Les aspirations démocratiques échouées de la Russie
Publié le 18/12/2023
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Les aspirations démocratiques
échouées de la Russie
( La Russie de Poutine)
Problématique: Comment l'échec de la transition démocratique russe permet-elle la montée
et l’installation de l’autoritarisme en Russie ?
Introduction :
Le 9 novembre 1989 le mur de Berlin s’effondre.
Cet événement majeur marque le
début du délitement de l’URSS, deuxième puissance mondiale en 1989 et modèle de société
communiste.
La chute de cette dictature laisse place à une transition démocratique, initiée
par Gorbatchev et poursuivie par Boris Eltsine.
Le pays traverse une grave crise économique
due au programme économique et politique de Michael Gorbatchev, la Glasnost, et la
Perestroïka, en effet le PIB chute de moitié entre 1991 et 1998.
La mafia et la corruption
gangrènent toutes les sphères de l’Etat dans les années 1990 avec une misère qui réapparaît
et qui traumatise le peuple russe jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000.
De plus, le pays subit une crise identitaire, à cause de la fin du modèle de la superpuissance.
La politique de Poutine permet un retour à l’ordre en Russie, il mise sur une stratégie de
centralisation du pouvoir, pouvoir vertical, il remet au pas la hiérarchie administrative.
Il est donc possible de voir comment l'échec de la transition démocratique russe permet-elle
la montée de l’autoritarisme en Russie ?
Gorbatchev tente une transition démocratique balayée par la démocrature de Vladimir
Poutine qui ira jusqu’à mettre en place un régime totalitaire particulier.
I.
L'échec de la démocratie vouée à disparaître lancée par Gorbatchev et reprise par Eltsine
A.
L’instauration d’une démocratie fragile à la chute de l’URSS
La Russie, plus grand pays de la planète, abritait une population d'environ 148
millions de personnes dans les années 90.
Une vaste population peut sembler un atout, mais
l'Union soviétique reposait sur le principe du "droit au travail", obligeant l'État à fournir un
emploi à tous les citoyens et ce indépendamment de leurs qualifications.
Cette mesure
inscrite dans la constitution soviétique a souvent abouti à la nomination d’individus
incompétents à des postes importants ce qui à nuit à l’URSS mais bien plus à la russie qui
peinera à se constituer une économie et une administration compétente, car les emplois
étaient attribués en fonction de la nécessité de fournir un emploi plutôt que de la
compétence des individus.
La Russie manque donc d’une élite capable de redresser le pays
rapidement.
La transition économique rapide des années 1990 a laissé de nombreux
citoyens russes sans emploi et sans filet de sécurité économique.
Leurs salaires stagnent, les
conditions de vie se détériorent.
La situation se détériore à tel point que la population
moscovite, soit la capitale de la seconde puissance mondiale de l’époque, reçoit de l’aide
humanitaire de la part des pays Européens durant les derniers jours de l’URSS, notamment
la Suisse pour réduire les dettes soviétiques1.
Ces problèmes économiques ont eu un impact
significatif sur la perception et l’appréciation de la pseudo démocratie amorcée par
Gorbatchev pour le peuple russe.
Ils la percoivent comme incapable de répondre à leurs
besoins fondamentaux, ce qui est un des facteurs de la chute de Gorbatchev et de l’URSS
avec lui.
L'arrivée de Boris Eltsine au pouvoir est donc un tournant majeur dans l'histoire de
la Russie post-soviétique.
Le 12 juin 1991, il devient le premier président de la Russie,
marquant le début d'une ère de réformes économiques et politiques, mais aussi de défis
considérables.
B.
L'instauration d'une démocratie corrompue
Sous le mandat houleux de Boris Eltsine, la Russie est confrontée à une corruption
généralisée qui touche un grand nombre des secteurs de son parti.
Les fonctionnaires, y
compris certains membres du gouvernement, étaient souvent impliqués dans des actes de
corruption, sapant ainsi la confiance du public dans le système politique.
L’impopularité du
président Boris Eltsine en parallèle de sa bonne réputation en Occident sont globalement
dus à sa politique de renouement de liens avec les États-Unis au sortir de la Guerre Froide,
mais surtout à son incapacité à apporter des solutions viables aux problèmes économiques
conséquents auxquels l’ex URSS est confrontée.
Malgré les avancées démocratiques telles
que des élections libres et une presse journalistique plus développée permise par une
liberté d’expression accrue , la corruption reste omniprésente dans le gouvernement de
cette nouvelle Russie.
Boris Eltsine lui-même est un personnage complexe, reconnu pour ses réformes audacieuses
et son engagement en faveur de la démocratie,était également critiqué pour les excès de
corruption et d'affairisme de son entourage.
