L’espace social n’est-il structuré et hiérarchisé que par le sexe et la position dans le cycle de vie ?
Publié le 24/05/2024
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L’espace social n’est-il structuré et hiérarchisé que par le sexe et la position dans le cycle de vie ?
La société française est composée de différents groupes sociaux, c’est-à-dire d’un ensemble
d’individus, qui ont des caractéristiques communes et des liens durables directs ou non.
Au sein de cette société française actuelle mais aussi dans les sociétés contemporaines, certaines
différences biologiques, comme le sexe ou l’âge, sont associées à des statuts et à des rôles spécifiques.
Ces critères deviennent alors des différences sociales qui hiérarchisent les individus dans l’espace
social.
L’espace social peut être pensé comme la représentation de la vie en société, dans laquelle les
groupes sociaux et les individus interagissent ensemble, mais se distinguent aussi les uns des autres, en
fonction de ces critères, ou encore de critères économiques, culturels, et sociaux.
La hiérarchisation est
l’organisation sociale des groupes et des individus qui les positionne les uns par rapport aux autres en
fonction de leurs privilèges.
Ainsi, dans quelle mesure l’assemblage hiérarchique de groupes
d’individus est-il structuré par des critères biologiques ? Cette répartition de la population en groupes
sociaux différenciés n’est-elle pas l’évidence de l’importance d’un groupe social par rapport à un
autre ? C’est pourquoi, dans un premier temps, nous verrons que les critères biologiques engendrent
des différences sociales qui hiérarchisent les individus dans l’espace social.
Puis, nous étudierons, dans un deuxième temps, le rôle des critères socio-économiques s’articulant
entre eux dans la structuration de l’espace social.
Puis, nous terminerons, par d’autres critères sociaux
qui viennent s’ajouter dans la structuration et hiérarchisation de l’espace social.
Tout d’abord, le sexe est un facteur hiérarchisant de la société française.
Du fait de la socialisation, le sexe des individus induit un répertoire de rôles et de statuts bien délimités.
C’est un critère biologique qui devient alors un facteur de différenciation sociale.
En effet, les hommes
et les femmes occupent rarement les mêmes positions sociales dans la société française.
Il existe des
inégalités entre femmes et hommes qui jouent systématiquement en défaveur des femmes.
La répartition des tâches ménagères illustre bien le fait que les rôles sont sexués car elles passent plus
de temps aux tâches ménagères.
Pour exemple, selon l’INSEE ainsi que du ministère de l’Enseignement supérieur et du ministère de
l’Intérieur, en 2016, en France, seulement 35,6% des hommes consacraient au moins une heure au
travail domestique, tous les jours, alors que le temps journalier consacré au travail domestique, en
2010, pour les femmes, était de 3h26.
Il incombe donc aux femmes d’entretenir le foyer et de s’occuper
des enfants.
Dès lors, puisque les femmes se consacrent davantage à la sphère privée que les hommes,
il leur est plus difficile de grimper dans la hiérarchie de l’entreprise.
C’est ainsi que, dans la sphère
professionnelle, nous observons une véritable hiérarchisation entre les hommes et les femmes.
Plusieurs raisons expliquent ce constat.
En effet, les chefs d’entreprise ont tendance à considérer
qu’elles s’investissent moins dans leurs tâches professionnelles.
Ayant en tête les contraintes sociales
domestiques des femmes, les recruteurs leur proposent davantage des emplois à temps partiel qu’aux
hommes.
Pour exemple, en 2019, en France, 1 012 200 femmes actives étaient occupées en temps
partiel contre 386 200 actifs hommes en temps partiel, soit presque 3 fois moins que les femmes.
Puis,
les postes les plus valorisés sont plus souvent occupés par des hommes.
En dépit de la loi de 2014 pour la parité hommes femmes en politique, seulement 38.7 % des députés à
l’Assemblée nationale, en 2017, étaient des femmes.
Ces inégalités ne sont pas liées à tel ou tel
domaine particulier, mais à la façon dont les hommes et les femmes sont éduqués, aux positions qu’ils
et elles occupent, et aux représentations liées à leurs sexes.
La socialisation différenciée selon le genre est donc la principale explication de la hiérarchisation dans
l’espace social selon le sexe.
De plus, dans les sociétés contemporaines, la position dans le cycle de vie participe à la hiérarchisation
de l’espace social.
L’âge détermine une position dans ce cycle de vie.
