le commerce international
Publié le 09/10/2022
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LE COMMERCE INTERNATIONAL
En 1929, 1029 économistes avaient signé une pétition dans un
grand quotidien américain pour enjoindre les gouvernements à ne pas
céder au protectionnisme et c’est à nouveau ce qui s’est produit en 2009
de la part de milliers d’économistes dans un grand quotidien américain
pour insister que c’est toujours au moment des crises que les
tensions protectionnistes apparaissent de la manière la plus vive.
De plus, le protectionnisme risque d’aggraver une récession en
provoquant une contraction encore plus importante du commerce
international et une augmentation des prix.
Les économistes ne
dénoncent pas les théories de la spécialisation et du libre-échange
mais bien davantage le fait que les conditions pour que cette
libéralisation des échanges soit favorable à tous ou en tout cas au
plus grand nombre ne sont pas toujours réalisées.
Libre-échange = Situation dans laquelle les nations commercent
sans entrave tarifaire ou non tarifaire.
C’est aussi une dynamique,
évolution tendancielle vers cet état qui passe par l’abaissement des
barrières tarifaires et non tarifaires au fil du temps en s’interdisant un
retour en arrière.
Protectionnisme = C’est plus que l’inverse du libre-échange car il
décrit l’ensemble des moyens tarifaires et non tarifaires qui
contreviennent à une liberté de circulation internationale des biens et des
services.
Toutefois, dans une acception élargie, il concerne également des
entraves à la mobilité des facteurs notamment des capitaux et il peut
aussi concerner une instrumentalisation des taux de change
(protectionnisme par le change).
KRUGMAN = « La politique de change
scandaleuse de la Chine ».
Interdépendance croissante des économies nationales du fait de
l’accroissement du commerce de biens et services, de la mobilité
croissante des capitaux, et plus généralement la mobilité des facteurs de
production.
Et à ceci, on peut ajouter les échanges culturels.
Le commerce international est à 80% un commerce de biens.
Seul
1/5 est du commerce de services.
Le 1e exportateur mondial de
marchandises est la Chine.
Le 1 e importateur est les US.
Les importations
françaises de biens représentent 625 mrds $ et les exportations
représentent 535 mrds $.
La balance commerciale était de - 51 mrds $
hors services.
Les principaux fournisseurs sont l’Allemagne (16%).
Le
commerce intra-branche entre la France et l’Allemagne est de 80%.
Le commerce international croit aux alentours de 2 fois plus vite que
le PIB.
Tant que le PIB croit, le commerce international a tendance
à croire plus vite.
Inversement, quand on rentre en récession, le
1
commerce international se contracte très vite et le taux de
croissance devient inférieur au PIB.
Le risque du protectionnisme est
de contracter encore plus le commerce international.
Le
protectionnisme débute dès la fin des années 1870 (Grande Dépression).
Jean JAURES = « Le protectionnisme isole davantage qu’il ne
protège ».
Quels sont les fondements du libre-échange ? Comment expliquer
que s’il est favorable en termes de bien être, il y ait tant d’hostilité envers
la mondialisation et autant de tentations protectionnistes comme celles
symbolisées par TRUMP et le relèvement des droits de douane sur l’acier,
l’aluminium, envisagé sur le vin ? Toute tentation protectionniste
suscite
immédiatement
des
rétorsions
elles-mêmes
protectionnistes.
Le commerce international a-t-il besoin d’être
organisé ? Est-ce que tous les pays ont les moyens de développer le
protectionnisme ?
I.
Un commerce international fondé sur la spécialisation est
supposé être facteur de bien-être, ce qui fonde la raison
du libre-échange
A/ Des mercantilistes à la mise en évidence d’un jeu à somme
positive
1.
Les mercantilistes
La Richesse des nations est consacrée à la liberté du commerce et la
majeure partie au commerce international.
Cet essai s’inscrit en réaction à
un mercantilisme qui était un peu partout dans les esprits, très partagé
dans l’opinion.
MONTCHRESTIEN affirme « Nous faisons autant de pertes
que l’étranger fait de gains ».
Le commerce est un jeu à somme nulle.
2.
Théorie des avantages absolus et des avantages comparatifs
Chez SMITH, les nations doivent se spécialiser sur la base de leur
avantage absolu.
On peut espérer que chaque nation en dispose et, du
fait, pourra s’insérer dans le commerce international.
Des gains à
l’échange sont donc possibles pour tout pays et ce d’autant plus
élevés que les entraves au commerce qui ne profitent qu’à des
intérêts particuliers, commerciaux et industriels, seront levés.
Un des problèmes de l’analyse est qu’il n’est pas
dispose d’un avantage absolu et donc de la capacité
commerce international.
