théâtre - Médée
Publié le 01/01/2024
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«
Frédérique Sandys - Médée
SOMMAIRE
Le mythe antique : Jason et les argonautes
La pièce de Corneille
Corpus I
La scène d’exposition
Médée implore Jason
Médée la magicienne
Corpus 2 la vengeance de Médée
La magicienne le monstre naissant
La mort de Créuse (Euripide)
La mort de Créuse : Corneille
Annexe1 : les monstres de la mythologie grecque
L’action dans le théâtre classique
La scène d’exposition
Le conflit
Les péripéties
Le dénouement
Corpus 3 le dénouement : un bain de sang
Chez Euripide
Chez Corneille : le monologue de Jason
Annexe 2 : le monologue théâtral
Annexe2: la condition des femmes
MEDEE LE MYTHE ANTIQUE
Jason et les argonautes
L’histoire de Médée se rattache à la
l'enverrais rechercher la Toison d'or.
»
légende
C'est ainsi que Pélias, trouvant l'idée
des
Argonautes.
Pélias
roi
d'Iolcos en Thessalie.
À la mort de celuici, il s'empare du trône, devenant ainsi
roi usurpateur (Éson, son demi-frère et
père
de Jason,
étant
le
roi
excellente, envoya Jason en Colchide, et
pensant
ne
jamais
le
revoir,
il
se
débarrassa d'Éson et de sa famille.
légitime).
Craignant pour ce pouvoir mal acquis, il
consulta un oracle qui lui répondit que
sa mort viendrait avec un homme ne
portant qu'une sandale.
Quelque temps
après, alors qu'il célébrait une cérémonie
à laquelle Jason participait, il remarqua
qu'il lui manquait une sandale (Jason
l'avait perdue en traversant une rivière).
Il lui demanda donc ce qu'il ferait à sa
place s'il était roi et avait reçu un oracle
lui prédisant qu'il serait assassiné par
un
sujet ;
Jason
répondit :
« Je
Quand Jason et les Argonautes débarquèrent sur le littoral du Pont, en Colchide, pour conquérir
la Toison d’or, ils se heurtèrent à l’hostilité du roi Aiétès, gardien du précieux trésor.
Cependant
ils reçurent l’appui de Médée, la fille du roi, qui s’était éprise de Jason.
Experte en l’art de la
magie, la jeune fille donna à son amant un onguent dont il devait s’enduire le corps pour se
protéger des flammes du dragon qui veillait sur la Toison d’or.
Elle lui fit aussi présent d’une
pierre, qu’il jeta au milieu des hommes armés, nés des dents du dragon : aussitôt, les guerriers
s’entretuèrent et le héros put s’emparer de la Toison.
Pour remercier Médée, Jason lui accorda le titre d’épouse.
La magicienne s’enfuit alors
avec lui, et, afin d’empêcher Aiétès de les
poursuivre, elle tua et dépeça son frère
Absyrtos,
dont
elle
sema
les
membres
sanglants sur sa route.
De retour à Iolchos, il ourdit un plan
pour
se
déguisa
venger
en
de
Pélias :
prêtresse
Médée
d'Artémis et
se
se
présenta à la cour du roi ; là, elle fit
croire
aux
filles
de
Pélias
qu'elle
possédait un moyen pour rajeunir leur
vieux père : elle en fit démonstration
avec un bélier, qu'elle coupa en morceau
et fit bouillir dans un chaudron en y
ajoutant
certaines
substances :
il
en
ressortit un agneau.
Ainsi persuadées, les
filles de Pélias firent de même avec leur
père.
Bannis,
Jason
et
Médée
furent
bannis par Acaste, le fils de Pélias et se
réfugièrent à Corinthe.
Le départ de Jason
Bibliographie
M.
Fumaroli : « De Médée à Phèdre, naissance et mise à mort de la tragédie cornélienne », in Héros et
orateurs, Rhétorique et dramaturgie cornélienne, Paris, Droz, 1990
A.Stegmann, « La Médée de Corneille », in Les Tragédies de Sénèque et le théâtre de la Renaissance, Paris,
éd.
CNRS, 1963.
Dans la pièce d’Euripide, Médée évoque tous ses crimes mais sans formuler le moindre regret.
Non, ce qui l’obsède, c’est l’ingratitude de Jason envers elle, qui a commis ces forfaits par amour
pour lui.
Extrait d’Euripide
MÉDÉE (dans le palais)
O grand Zeus et toi Thémis vénérable, voyez-vous mes souffrances ? Les
Grands Serments m'avaient attaché cet époux maudit : puissé-je les voir un
jour, lui et son épousée, mis en pièces avec leur palais, puisque, les
premiers, ils osent m'outrager! O mon père, ô ma patrie, que j'ai
honteusement abandonnés après avoir tué mon propre frère!
LA NOURRICE
Entendez-vous ce qu'elle dit, ce qu'elle crie à Thémis l'Invoquée
et à
Zeus que les mortels regardent comme le dépositaire des Serments.
Il est
impossible qu'une vaine satisfaction quelconque apaise le courroux de ma
maîtresse.
CORNEILLE : MÉDÉE, UNE FURIE VINDICATIVE
Médée a été traitée en grec par Euripide,
et en latin par Sénèque avant que
Corneille ne reprenne la pièce à son tour,
dans le cadre du théâtre classique de son
siècle (XVIIème).