L’affaire Mabetex2, du nom de la firme suisse
1
2
Quand Berne aidait Moscou, Relations internationales 2011/3 (n° 147), pages 97 à 107
L’affaire Mabetex, Le Temps, 03 Juin 2000, Fati Mansour
qui aurait versé des pots-de-vin à certains proches du président, en est un exemple
pertinent.
Sa présidence a été marquée par des contradictions, reflétant les défis de la
transition démocratique en Russie.
La période d'Eltsine est un exemple de l'ambivalence de
la démocratie russe, comprenant à la fois des avancées significatives en matière de liberté
politique et d'élections démocratiques, mais aussi une corruption persistante qui a eu un
impact durable sur la Russie et ouvert la voie à des développements ultérieurs dans la
politique du pays.
C.
La chute de Boris Eltsine et le retour du totalitarisme
Malgré un premier mandat controversé, Boris Eltsine déjoue néanmoins les
pronostics et remporte le second tour avec 53,8 % des votes3 contre le communiste
Guennadi Ziouganov, malgré d'importantes accusations de fraude.
Ce deuxième mandat
peut être un exemple des méfiances du peuple russe envers le communisme dans le
contexte de l’ex URSS.
En effet, l’impopularité d’Eltsine provoquée en autres par son échec
de réforme économique ainsi que son alcoolisme flagrant qui ne fera que s’aggraver n’a pas
empêché sa réélection peut-être frauduleuse face à un communiste, témoignant de la
volonté du peuple de changement voire d’une ouverture démocratique.
C'est donc un projet
de société plutôt qu'une personne pour les gouverner qui a ici été choisi.
Les russes cherchent cependant un nouveau souffle après le premier mandat désastreux
d’Eltsine, présageant un nouveau basculement extrême en cas de second échec de son
gouvernement.
Sans réelle surprise, ce deuxième mandat se conclut en laissant la Russie aux prises avec une
crise économique majeure, caractérisée par une dévaluation du rouble et une inflation
élevée.
Les problèmes économiques et la corruption renouvelée sapent définitivement la
confiance du public envers Eltsine et son gouvernement.
En réponse à cette crise, le
leadership russe a besoin d’un dirigeant déterminé et plus compétent, prenant des mesures
décisives pour stabiliser l'économie et restaurer la confiance en la nouvelle Russie.
L'avènement du secrétaire général du FSB Vladimir Poutine, fondateur du parti de la Russie
Unie sur la scène politique répond donc aux attentes de stabilité et d'autocratie du peuple
russe.
Son élection le 26 mars 2000 et sa présidence marquent un changement d'orientation
politique en Russie.
On voit donc comment la tentative d’installer une démocratie en Russie
s’amorce avec les politiques de glasnost et de perestroïka mais vient se heurter à une
3
Perspective Monde, Equipe de rédaction, 7 Juillet 1996
corruption et à une administration incompétente incapable de redresser la situation
économique et sécuritaire catastrophique du pays qui favorisera l’arrivée au pouvoir de
Vladimir Poutine.
II.
Vladimir Poutine, l’avènement d’une démocrature
A.
La réaffirmation de l’état russe
Vladimir Poutine accède à la présidence de la Russie le 26 mars 2000 dès le premier
tour de l'élection présidentielle anticipée avec 52,94 % des suffrages contre 29,21 % pour
Guennadi Ziouganov, représentant du parti communiste .
Déjà à cette époque des
investigations sur sa campagne électorale paru dans le Moscow Times, mettent en évidence
des actes de fraude électorale tels que bourrages d'urnes ou vote de personnes décédées.
Il
accède au pouvoir dans un contexte de crise économique impliquant une chute du niveau
de vie, la gouvernance est perçue comme instable et corrompu, de plus la guerre de
tchétchénie, un conflit armé d’une violence incroyable en cours dans une république
frontalière à population majoritairement musulmane, et une société gangrénée par le crime
organisé nourrit un fort sentiment d' insécurité chez la population.
Poutine promet de
rétablir un état russe fort , et met en avant la lutte contre le crime organisé et la corruption
afin de rétablir l’ordre et la sécurité ainsi que le rétablissement de la stabilité économique.
De surcroît sa stratégie de surcroît se base également sur l’ objectif de restaurer la grandeur
historique russie, alors dans tous les esprits, réaffirmant l'influence de la Russie sur la scène
internationale.
Au fur et à mesure de son exercice, Poutine utilise ces objectif fondamentaux
pour la russie afin de justifier l'achèvement de transition démocratie vers une démocrature,
définit par un régime politique qui, tout en respectant les règles formelles de la démocratie
notamment en matière d’élections, restreint les libertés publiques ou individuelles comme le
fait une dictature, entamé par son prédécesseur.
Dans Courrier international La méthode
Poutine sont illustrés les changements subtils opérés par la maître du Kremlin depuis les
années 2000, dans un plan très précis pour dissoudre les réformes démocratiques de
Gorbatchev afin d’instaurer une autocratie permettant le....
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