Analyse linéaire Acis La Bruyère
Publié le 21/05/2023
Extrait du document
«
Jean de la Bruyère [1645-1696], plus qu'aucun autre moraliste de ses
contemporains, a donné à son chef-d'œuvre, Les Caractères ou les Mœurs de ce
Siècle, l'empreinte d'une biographie intellectuelle et sociale.
Une biographie
fragmentaire qui reflète la société de l'époque.
C'est la présence de témoignages
et de portraits dans ses écrits qui permettent de retrouver, comme le disait
Montaigne, " à sauts et gambades " des éclats de vie, des fragments de vie
sociale.
La Bruyère blâma ses contemporains pour leurs erreurs.
Une série de portraits accompagne son parcours littéraire.
Voici celle du
courtisan, le pédant qu'on écoute quand il parle.
L'auteur met en scène un
dialogue fictif avec l'interlocuteur.
Le portrait d'Acis permet de retracer la
souffrance du courtisan dont La Bruyère se moque.
Une excuse pour lui de nous
donner une leçon de vie.
Comment à travers ce texte le moraliste dresse un portrait satirique d’Acis et
plus généralement des précieux ?
Le texte peut se décomposer en deux mouvements.
Tout d’abord, la première
partie du texte se terminant par « et de parler comme tout le monde ? » expose
une leçon didactique de La Bruyère sur le langage d’Acis.
Le second mouvement,
de « Une chose vous manque, Acis..
» jusqu’à la fin, expose une critique des
courtisans.
Premier mouvement: La leçon de La Bruyère.
(De « Que dites-vous » à « et
de parler comme tout le monde ? » )
Le texte débute directement dans l’action, in medias res, par une série de trois
questions rapides: « Que dites-vous? Comment? Je n’y suis pas; vous plairait-il de
recommencer? ».
Ensuite, s’installe un faux dialogue, une simulation de dialogue entre le narrateur
et Acis, dont on ne lit pas les réponses.
Elles sont elliptiques, car peu
intéressantes ou incompréhensibles.
Le vouvoiement, l’emploi du « Comment? » ou du conditionnel « vous plairait-il »
indique que nous sommes dans une conversation de salon, une conversation
mondaine entre personnes éduquées.
Le passage « J’y suis encore moins.
Je devine enfin: », entraîne finalement une
progression de la compréhension.
L’adverbe « enfin » dénote de l’impatience du
narrateur.
Le présent et la forme du dialogue, le discours direct rendent le texte vivant et
réel, comme si nous étions des témoins de cette discussion.
Après l’effet d’attente des premières questions, nous avons la réponse: « vous
voulez Acis me dire qu’il fait froid ».
Ce passage entraine une déception du
narrateur et des lecteurs face à des propos aussi banals, aussi prosaïques.
C’est
de l’ironie de la part de La Bruyère.
– Ensuite, nous voyons La Bruyère donner la leçon à Acis, employer un ton
didactique à travers trois exemples précis qu’il expose à celui qu’il met en
posture d’élève: « que ne disiez-vous: « Il fait froid »? ».
Puis le ton se fait plus
impératif, plus directif : « dites: « Il pleut, il neige » », « dites « Je vous trouve bon
visage » ».
– Le tiret débutant le second paragraphe indique une prise de parole indirecte et
intelligible d’Acis, seulement toujours sous la retranscription du narrateur: « Mais
répondez-vous cela est bien uni et bien clair; et d’ailleurs, qui ne pourrait pas en
dire autant? ».
– Cette fausse question porte les reproches d’Acis qui trouve qu’un propos
simple n’est pas assez compliqué pour être intéressant et surtout pour se faire
remarquer, pour se démarquer.
Le but d’Acis est celui des courtisans, apparaître
comme diffèrent, supérieur, qu’on se rappelle de lui.
Il apparaît superficiel.
C’est
une critique de la préciosité.
– Enfin, le narrateur par sa réponse pose un jugement et offre sa thèse au
lecteur: « Qu’importe Acis? Est-ce un si grand mal d’être entendu quand on parle,
et de parler comme tout le monde? ».
La question est réthorique comme on le
comprend par l’hyperbole ironique « si grand mal ».
– De plus, Acis est donc décrit comme éloigné du gentilhomme classique qui doit
suivre des principes comme celui de Boileau: énoncer clairement ses pensées.
Deuxième mouvement: Le procès des courtisans.
(« Une chose vous
manque, Acis » à la fi n « peut-être alors croira-t-on que vous en avez.
» )
– La phrase suivante débute la seconde étape du texte.
De nouveau, La Bruyère
crée un effet d’attente avec la répétition de la proposition....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Analyse linéaire Cyrano de Bergerac - La scène du balcon
- Analyse linéaire : le dernier feu Les vrilles de la vigne
- Séquence 3 : Le Malade imaginaire de Molière. Analyse linéaire n°12 scène 10 acte III
- Analyse linéaire la princesse de Clèves - Analyse linéaire L’apparition à la cour
- ANALYSE LINÉAIRE PRINCESSE DE CLÈVES « Il parut alors une beauté à la cours… »