par la guerre. En Europe, l’URSS annexe 700 000 km2 de territoires, la Pologne est recréée et annexe des territoires allemands avec l’accord unilatéral de l’URSS. L’Allemagne est coupée en deux pays : RFA et RDA En Asie, la Chine récupère la Mandchourie et Formose aux Japonais, tandis qu’émerge à nouveau la Corée. Ces deux pays sombrent immédiatement dans la guerre civile entre communistes et non-communistes. Les Etats colonisateurs sont fragilisés par la guerre. De nombreux conflits pour l’indépendance éclatent et aboutissent : éclatement de l’Empire des Indes en 1947 ; guerre d’Indochine entre 1946 et 1954 ; indépendance de l’Indonésie en 1945… III) Les débuts de la GF : du « rideau de fer » à l’opposition frontale 1. Les crises de Berlin (1947-1961) Après la 2e GM, l’Allemagne est divisée en quatre zones d’occupation, chacune attribuée à une des vainqueurs de l’Allemagne nazie. Berlin est aussi découpée et occupée de la même façon. Les secteurs occidentaux de Berlin sont noyés en pleine zone soviétique : il n’y a pas de continuité territoriale entre les zones occidentales allemandes et celles de Berlin. Staline instaure un blocus de Berlin entre juin 1948 à mai 1949 pour récupérer la ville. L’Armée rouge entoure les secteurs occidentaux de Berlin et coupe les routes menant à ceux-ci. Il s’agit en quelque sorte de prendre en otage la population civile des secteurs occidentaux de Berlin et d’empêcher son ravitaillement. Mais les occidentaux mettent en place un pont aérien (ravitaillement par avion) pour « assurer le ravitaillement ». Ce pont aérien fait échouer le blocus soviétique et Staline décide de le lever en mai 1949, n’ayant pas réussi à empêcher la fusion des zones occidentales. Dès lors, l’Allemagne se scinde alors en deux Etats distincts : la RFA à l’Ouest qui intègre le bloc américain et la RDA à l’Est qui intègre le bloc soviétique. Une deuxième crise grave éclate en 1961 avec la construction du mur de Berlin. Ce mur a été mis en place dans la nuit du 12 au 13 août, d’abord de façon provisoire avec des barbelés et des blocs de bétons dans les rues avant d’être construit en dur. Mesurant 155 km de long sur 5 mètres de haut, il entoure totalement Berlin- Ouest et a été élevé à l’initiative de la RDA, avec le soutien de l’URSS. D’ailleurs, 1200 soldats est-allemands surveillent le mur et empêchent qu’il ne soit franchi (136 personnes sont « officiellement » tuées entre 1961 et 1989 en tentant de le franchir). Ce mur est le symbole de la division de Berlin, de l’Allemagne et du monde pendant la Guerre froide. Deux raisons expliquent la construction du mur : d’abord, une partie de la population de Berlin-Est fuyait vers Berlin-Ouest, pour y trouver des conditions de vie meilleure, une vie plus libre qu’à l’Est. D’autre part, la construction de ce mur est facilitée par la configuration territoriale de Berlin, au beau milieu du territoire de la RDA. Il est donc facile pour les autorités est-allemandes d’élever ce mur qui entoure la partie occidentale de Berlin. Les Occidentaux n’ont ni eu le temps, ni les moyens de s’y opposer.