Corneille rompt avec les
sacro-saintes règles d’unité de lieu, de
temps et d’action que Racine traite avec
un respect quasi religieux.
Médée, après
sa rencontre avec Jason puis Créon, est
mise en scène dans une grotte, lieu
symbolique des magiciennes où d’abord
seule puis avec Nérine, sa confidente, sa
suivante, elle profère un discours
d’imprécation (voir texte…..
corpus ….).
Corneille admet dans sa préface qu’il y a
peu de vraisemblance à faire parler des
rois en place publique, c’est-à-dire devant
le chœur, comme c’était l’usage dans les
pièces antiques.
Il admet d’ailleurs
d’autres
invraisemblances,
héritées
d’Euripide, qu’il s’efforce d’atténuer (voir
plus loin la question de la robe
empoisonnée).
CORPUS 1 MEDEE REPUDIEE
TEXTE 1 la scène d’exposition
La première scène d’une pièce de théâtre porte un nom : la scène
d’exposition.
Elle a essentiellement une fonction informative, elle
présente l’action, mais aussi les personnages.
Souvent, le personnage principal n’apparaît pas tout de suite, il est
évoqué par ses proches par exemple, dans Don Juan, de Molière, ce
sont les deux valets qui parlent de leurs maîtres et Sganarelle, serviteur
de Don le décrit comme un coquin, un libertin, un menteur, un
séducteur.
Alors seulement, Don Juan entre.
Dans Médée, le personnage éponyme n’apparaît pas immédiatement.
Lorsque la pièce commence, nous sommes à Corinthe où Jason et
Médée ont trouvé refuge, chez le roi Créon.
Quelques années ont passé depuis l’affaire de la toison d’or.
Jason s’est
lassé de Médée.
Surtout, il a une véritable aubaine : Le roi de Corinthe,
Créon, lui offre de lui succéder et de devenir son gendre en épousant
Créüse.
La scène I met en scène les retrouvailles de Jason et de Pollux, qui
participa selon la légende au voyage des Argonautes.
Pollux apprend
de la bouche de son ami qu’il va se remarier.
Il s’étonne, le met en
garde contre Médée, dont il connaît les pouvoirs.
Mais Jason le
rassure : en la bannissant, il se prémunit de tout danger.
Pollux ne
semble guère rassuré.
« Pollux est de ces personnages protatiques qui ne sont introduits
que pour écouter.
C’est ce qui m’a fait avoir recours à cette fiction,
que Pollux, depuis son retour de Colchos, avait toujours été en Asie,
où il n’avait rien appris de ce qui s’était passé dans la Grèce, que la
mer en sépare.
Le contraire arrive en la comédie : comme elle n’est
que
d’intrigues
particulières, il n’est rien si
facile que de trouver des
gens qui les ignorent ; mais
souvent il n’y a qu’une
seule personne
qui les puisse2 expliquer :
ainsi l’on n’y manque
jamais de confidents quand
il
y
a
matière
de
confidence.
Jason apparaît dés cette scène tel que Corneille va le montrer : vaniteux, faible, glaçant d’égoïsme, ingrat
jusqu’au bout des ongles, ne voyant que son intérêt.
UN BONHEUR INSOLENT
POLLUX
ACTE I
SCENE 1
JASON,
POLLUX
Que je sens à la fois de surprise et de joie !
Se peut-il qu’en ces lieux enfin je vous revoie,
Que Pollux dans Corinthe ait rencontré Jason ?
JASON
Vous n’y pouviez venir en meilleure saison ;
Et pour vous rendre encor l’âme plus étonnée,
Préparez-vous à voir mon second hyménée
POLLUX
Quoi ! Médée est donc morte, ami ?
JASON
Non, elle vit ;
Mais un objet plus beau la chasse
de mon lit.
POLLUX
Dieux ! et que fera-t-elle ?
JASON
Et que fit Hypsipyle,
Que pousser les éclats d’un
courroux inutile ?
Elle jeta des cris, elle versa des
pleurs,
Elle me souhaita mille et mille
malheurs ;
Dit que j’étais sans foi, sans cœur,
sans conscience,
Et lasse de le dire, elle prit patience.
Médée en son malheur en pourra
faire autant :
Qu’elle soupire, pleure, et me
nomme inconstant ;
Contre un pouvoir plus fort qui me
donne à Créuse.
Je la quitte à regret, mais je n’ai
point d’excuse
Créuse est donc l’objet qui vous
vient d’enflammer ?
Je l’aurais deviné sans l’entendre
nommer.
Jason ne fit jamais de communes
maîtresses ;
Il est né seulement pour charmer les
princesses,
Et haïrait l’amour, s’il avait sous sa
loi
Rangé de moindres cœurs que des
filles de roi.
Pollux
Hypsipyle à Lemnos, sur le Phase
Médée,
Et Créuse à Corinthe, autant vaut,
possédée,
Font bien voir qu’en tous lieux, sans
le secours de Mars,
Les sceptres sont acquis ) ses
moindres regards.
JASON
Aussi je ne suis pas de ces amants vulgaires ;
J’accommode ma flamme au bien de mes affaires ;
Et sous quelque climat que me jette le....
»
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