Cela conduit RICARDO
argument sur la base des avantages comparatifs.
certain qu’un pays
à s’insérer dans le
à reformuler cet
Il part du principe
2
que l’on est rationnel et donc que le capital et le travail doivent
être affectés à ce pour quoi on est efficace.
La nature nous a dotés
d’avantages qu’il faut savoir exploiter.
Par cette rationalité, chaque pays
produit davantage et de fait augmente le bien-être universel.
Chez
RICARDO, le capital est parfaitement mobile à l’intérieur des
nations mais immobile entre les nations.
C’est cette immobilité du
capital entre nations qui n’en justifie que davantage la nécessité
de se spécialiser sur la base des avantages comparatifs.
Dans son exemple, le Portugal est plus productif dans la
production de draps et de vins en termes de travail (nombre
d’hommes).
Comme il est plus efficace dans le vin, il requiert moins
d’hommes pour produire du vin et doit céder la production de draps à
l’Angleterre (pour qui la production de vin demande encore plus
d’hommes).
Le Portugal alloue alors tout son capital et son travail à la
production de vin et le supplément produit sera échangé contre une
quantité de draps plus importante que s’il l’avait produite lui-même.
La
spécialisation n’a finalement de sens qu’avec l’acceptation du
libre-échange.
Sur une longue période, le commerce international devrait répartir
ces masses monétaires entre les nations de telle sorte que l’échange
international sera finalement fondé sur les différences « réelles » liées à la
quantité de facteurs employés
3.
Division internationale du travail
La spécialisation internationale s’inscrit aussi dans l’idée d’une paix
universel, d’un bien-être universel puisque chaque nation commerce avec
d’autres et devient dépendante des autres et doit parfois accepter de
renoncer à certaines branches au profit des autres.
« Un jour viendra où il
n’y aura d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au
commerce et les esprits s’ouvrant aux idées » (V.
HUGO).
4.
Dotations factorielles et spécialisation
Chez RICARDO, les techniques de production sont différentes d’une
nation à l’autre.
C’est cette hypothèse que contredit une analyse
néoclassique du commerce international qui se fonde sur une équivalence
des technologies utilisées pour produire un bien dans chaque nation.
Cela
signifie que l’on considère que la connaissance sur les meilleures
techniques de production s’est diffusée entre les nations.
C’est sur
cette base que certaines analyses du commerce international vont tenter
d’expliquer la spécialisation quant au bien des nations.
C’est ce qui donne
3
naissance au modèle
SAMUELSON 1941).
HOS
(HECKSCHER
1919,
OHLIN
1933,
Cette spécialisation requiert un facteur de production dont une
nation dispose en abondance.
Un facteur abondant est moins coûteux
et donc il faut produire des biens qui supposent d’utiliser ce bien
peu coûteux.
HECKSCHER introduit l’idée que la spécialisation se fait sur la
base des dotations factorielles, c’est-à-dire dans la production de
biens nécessitant le facteur le plus abondant donc au coût unitaire
moins élevé.
Si c’est le cas, il doit alors se produire une convergence et
in fine une égalisation de la rémunération des facteurs de production
puisque l’augmentation de la demande du facteur abondant (peu cher) fait
pression à la hausse sur le prix et la rémunération de ce facteur.
Comme l’observent STOLPER et SAMUELSON (« Protection and
Real Wages », 1941) lors du passage de l’isolement à l’ouverture,
l’augmentation du prix d’un bien élève la rémunération réelle du
facteur le plus intensément utilisé dans la production de ce bien et
réduit la rémunération réelle du facteur le moins intensément
utilisé.
Dès lors que les techniques de production seraient identiques
cette égalisation serait inévitable.
En 1933, OHLIN explique qu’il n’y aurait pas dans les faits une
convergence mais seulement une tendance à cette convergence de
prix des facteurs.
C’est la circulation des biens et de ses services est
donc ce qui permet cette tendance à l’égalisation.
Il est possible de
compter sur le commerce international pour permettre un rattrapage.
Le modèle HOS repose sur certaines hypothèses :
-
Il n’existe pas de coût de circulation des biens et des services à
l’échelle internationale
Les rendements d’échelle sont constants et des rendements
factoriels décroissants.
En 1955, RYBCZINSKI formule un autre théorème.
Si le facteur
abondant s’accumule plus rapidement que le facteur rare, la
spécialisation va s’accroître de manière plus que proportionnelle
(plus rapidement).
Mais d’un autre côté, il est tout à fait possible que le
facteur rare bien que toujours rare en nombre s’accumule plus rapidement
que le facteur abondant.
