LL108 / LL 4 : Discours prononcé à la Société fraternelle des minimes, le 25 mars 1792, par Mademoiselle Théroigne, en présentant un drapeau aux citoyennes du Faubourg Saint-Antoine
Publié le 27/02/2023
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108 / LL 4 : Discours prononcé à la Société fraternelle des minimes, le 25 mars 1792, par Mademoiselle
Théroigne, en présentant un drapeau aux citoyennes du Faubourg Saint-Antoine
Militante active lors de la Révolution, Théroigne de Méricourt a participé à la prise de la Bastille puis à la
marche des femmes à Versailles en octobre 1789.
Assidue aux débats à l’Assemblée, elle réclame en 1792 la
création d’une « phalange d’Amazones », sorte de garde nationale féminine, pour défendre la patrie menacée
par les puissances européennes.
[…] Françaises, je vous le répète encore, élevons-nous à la hauteur de nos destinées, brisons nos fers.
Il est temps
enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité où l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des hommes les tiennent asservies
depuis si longtemps ; replaçons-nous au temps où nos mères, les Gauloises et les fières Germaines[1], délibéraient dans les
assemblées publiques, combattaient à côté de leurs époux pour repousser les ennemis de la liberté.
Françaises, le même sang
coule toujours dans nos veines ; ce que nous avons fait à Beauvais, à Versailles, les 5 et 6 octobre, et dans plusieurs autres
circonstances importantes et décisives, prouve que nous ne sommes pas étrangères aux sentiments magnanimes [2].
Reprenons donc notre énergie ; car si nous voulons conserver notre liberté, il faut que nous nous préparions à faire les choses
les plus sublimes.
Dans le moment actuel, à cause de la corruption des mœurs, elles nous paraitront extraordinaires, peut-être
même impossibles ; mais bientôt par l’effet des progrès de l’esprit public et des lumières, elles ne seront plus pour nous que
simples et faciles.
Citoyennes, pourquoi n’entrerions-nous pas en concurrence avec les hommes ? Prétendent-ils seuls avoir des droits
à la gloire ? Non, non…Et nous aussi nous voulons mériter une couronne civique[3], et briguer[4] l’honneur de mourir pour
une liberté qui nous est peut-être plus chère qu’à eux, puisque les efforts du despotisme s’appesantissaient encore plus
durement sur nos têtes que sur les leurs.
Oui… généreuses citoyennes, vous toutes qui m’entendez, armons-nous, allons nous exercer deux ou trois fois par
semaine aux Champs-Élysées, ou au Champ de la Fédération[5] ; ouvrons une liste d’Amazones françaises ; et que toutes
celles qui aiment véritablement leur patrie, viennent s’y inscrire ; nous nous réunirons ensuite pour nous concerter sur les
moyens d’organiser un bataillon (...).
En finissant, qu’il me soit permis d’offrir un étendard tricolore aux Citoyennes du Faubourg
Saint-Antoine.
Extrait (fin du discours), orthographe et ponctuation modernisées.
[1]
[2]
[3]
[4]
[5]
Les Francs, issus de tribus germaniques, ont envahi la Gaule au IIIe siècle après JC.
Qui manifestent une grandeur et une générosité d’âme.
Haute distinction militaire dans l’Antiquité romaine.
Rechercher avec ardeur.
Deux grandes artères parisiennes, hauts lieux de rassemblements révolutionnaires.
L’argumentation est peu rigoureuse car, on voit peu de connecteurs logiques.
Elle est aussi directe et explicite car, c’est un discours et
dans un discours, on essaye d'être le plus réaliste et droit.
De plus, c’est une critique de la lâcheté des femmes.
On peut constater énormément de verbes à l'impératif
Contexte historique : les femmes dans la Révolution : vidéo de 2min48
https://www.youtube.com/watch?v=-m2Fu0QJ0sY&t=160s
Extraits de Secrets d’Histoire :
https://www.youtube.com/watch?v=WzB3Nz7VIks
https://www.youtube.com/watch?v=1kayZ3xyg4s
-
Vie de Théroigne sur Le Livre scolaire : vidéo de 18min49
-
https://www.lelivrescolaire.fr/page/34237698?goTo=fdxBmraZcaTWjHMrG55uv
Emission de radio : Au Cœur de l’histoire : https://www.youtube.com/watch?v=2mgxWzRPHRM
Anne-Josèphe Théroigne de Méricourt (1762-1817)
Théroigne = nom de son père / de Méricourt = nom ajouté par la presse royaliste
Elle perd sa mère jeune, placée chez sa tante, fugues.
Vachère à 14 ans.
Servante dans une maison
bourgeoise.
Surnommée « la belle Liégeoise ».
