L'affaire Dreyfus
Publié le 21/02/2024
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L’affaire Dreyfus
Comment l’antisémitisme s’affirme-t-il en France et met-il en danger la République?
INTRODUCTION:
Suite à la défaite de Sedan face à l’armée prussienne, le 2 septembre 1870, la 3e
République est proclamée.
Elle succède au second empire qui aura duré près de 18
ans (1852-1870).
Elle a été confrontée à de nombreuses difficultés comme
l’instabilité gouvernementale : il y a eu 104 gouvernements de 1871 à 1940
(septembre 1870 - 19 février 1871 Ernest Picard (ministère Thiers)) soit 9 pendant
l'affaire, ainsi que l’assassinat du président Sadi Carnot en 1894.
Ces événements
répandent un sentiment d’insécurité sur toute la France.
L’affaire Dreyfus éclate donc dans ce contexte très tendu.
Cette affaire est un
scandale majeur de cette république qui a duré 12 ans.
Elle est passée d’une affaire
judiciaire à une affaire d’état qui ne cessera de prendre de l’ampleur grâce aux
journaux de l’époque et qui divisera l’opinion française.
Nous nous demanderons
comment l’antisémitisme s’arffirme-t-il en France et met-il en danger la République ?
Après avoir rappelé le contexte et les détails de l’affaire, nous approfondirons sa
médiatisation et nous vous parlerons des conséquences que cette affaire a eu sur la
République.
I - CONTEXTE DE LA GUERRE ET AFFAIRE DREYFUS
1) CONTEXTE HISTORIQUE
Comme l’a dit Clara, l’affaire Dreyfus éclate dans un contexte très tendu
Dans la société de l'époque, deux grands courants de pensée progressent : le
nationalisme (sentiment ou doctrine politique qui exalte l’idée de nation) et
l'antisémitisme ( doctrine manifestant une vive hostilité contre les juifs ).
La presse est tout à fait libre et peut écrire ce qu'elle veut, sans risque réel.
Mais le
ton utilisé est d'une extrême violence.
L'antisémitisme est très virulent, surtout
depuis la publication de La France juive d'Édouard Drumont, en 1886.
L'antisémitisme n'épargne pas l'armée, où les officiers d'origine juive sont regardés
avec suspicion par bon nombre de leurs camarades.
Il y a beaucoup d'affaires de trahison et d’espionnage qui se succèdent.
2) LE DÉBUT DE L’AFFAIRE
Alfred Dreyfus est né en 1859 en Alsace.Il vient d’une famille de confession juive.
Il
a 11 ans lors de la guerre franco-prussienne.
Le rattachement en 1871 de l’Alsace à
l’Allemagne les forcent lui et sa famille à déménager afin de conserver leur
nationalité.
Le 27 septembre 1894, le service de renseignement de l’armée française intercepte
une lettre, un “bordereau” adressée à l’attaché militaire allemand en poste à Paris.
Sous prétexte que son écriture est assimilée à celle de la lettre ( après un test ),
Dreyfus, alors capitaine, est accusé d’avoir transmis des documents militaires
secrets et donc de trahison.
Après son arrestation le 15 octobre, ordonnée par le général Mercier, ministre de la
guerre, il passe devant le conseil de guerre en décembre.
Il est finalement
condamné à une dégradation lors d’une parade organisée le 5 janvier 1895 dans la
cour d’honneur de l’école militaire à Paris devant 4000 soldats et 20 000 civils ainsi
qu’ à la déportation au bagne sur l'île du Diable en Guyane, une quinzaine de jours
plus tard donc le 21 janvier.
Mais la famille de Dreyfus, en particulier son frère Mathieu Dreyfus, ne l'accepte pas.
Finalement, le chef du service de contre-espionnage français, le lieutenant-colonel
Picquart découvre en 1896 l’innocence de Dreyfus et la culpabilité du commandant
Esterhazy.
Ce dernier sera acquitté en 1898, malgré l'accumulation des preuves à
son encontre.
Après la condamnation d’Alfred Dreyfus, la France s’est divisée en 2 camps : les
dreyfusards, partisans de l’innocence de Dreyfus et les antidreyfusards, antisémites
et adversaires de son innocence.