Si c’est le cas, c’est possible que les variations
relatives de salaires et non seulement les différences de niveau de salaire
influent sur la spécialisation de la nation voire changent cette
spécialisation (facteur travail avec main d’œuvre qualifiée et peu
qualifiée).
La spécialisation peut être fondée sur les évolutions de
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dotations factorielles plus que sur les dotations factorielles ellesmêmes.
Cela permet peut-être de mieux comprendre les évolutions dans
la spécialisation des nations.
Un autre facteur peut intervenir : la productivité relative des
facteurs.
En effet, comme le révèle le paradoxe de LEONTIEFF, les
USA dans les années 1950 semblent fortement dotés en capital
relativement à d’autres nations et relativement à leur dotation en travail.
On pourrait donc penser que les USA sont spécialisés dans l’exportation de
biens exigeant beaucoup de capital.
Or, il apparait que les USA
exportent des biens à forte intensité en travail.
Cela donne naissance
à une approche néofactorielle selon laquelle le facteur travail aux USA
dans les branches exportatrices est 3 fois supérieur à la productivité
individuelle du travail que l’on peut observer dans d’autres nations
fortement dotées en travail.
La productivité des facteurs importe au
moins autant que leur volume.
Toutes ces analyses tentent d’expliquer à la fois la
spécialisation des nations et à justifier le commerce international
sans pour autant démontrer en quoi le libre-échange serait
supérieur en termes de bien-être à l’échelle d’une nation et à
l’échelle internationale.
B/ Gain en bien-être et évolution vers le libre-échange
1.
Les gains issus de l’abaissement des droits de douane
P1 est en-dessous du prix d’équilibre parce que ce que l’on importe
est moins cher que s’il avait été produit nationalement.
Si l’on considère un bien homogène importé par une nation du fait
de coûts de production plus faibles à l’étranger et donc d’une offre
inférieure à l’offre de l’entreprise nationale, l’abaissement des droits de
douane qui conduit d’un prix P1 à un prix P2 pour ce bien élève le volume
de biens importés ce qui a pour conséquences une amélioration du bienêtre des consommateurs (W, X, Y, Z) ce qui réduit ou supprime les
recettes douanières pour l’Etat (-Y) et ce qui réduit le surplus des
producteurs (-W) qui produisent et offrent dans la nation un volume plus
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faible O2 et le vendent à un prix plus faible P2.
Ceci produit des gains
nets en terme de surplus social (X et Z) avec cependant pour
contrepartie une baisse de la production nationale de ce bien et
potentiellement une baisse de l’emploi dans la branche qu’il
produit.
Mais le libre-échange consiste pour ce pays à accepter
l’abaissement des droits de douane en échange du fait qu’un autre pays
(bilatéralisme : Traité Cobden-Chevalier, 1860) ou d’autres pays (CEE,
1957 Traité de Rome) ou tous les pays ou presque (signataires des
accords du GATT en 1947 ou ayant intégré l’OMC en 1995) s’engagent à
faire de même.
De fait, pour ce pays l’abaissement des droits de
douane dans le RDM va stimuler la production nationale et
potentiellement l’emploi pour un autre bien d’exportation sur
lequel cette nation va se spécialiser davantage.
2.
Les gains issus de la suppression des quotas
Certaines restrictions aux mesures protectionnistes reposent sur
les volumes d’importations : ce sont les quotas d’importation.
Cela
signifie que l’Etat va limiter de manière arbitraire le nombre de biens
importés.
La levée des quotas d’importation, déterminés à un volume M1
pour un bien X permet à des entreprises étrangères d’exporter davantage
sur un territoire.
Si leur structure de coût conduit ces entreprises
étrangères à un prix P2 alors les consommateurs sont donc moins
rationnés que lorsque les quotas existaient, ils ont accès à plus de biens
au moindre prix et gagnent toujours w, x, y, z.
En contrepartie, les
producteurs nationaux sont davantage concurrencés et avec des prix plus
faibles n’offrent que O2 ce qui réduit leur surplus de W.
Par rapport aux
droits de douane, les quotas sont une mesure protectionniste
encore plus coûteuse car lorsqu’ils existent, ils ne procurent
aucune recette fiscale à l’Etat.
De plus, dans le cas où la demande
nationale serait amenée à augmenter, l’existence de quotas réserverait à
des producteurs nationaux la capacité de satisfaire ce supplément de
demande (si les quotas sont constants) ce qui procurerait donc un pouvoir
de marché supplémentaire aux offreurs nationaux qui pourraient
davantage élever leurs prix et donc abaisser le surplus des
consommateurs.
