Le 24 février 1848, le roi Louis-Philippe Ier
Publié le 23/06/2024
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«
Le 24 février 1848, le roi Louis-Philippe Ier est chassé du pouvoir par une
insurrection parisienne.
La République est proclamée par Alphonse de Lamartine
au balcon de l'Hôtel de Ville.
Les idéaux d'une république apaisée, liés à un
consensus social et à une véritable représentativité de la nation, semblent
triompher.
Pourtant, en 1851, à la suite d'un coup d'État, Louis-Napoléon
Bonaparte, élu président de la République en 1848, établit un pouvoir personnel.
À une république éphémère succède un empire qui dure jusqu'en 1870 en
évoluant vers un système de plus en plus libéral.
Ainsi, ces deux régimes
constituent des témoins de la difficile entrée de la France dans l'âge
démocratique.
Comment expliquer l'échec de la IIe République ? Dans quelle
mesure le second Empire constitua un régime de compromis entre autoritarisme
et aspirations démocratiques ?
I.
La IIe République, de l'« illusion lyrique » à la proclamation du
second Empire
La IIe République naît dans un contexte d'enthousiasme, mais très rapidement,
des clivages importants apparaissent entre ceux qui ont porté ce projet.
1.
Le triomphe des idéaux démocratiques en 1848
• Le 24 février, la chute de la monarchie de Juillet conduit à l'union de forces
politiques aux idées différentes, issues des courants réprimés pendant le régime
précédent.
Dans le contexte de l'insurrection parisienne, se réunissent alors à
l'Hôtel de Ville des députés orléanistes, des républicains modérés, partageant
avec eux les idées libérales, ainsi que des socialistes.
Afin de satisfaire
l'insurrection, mais aussi par pragmatisme politique, des modérés, comme
Alphonse de Lamartine, finissent par se rallier à l'idée d'une république.
Le poète
romantique tente alors de porter les aspirations à la liberté et proclame la
République, rendant ainsi impossible tout compromis sur la nature du régime.
• Il s'agit alors de fonder la République sur un projet qui garantisse les
valeurs de 1789 tout en évitant les mesures rappelant la Terreur.
Alors que
certains insurgés qui se sont rendus le 27 février devant l'Hôtel de Ville tentent
d'imposer le drapeau rouge pour la République, Lamartine le refuse, considérant
que seul le drapeau tricolore est propre à incarner la concorde et l'unité de la
nation.
• Le gouvernement provisoire réunit plusieurs tendances politiques.
Il est
majoritairement composé de libéraux, mais on trouve également
des socialistes comme Louis Blanc et, pour la première fois, un ouvrier,
Alexandre Martin, surnommé « l'ouvrier Albert ».
• Le gouvernement prend des mesures importantes pour l'affirmation de la
démocratie en France :
•
•
•
instauration du suffrage universel ;
abolition de la peine de mort ;
le 27 avril, l'esclavage est aboli dans les colonies françaises, grâce à
l'action de Victor Schœlcher.
• Suivant les demandes des hommes de gauche présents au gouvernement
provisoire, des mesures sociales sont promulguées.
Pour lutter contre le
chômage, des ateliers nationaux sont créés dès le 27 février 1848 afin
d'embaucher des volontaires pour des grands travaux.
La droite y voit une
possibilité d'éviter de nouvelles émeutes.
• Les socialistes participent à la commission du Luxembourg, qui réfléchit à une
refonte de l'organisation du travail et aux lois qui pourraient l'accompagner.
Leurs travaux permettent de voter le 2 mars la réduction de la journée de travail
de 11 à 10 heures par jour.
2.
L'échec du projet républicain
Une du numéro 1 de La Cause du peuple par George Sand, 9 avril 1848.
• Dans le pays entier, des manifestations de joie ont lieu, avec plantation d'arbres
de la liberté.
Toutefois, cela masque aussi et surtout, outre les « républicains de
la veille », acquis depuis longtemps à cette forme de gouvernement,
des « républicains du lendemain », qui ont rallié le régime par opportunisme,
sans conviction profonde.
La République séduit des personnalités artistiques et
littéraires, comme George Sand, qui s'engage auprès des socialistes, prenant
position dans des journaux comme La Cause du peuple.
• Rapidement, plusieurs clivages apparaissent.
Ils s'exposent au grand jour en
vue des élections destinées à réunir une assemblée nationale constituante.
Pour
la première fois, l'ensemble de la population masculine est appelée aux urnes ;
84 % des suffrages sont exprimés.
Les républicains modérés remportent 500 des
900 sièges, les monarchistes sont 200, les socialistes forment un groupe
comparable.
Les libéraux et les conservateurs sont ainsi majoritaires.
Le
nouveau pouvoir exécutif, formé de cinq membres, ne comporte aucun
socialiste.
• Inquiet du foyer d'insurrection que pourraient devenir les ateliers nationaux, le
gouvernement les fait fermer, enrôlant dans l'armée les ouvriers de moins de
25 ans qui y participaient et renvoyant les autres en province.
Du 22 au 28 juin,
une insurrection éclate à Paris en signe de protestation.
Ces « journées de
juin » sont violemment réprimées par le général Cavaignac (au moins
1 500 émeutiers sont fusillés), qui devient chef du gouvernement.
Les libéraux et
la bourgeoisie craignent désormais une insurrection conduisant à une prise du
pouvoir par les socialistes et se rangent progressivement derrière une majorité
qui soutient le « parti de l'Ordre » et derrière Cavaignac.
Les mesures sociales
sont annulées, la presse socialiste est censurée et plusieurs socialistes sont
incarcérés ou s'exilent.
3.
La prise du pouvoir par Louis-Napoléon Bonaparte
• La Constitution votée le 4 novembre est une solution de compromis.
Elle a
été rédigée par une commission dont fait partie Alexis de Tocqueville, spécialiste
de la constitution des États-Unis.
Les pouvoirs sont séparés et équilibrés.
Le
pouvoir législatif est entre les mains d'une assemblée unique (système
monocaméral).
Le président de la République est élu au suffrage universel pour
quatre ans.
Il dirige le gouvernement.
Afin d'éviter un pouvoir personnel, on
interdit sa réélection à la fin de son mandat.
• Les élections présidentielles sont prévues pour le 10 décembre 1848.
À gauche,
le socialiste Raspail et le républicain Ledru-Rollin se présentent.
Lamartine,
confiant en son aura de fondateur de la République, espère un succès.
Le
général Cavaignac apparaît comme le grand favori.
Toutefois, Louis-Napoléon
Bonaparte se présente également.
Un certain nombre de membres du parti de
l'Ordre se range derrière sa candidature.
Des hommes comme Adolphe Thiers
pensent qu'il est plus capable de rallier une partie de la gauche que Cavaignac et
qu'il sera plus facilement manipulable (il qualifie Louis-Napoléon Bonaparte de
« crétin....
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