L'événement marquant la médiatisation et la prise
d’ampleur de cette affaire est la lettre ouverte d’Emile Zola au président de la
République, qui était Félix Faure dans laquelle il attaque l'Etat-major pour avoir
condamné un innocent (Dreyfus) et acquitté un coupable (Esterhazy).
Il y demande
aussi la réouverture du procès.
Emile Zola sera d’ailleurs poursuivi pour diffamation
et exclut de l'ordre de la Légion d'honneur.
Le 4 janvier 1898, la Ligue des droits de l’homme est fondée par les intellectuels
(pour défendre la cause dreyfus) Le 3 juin 1899, la cour de Cassation va finalement
décider de la réouverture du procès et contre l’attente des dreyfusards, ce procès va
se prolonger et accabler à nouveau Dreyfus.
Le verdict tombe le 9 septembre 1899 :
Alfred Dreyfus est de nouveau condamné, cette fois à 10 ans d’emprisonnement.
10
jours plus tard, Dreyfus est finalement gracié par le président Emile Loubet.
La fin de
l’affaire se signe sur la réhabilitation d’ Alfred Dreyfus par la Cour de cassation de
Rennes.
Il est réintégré dans l’armée avec le grade de chef de bataillon et décoré de
la légion d’honneur.
( : il y a tout d’abord le désastre de la guerre de 1870-1871, guerre lancée par
Napoléon III le 19 juillet contre une coalition d'États allemands (21) dirigée par la
Prusse.
Cette guerre se solde par la défaite française et l’annexion de l’AlsaceLorraine.)
( et traduit devant une cour d'assises, qui le condamne le 23 février 1898 à la peine
maximale d'un an de prison ferme, à 3 000 francs d'amende )
II- Une France divisée en deux camps
Revenons sur l’an 1898, la libération du commandant Esterhazy ainsi que la
publication de la lettre ouverte de Zola, “J’accuse…!” donnent une dimension
nationale à l’affaire.
Un processus de scission de la France est entamé, et se
prolonge jusqu'à la fin du siècle divisant la patrie en dreyfusard, partisans de
l’innocence de Dreyfus, et les antidreyfusard, contre son innocence, en s’appuyant
sur des journaux et des caricatures.
1- Antidreyfusards et attaque des journaux antisémites
La première que nous allons voir est celle du journal “La libre Parole” qui est
un journal politique et antissémite dirigé par Edouard Drumont qui rédigea “La
France Juive” en 1888.
La Une du 10 Novembre 1894 du journal est une caricature
de Lucien Emery (sous le pseudonyme de C.
Chantelay) intitulée “A propos de Juda
Dreyfus” dans laquelle il représente son directeur tenant avec une longue pince une
figure caricaturée d’A.
Dreyfus avec laquelle E.
Drumont semble s’amuser.
Il y a
d’ailleurs au fond un soldat représentant l’Armée l’observant faire en retrait.
Le titre
n’a de plus aucune équivoque : renommé A.
Dreyfus par Juda Dreyfus revient à dire
que colonel est un traître tout en se servant du rôle de Juda dans la religion juive qui
y est un traître et une personne malfaisante.Une seconde caricature plus récente
(celle du 23 juillet 1898) dans “Psst…!” est à relever.
Le nom du journal tout d’abord
est assez surprenant : sa ponctuation est en réalité une référence à la lettre ouverte
de Zola “J’accuse…!” dont je vous parlerai plus tard et le “Psst” si particulier est fait
pour être discret et attirer l’attention.
Le journal parut le 5 février 1898 pour la
première fois en réponse à la lettre de Zola.
Les dessinateurs et journalistes y
accablent les dreyfusards et les représentent comme les instruments d'un complot
ourdi contre la France et ses forces militaires par les juifs et les puissances
étrangères.
La caricature en elle-même représente cette crainte du camp adverse
car il y est dessiné ceux que les antidreyfusards désignent comme des ennemis : en
premier Émile Zola sous la forme d’un masque porté par Alfred Dreyfus revêtant
tous les stéréotypes physiques de l’antisémitisme.
Le troisième personnage est un
soldat prussien murmurant à l’oreille de Dreyfus quelques informations ou ordres
sous-entendant ainsi que Dreyfus et Zola seraient des instruments de l’ennemi
prusse.
Cela soulignant deux des arguments les plus utilisés par la presse
antissémite : l'antijudaïsme chretien (juda vend Jesus et est le peuple déicide) ainsi
que l’affirmation....
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