Les quotas en particulier ont été très importants pour le secteur
textile avec notamment les Accords multifibres (1973).
Dès 1993, les
pays européens ont prévu une levée progressive en 10 ans des
quotas d’importation en provenance de pays dont la Chine.
Cela a
considérablement augmenté le volume de biens importés dès les années
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1990 dans les pays industrialisés ou développés.
En conséquence de cet
accroissement des importations la Chine a mis en place des
restrictions volontaires à l’exportation.
Le pays exportateur limite
quantitativement ce qu’il va exporter à l’étranger ce qui a le même impact
en termes de surplus pour le pays importateur (RVE = restriction
volontaire aux exportations).
Mais cela présente l’intérêt d’être beaucoup
moins conflictuel puisqu’il est à l’initiative de l’exportateur (acte de
bonne volonté) visant à ne pas susciter trop de tensions
protectionnistes chez l’importateur.
Mais il reste que cela contredit le
libre-échange.
3.
Les gains issus du renoncement aux subventions
Les subventions à l’exportation conduisent les offreurs
nationaux à rationner la demande domestique nationale en D2 plutôt que
D1 car le prix du bien considéré va s’établir au niveau P1+S et non plus
P1 pour les consommateurs nationaux, tandis que de leur côté, les
offreurs captent également une subvention sur chaque bien exporté.
Cette
offre augmente en O2 (ils sont incités à produire davantage car une partie
plus importante de la production est désormais rentable).
Ces subventions
peuvent être conflictuelles dans le commerce international.
Surplus producteur = W,X,Y – Surplus consommateur = -W-X – Surplus
Etat = -X-Y-Z
Subventions à l’exportation
Les Etats subventionnent à la production des biens pour
lesquels les entreprises nationales souffriraient d’une concurrence
étrangère (pays importateur).
La subvention à l’exportation ne
suffisait pas au départ à éviter des importations.
Une subvention à
la production signifie que l’Etat subventionne tout ce qui est
produit et pas seulement chaque unité exportée.
7
Subventions à la production
Coût subvention = (w+x) - Producteur = -w - Consommateur =
rien ne change (la quantité de produits de la nation diminue par rapport à
la quantité de biens produits par le RDM : il n’y a que la structure de
l’offre qui change).
Dans le cas des subventions à la production, l’Etat subventionne
tout le volume de production offert par les entreprises nationales.
Ce
volume de production est plus important de fait que lorsqu’il n’y aurait pas
de subventions (O1) car les entreprises peuvent couvrir les
suppléments de coûts de production par de ces subventions.
En
retirant ces subventions, l’offre nationale des producteurs est abaissée en
O2, l’offre qui reste rentable au prix P, prix mondial, prix auxquels les
biens sont importés.
Enlever ces subventions ne change rien au
surplus des consommateurs : ils consomment davantage de biens
importés qu’avant.
Mais l’Etat renonce à dépenser w+x, il y a donc
une économie de dépense qui excède les pertes de surplus des
producteurs (w).
Il y a donc un gain net pour la nation à renoncer
aux subventions (x).
Pour être autosuffisant, il faut que la subvention
soit S* avec un prix P*.
4.
Historique de l’évolution, de 1860 aux cycles de l’OMC
On comprend dès lors que depuis 1947 en particulier à une échelle
élargie de 23 pays, un plus grand nombre de pays soit acquis à l’idée
de
renoncer
progressivement
à
l’usage
de
mesures
protectionnistes.
Ceci est encore renforcé si on ajoute que selon le
théorème de STOLPER-SAMUELSON (1941), il peut y avoir une
convergence des niveaux de rémunération entre les pays grâce à la
spécialisation.
Si on suppose que deux pays, disons le pays A (développé) et le
pays B (non développé), soient tels que A ait un avantage comparatif à
produire des biens de haute technologie et B des biens de faible
technologie.
Avant ouverture des frontières, les travailleurs qualifiés sont
rares, et donc relativement plus chers qu'en A (ratio salaire qualifié/salaire
non qualifié très grand).
Après ouverture des frontières, les travailleurs
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non qualifiés de A font concurrence avec ceux de B, de même pour les
travailleurs qualifiés.
Les inégalités de salaires (ratio) s'accentueront en A
et se réduiront en B, contrairement à l'idée reçue selon laquelle les
inégalités s'accentueront partout.
Ici donc, dans le pays qui est rare en
travail qualifié, les travailleurs qualifiés seront pénalisés par l'ouverture
des frontières.
Ce théorème prédit donc une hausse des inégalités dans le
pays qui a un avantage comparatif à produire des biens de haute
technologie et une diminution dans celui qui a un avantage comparatif à
produire des biens....
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