Le Corridor méditerranéen en Espagne
Publié le 12/05/2024
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Le Corridor méditerranéen en Espagne :
projet d’aménagement, serpent de mer
politique
I : présentation de l’article
Cet article, écrit par Eloïse Libourel, a été publié sur géoconfluences le 12
Janvier 2019.
Il discute le projet européen de corridor ferroviaire en
Espagne et ses différents acteurs pour voir le fonctionnement de l’état
central, des acteurs et de l’Union Européenne dans cette perspective.
II : présentation de l’auteur
Eloise Libourel est agrégée et docteure en géographie et aménagement.
Elle est professeure en classe préparatoire au lycée Marcelin Berthelot à
Saint-Maur-des Fossés et elle est chercheuse associé au laboratoire ville
mobilité transport.
III : résumé de l’article
Cet article examine le jeu des différents acteurs dans le projet du corridor
ferroviaire méditerranéens en Espagne tel que l’état central qui souhaite
un renforcement de Madrid, les acteurs locaux qui le défendent pour de
nombreuses raisons et l’Union Européenne qui souhaite des renforcements
des liens entre les états par ce projet ferroviaire.
https://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiersregionaux/territoires-europeens-regions-etats-union/rte-t/corridormediterraneen-espagne-serpent-de-mer
IV : grandes idées
Le projet ferroviaire est un projet de longue date qui lie un projet des
années 1920 en Espagne et le projet de réseaux transeuropéens de
transport datant des années 1990.
La réalisation du projet est incertaine
et devient donc un levier de négociation d’aménagement plus qu’un
véritable projet.
Il s’inscrit dans un contexte territorial multiple.
Il est
pérenne par son inscription dans le temps long de la construction et de
l’aménagement du territoire espagnol, mais changeant dans la temporalité
politique de la planification et de ses phases successives.
Enfin, il est
multiscalaire par son inscription dans le jeu institutionnel et ses impacts
territoriaux.
Partie 1 : Un projet multiscalaire, des projets pluriels
L’originalité du Corridor méditerranéen réside dans le fait que sa
dénomination recouvre en réalité plusieurs projets, successifs ou
concomitants, dont la réalisation est pour le moins incertaine, mais qui
servent de point de départ pour orienter l’aménagement des territoires à
différentes échelles.
Les projets actuels – qui émanent des instances aussi
bien européennes que nationales ou régionales, ainsi que du secteur privé
– reposent sur un palimpseste de références infrastructurelles,
territoriales, culturelles et historiques.
En 1920 débutent les revendications pour un axe de transport ferroviaire
pour relier les régions espagnoles aux grandes régions européennes.
Il
s’agit à ce moment-là de garantir aux oranges des régions de Valence et
de Murcie un accès au marché européen plus efficace et moins coûteux
qu’il ne l’était par la route.
Le secteur industriel suit ensuite dans sa
demande puis le secteur touristique pour pouvoir développer le passage
de touristes venant de France et allant en Afrique du Nord par l’Espagne.
Dès le départ, le projet d’infrastructures devient le support d’un débat
politique et territorial qui traverse le XXe siècle, et qui s’adosse à l’histoire
du développement des réseaux de chemin de fer en Espagne.
Du milieu des années 1940 au début des années 1980, le réseau
ferroviaire espagnol souffre d’une contraction importante et d’un manque
d’entretien des voies.
Le projet de Corridor méditerranéen, mis en
sommeil durant près d’un demi-siècle, réapparaît à la faveur d’un regain
d’intérêt pour le chemin de fer dans une double dimension : l’intégration
européenne de l’Espagne, qui s’accompagne de financement alloué aux
infrastructures, d’une part, et le choix de développement d’un réseau de
lignes à grande vitesse fait par le gouvernement espagnol en 1987 d’autre
part.
Les autoroutes sont privilégiées, notamment autour de Madrid par rapport
au réseau ferroviaire qui se trouvent délaissés.
Le Corridor méditerranéen défini par la Commission européenne souffre
d’un manque d’unité puisqu’il est, par construction, composé de plusieurs
projets portés par différents pays.
Les corridors sont censés jouer un rôle
de ciment en permettant une meilleure coordination par des financements
européens (jusqu’à 40 % de leur coût) et par l’intégration aux réseaux
préexistants, d’où l’insistance sur la multimodalité plus que sur la
continuité des infrastructures.
En 2012 est accepté un plan qui reste mou et malléable sur le corridor
européen et ne cherche pas à fortement l’imposer.
Partie 2 : des logiques d’acteurs et des formes de territorialisation
diverses.
Le rôle du développement revient au gouvernement central mais ce sont
surtout les communautés autonomes espagnoles, qui sont celles qui
profitent le plus du projet, sont aussi celles qui ont fait le plus d’effort de
lobbying auprès du gouvernement espagnol, ce qui fait que l’UE, au centre
du projet, se retrouve avec un rôle d’intermédiaire entre les communautés
et l’état.
Par ailleurs, des acteurs non-institutionnels interviennent
également.
L’ensemble des acteurs concernés peuvent être classés en
fonction de l’échelle territoriale à laquelle ils agissent d’une part et en
fonction de leur nature – publique ou privée – d’autre part.
Cela permet
de mettre en avant l’interaction entre....
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