A 17 ans remarquée par Mme Colbert, anglaise du monde, qui
l’éduque et la pousse vers la musique et le chant.
Elle est sa dame de compagnie.
Comme Anne a une jolie
voix, elle pense à devenir chanteuse.
Un jeune lord devient son amant, Mme Colbert essaie de s’interposer,
Anne s’enfuit.
Puis elle devient courtisane, vole la fortune d’un marquis et dépense son magot avec un
chanteur italien à Naples où elle apprend la nouvelle de la convocation des états généraux en France.
Elle
veut en être, elle admiratrice des Lumières.
Elle est à Paris dès le 11 mai 1789.
Elle s’installe à Versailles pour
mieux suivre les débats.
Elle est aux premières loges pour les journées d’octobre où la foule parisienne va
jusqu’à Versailles pour interpeller l’assemblée nationale puis ramener la famille royale à Paris.
L’étrangeté de
sa toilette et son air décidé provoquent l’attrait des foules.
Gilbert Rome fonde avec elle le Club des amis de la
loi mais cela ne dure que 2 mois.
Tous les révolutionnaires sont singulièrement machistes, ce sont des
bourgeois qui ont une idée très restrictive des droits de la femme.
Elle décide de rentrer chez elle à Liège mais dans la nuit du 15 février 1791, elle est enlevée et envoyée au
Tyrol dans une forteresse, écrouée sous le nom de Mme de Théobalde, elle est interrogée.
On l’accuse de
complot contre la principauté de Liège.
Elle ne veut apparaître que comme une porte-parole de la condition
des femmes.
Les Autrichiens la transfèrent à Vienne après 9 mois de détention.
Elle rencontre alors
l’empereur Léopold.
Le 26 janvier 1792 elle entre au Club des jacobins.
A l’assemblée le lendemain on lui propose de prendre la
parole à la tribune en tant que martyre de la constitution.
Anne est alors très motivée et veut créer une troupe.
Belles paroles qui agacent ses contemporains.
Sa réunion sur le faubourg St Antoine est considérée comme
une réunion de prostituées.
Le 10 août 1792 elle est aux premiers rangs des émeutiers et se distingue par son courage.
Le 15 mai 1793, elle se présente à l’entrée de la Convention, elle se trouve face aux tricoteuses qui lui
infligent une fessée en public.
Marat intervient pour faire cesser la farce.
Son frère la sauve de la Terreur en disant qu’elle a basculé dans la folie.
Elle devient folle et sera internée à la
Salpêtrière, victime des femmes, pendant 17 ans.
LL4: discours prononcé à la société fraternelle des minimes, par
Mademoiselle Théroigne
Projet de lecture: Mon projet de lecture sera de montrer comment cet extrait de discours polémique
incite les femmes à se révolter et à rejoindre Théroigne de Méricourt dans son combat.
Mouvement 1 (1er paragraphe):
Théroigne de méricourt rappelle aux françaises le passé
de leurs ancêtres gauloises et germaines et les incite à se réapproprier leur fierté perdue.
“[…] Françaises, je vous le répète encore”
une apostrophe qui interpelle l'ensemble de la communauté féminine française, c’est également un appel
patriotique.
Récurrence, elle a déjà donné ce discours et elle le répète.
TDM est une meneuse.
“élevons-nous à la hauteur de nos destinées, brisons nos fers.
“
Incitation à l’action, l’injonction à l’impératif; verbe élever = la femme doit sortir de sa coquille, elle doit quitter son
quotidien qui al rabaisse et s’engager à la hauteur de ses compétences.
Elle s'inclut à la première personne (élevons, brisons)
“brisons nos fers” métaphore qui sous entend que la femme est esclave/emprisonnée et elle doit
s’échapper/briser ses chaines
“Il est temps enfin que les femmes sortent de leur honteuse nullité où l’ignorance, l’orgueil et l’injustice des
hommes les tiennent asservies depuis si longtemps”
Cette première partie accuse les hommes de misogynie; dans la société du XVIIIè siècle, la femme avait
l’impression d’etre inutile dans la sociéte.
“honteuse nullité" = hyperbole
La cause de la "nullité" des femmes est l’orgueil , l'ignorance et l’injustice des hommes, elle dénonce la société
patriarcale
“replaçons-nous au temps où nos mères, les Gauloises et les fières Germaines, délibéraient dans les
assemblées publiques, combattaient à côté de leurs époux pour repousser les ennemis de la liberté.”
Elle s’inclut encore à la première personne (replaçons-nous)
Elle utilise un argument historique, analogique et d’autorité en faisant appel à l’histoire et aux françaises qui ont
déjà combattu et trouvé leur courage.
les germaines et les gauloises délibéraient et....
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