explication linéaire du nègre de surinam
Publié le 25/02/2023
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«
LECTURE LINEAIRE N° 9
« Le nègre de Surinam »
La dénonciation de l’esclavage comme l’exemple même de l’atteinte aux
droits de l’humain et à la liberté est un thème qui revient à plusieurs reprises
dans la littérature philosophique du 18ème siècle.
Après Montesquieu, Voltaire
poursuit le combat de la défense de la liberté.
Publié en 1759, Candide ou
l’Optimisme est un conte philosophique dans lequel Voltaire nous raconte les
voyages d’un jeune homme, Candide, confronté à toutes les violences et les
injustices à travers le monde, tandis que Pangloss, son professeur, partisan de
l’optimiste en philosophie, ne cesse de lui dire que tout est au mieux dans le
meilleur des mondes possibles.
SITUATION DU PASSAGE
Candide et Cacambo viennent de quitter le pays d’Eldorado.
Au
sortir de ce monde exotique, opulent et favorable à tous les individus, le retour à
la réalité s’opère par un choc brutal : la rencontre avec un esclave mutilé.
Le
contraste entre ces deux mondes antagonistes va permettre un ébranlement
chez Candide et chez le lecteur.
LECTURE EXPRESSIVE
PROBLEMATIQUE :
- Montrer en quoi ce texte est un réquisitoire contre
l’esclavage.
MOUVEMENTS
1.
La découverte d’un esclave mutilé (l.
1 à 4)
2.
Le discours de l’esclave sur le système esclavagiste (l.5 à 16)
3.
La critique de l’optimisme (l.
17 à la fin)
MOUVEMENT 1
La découverte d’un esclave mutilé (l.
1 à 4)
La scène relatée se situe à la périphérie de la ville comme l’indique le
gérondif « En approchant de la ville », et le passé simple « aperçurent » souligne
que le voyage s’interrompt le temps d’une rencontre fortuite, celle du « nègre »
qui est un esclave.
D’emblée, le portrait physique de ce dernier met l’accent sur
son état de pauvreté et de souffrance : il suit une gradation, l’homme se trouve
par terre dans une position d’humiliation comme le souligne l’adjectif « étendu »
(l.
1), à moitié dénudé
et grossièrement vêtu suggéré par la négation
restrictive « n’ayant plus que la moitié » et amplifié par la reformulation « c’està-dire d’un caleçon de toile bleue.
» La toile était réservée aux marchandises
afin de les protéger lors des transports.
Et enfin victime de
mutilations
physiques soulignées par le verbe à la forme impersonnelle « il manquait » suivi
du GN complément d’objet «la jambe gauche et la main droite.
» (l.2-3).
Le
champ lexical de la misère parcourt ainsi les premières phrases.
La tonalité
pathétique est accentuée par l’adjectif antéposé
«
pauvre » (l.
3) qui a son sens à la fois matériel et affectif.
C’est Candide qui l’interpelle au moyen d’une interjection « eh ! » (l.
3)
doublée d’une apostrophe « mon Dieu ! » qui marquent la stupeur de Candide
face à ce qu’il voit et qu’il n’hésite pas à qualifier d’ « horrible » (l.
4).
Cet
adjectif péjoratif met en avant son rejet de la situation vécue par cet homme.
Il
fait écho à l’adjectif « pauvre » (l.
3) utilisé précédemment par le narrateur dans
la description du nègre.
Candide est ému et compatit avec l’homme, en effet, il
l’appelle « mon ami », apostrophe pleine d’affectivité, alors que c’est la première
fois qu’il le voit.
La surprise horrifiée de Candide se révèle également à travers
les interrogations directes « que fais-tu là ? » « … dans l’état où je te vois ? »
(l.3-4)
Aux questions indignées de Candide, l’esclave se contente de répondre de
façon calme et résignée.
Le verbe « j’attends » (l.4) au présent et l’emploi du
déterminant possessif « mon » dans le GN « mon maitre » révèlent sa
soumission et contrastent avec l’interpellation de Candide.
La situation de
l’esclave se trouve justifiée par l’identité de son maitre Vanderdendur : il s’agit
d’un nom portrait qui contient dans sa forme la fonction et le caractère du
personnage.
La première partie du nom nous apprend qu’il s’agit d’un négociant
hollandais : « vander » est la transcription sous une forme hollandaise de
l’homonyme
« vendeur » ; l’autre partie du nom : « dendur » nous révèle la méchanceté du personnage : « il a la dent
dure ».
Les allitérations en [d] et en [R] amplifient le caractère cruel du
négociant.
L’ironie de Voltaire se décèle ainsi dans le choix de ce nom qui révèle
son caractère vénal.
A cela s’ajoute, l’adjectif « fameux » qui peut être entendu
dans divers sens : le négociant est certes connu mais plus pour sa cruauté que
pour ses vertus.
Cette rencontre montre la violence avec laquelle sont traités les esclaves
noirs en Amérique du Sud.
MOUVEMENT 2 : Le discours de l’esclave sur le système esclavagiste
à 9)
Le nègre de Surinam brosse un tableau des horreurs de l’esclavage (L.
5
A la question indignée de Candide «qui t’a traité ainsi ? », (l.5) la réponse
de l’interlocuteur est donnée sur le ton de la résignation; et son discours se veut
objectif.
Tout d’abord, il justifie sa mutilation par une généralisation au présent
de vérité générale «c’est l’usage »: Cet usage dont il est question rappelle le
Code noir qui régissait les relations entre maître et esclave au XVIIIe siècle, et
qui autorisait également les châtiments corporels.
Voltaire dénonce ce
commerce, effectué au détriment de la dignité humaine et de l’égalité des
peuples.
Puis, il l’informe sur les peines encourues.
Pour cela, il recourt à un
raisonnement déductif, ainsi les deux propositions circonstancielles de temps
dans le parallélisme de construction « quand nous travaillons aux sucreries, et
que la meule nous attrape le doigt » (l.
7) et « quand nous voulons nous enfuir »
(l.
7/8) : présentent deux situations différentes -accident du travail ou délitconduisant à une même conséquence, à savoir la mutilation du corps de
l’esclave.
Cette juxtaposition de faits produit une accumulation qui fait mieux
ressortir la cruauté des esclavagistes.
La répétition de la proposition « on nous
coupe » (l.
7 et 8) entraîne un sentiment d’horreur et de compassion.
L’amputation faite aux esclaves est donc présentée comme un événement non
pas exceptionnel, mais routinier et fréquent.
De même, le recours au pronom
personnel sujet « on », qui a une portée impersonnelle, suggère l’anonymat du
tortionnaire, et marque une relation déshumanisée, où l’identité des tortionnaires
n’importe même plus.
Il termine son raisonnement par son exemple « je me suis
trouvé dans les deux cas.
» (l.8).
Le pronom « je » se substitue au pronom
« nous » ainsi lui-même est une victime du commerce du sucre et du code noir.
Il conclut son discours par l’emploi d’un euphémisme : « c’est à ce prix -là
que vous mangez du sucre en Europe » (l.8/9) qui met en exergue l’ignominie
d’un système économique fondé sur la souffrance humaine.
Le substantif « prix »
employé de façon imagée, tend à faire prendre conscience aux Européens que
leur goût du luxe est....
»
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