La position dans le cycle de vie représente la place occupée temporairement par l’individu dans les
étapes de la vie familiale, professionnelle, sociale qui sont liées à l’âge : enfance, jeunesse, maturité,
vieillesse.
Des comportements et des niveaux de vie sont associés à chaque étape.
L’avancée en âge
introduit alors l’individu à des rôles et des statuts différents.
En effet, plus qu’une donnée biologique,
l’âge est aussi un facteur de différenciation sociale.
La position d’un individu dans le cycle de vie influence l’accès à certaines ressources socialement
valorisées.
Les jeunes sont par exemple particulièrement plus soumis en termes d’accès aux ressources
économiques.
Cela s’explique notamment par une plus grande exposition des jeunes au chômage et
donc à la précarité, par leur rupture avec le système scolaire.
Par exemple, selon Céreq en aout 2018,
20% de l’ensemble de la génération ayant quitté le système scolaire se sont retrouvés au chômage.
L’étape de la jeunesse n’est donc pas sans conséquence sur les comportements adoptés par les
individus.
Il est donc important de distinguer les notions d’âge et de génération car si l’individu au
cours de sa vie change d’âge, il appartient d’un point de vue démographique à une cohorte annuelle qui
correspond à son année de naissance.
Par l’âge, les pratiques culturelles comme le recours aux réseaux
sociaux peut donc même être vu comme un facteur de différenciation de position dans le cycle de vie.
En effet, le phénomène « OK boomer » illustre des différences de manière d’être, d’agir, de penser, de
faire entre les individus qui n’occupent pas la même position dans le cycle de vie.
L’expression renvoie à une critique des jeunes générations adressée aux individus issus de la génération
du baby-boom.
Cette critique porte sur l’état environnemental et économique de la planète et le manque
de préoccupation qu’il suscite chez ces derniers.
Définir les individus des générations antérieures
comme des « boomers », permet aux jeunes générations de se distinguer.
L’âge est alors un facteur de
différenciation sociale.
Même si le sexe et la position dans le cycle de vie sont des critères biologiques qui structurent et
hiérarchisent l’espace social, ils ne sont pas les seuls facteurs, la catégorie socioprofessionnelle, le
revenu ou encore le diplôme représentent des critères importants dans la structuration de l’espace
social.
Tout d’abord, les critères socio-économiques structurent l’espace social.
Nous retrouvons, les catégories socioprofessionnelles qui sont des catégories statistiques créées par
l’INSEE permettant de classer les individus en fonction de leur proximité professionnelle.
On peut déjà
distinguer les individus qui exercent une profession, de ceux qui en sont privés.
La catégorie
socioprofessionnelle représente alors un statut et une place dans la hiérarchie sociale.
En effet, elle
regroupe des personnes qui exercent des métiers proches et qui ont des modes de vie comparables.
Cescatégories présentent une certaine homogénéité sociale.
Ainsi, par l’ensemble des professions
recensées sur le territoire, une grande hétérogénéité entre les travailleurs est observable.
La profession
exercée est un critère socio-économique très influent sur la position occupée par l’individu dans
l’espace social car elle définit des responsabilités hiérarchiques sur un lieu de travail, mais aussi une
partie de l’identité sociale des individus.
L’âge au mariage, la réussite à un examen ou encore
l’espérance de vie semblent être le résultat probable d’une position sociale.
Or, la profession participe à
donner cette position à l’individu dans la structuration de l’espace social.
Par exemple, nous savons qu’en moyenne les ménages à très haut revenu sont souvent des couples de
cadres, sans enfants, dont l’âge moyen se situe à 59 ans, qui sont propriétaires de leur résidence
principale et qui vivent à Paris ou dans les Hauts-de-Seine.
Les personnes situées parmi les 1 % les plus
riches ont un revenu 7 fois supérieur à celui de l’ensemble de la population.
Se trouve alors une
hiérarchie entre les différentes catégories socioprofessionnelles.
C’est ainsi que, la CSP à une conséquence sur le niveau des revenus primaires perçus par l’individu où
les revenus sont inégalement répartis entre ces catégories.
Le revenu est un critère de différenciation
sociale et de hiérarchisation de la société française.
En effet, en fonction de son niveau de revenu, un
individu pourra accéder à un panier de biens et de services.
Le revenu s’agit d’un capital économique
qui marque une différence entre ceux qui le possèdent en....
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