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La gratuité est ele un bon outil de politique économique

Publié le 04/11/2024

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« La gratuité est-elle un bon outil de politique économique ? A partir de décembre 2023, les transports publics dans la métropole de Montpellier seront gratuits pour tous les habitants. Le but ? Promouvoir l’accès à tous à de moyens de transport qui soient à la fois écologiques et solidaires.

Pourtant, si d’apparence l’initiative semble converger vers un idéal presque philanthropique, nombreux sont ceux qui critiquent cette décision.

En effet, elle est accusée par certains d’être contre-productive car elle pousserait à un risque de saturation des réseaux mais aussi car elle représenterait un manque à gagner de près de 5% du budget de la métropole. Par cet exemple, il n’est pas difficile de remarquer que les enjeux de la gratuité dans la sphère économique s’avèrent pluriels.

En effet, faire en sorte que la gratuité (càd la production et l’obtention de biens/services sans contrepartie monétaire apparente) soit au service de l’économie et, plus précisément, des politiques économiques semble ambitieux voire utopique pour certains.

Car, n’estce pas justement la politique économique, cet ensemble de moyens mis en œuvre par l’Etat, qui vise les objectifs du « carré magique » (croissance, équilibre extérieur, stabilité des prix, plein emploi) de Kaldor, carré qui fait fi de tout concept lié à la gratuité ? N’est-ce pas elle aussi qui prône le « There is no such thing as a free lunch » ? Pourtant, la gratuité ne permet-elle pas de servir les « intérêts » et donc, dans une conception néoclassique, les « gains » de l’Etat et de la société en cherchant à répondre à des objectifs de justice sociale, d’efficacité économique voire de puissance politique ? En effet, n’incite-t-elle pas les agents à rester fidèles à une entreprise qui leur a autrefois offert un produit/service gratuit, tout cela étant fait pour la recherche de profit à LT ? Si notre analyse fera référence aux conceptions classiques, néoclassiques et keynésiennes entre le 18 e et le 20e siècle, elle s’enracinera principalement dans la période contemporaine en évoquant des sujets d’actualité. Dès lors, dans quelle mesure la gratuité est-elle un instrument à double tranchant pouvant à la fois être au service de la politique économique comme la rendre totalement inefficiente ? Annonce du plan. I – La gratuité semble a priori aller à l’encontre de la logique de profit qui règne dans nos économies actuelles, s’affirmant difficilement comme un instrument crédible « au service de » la politique économique a) Le cadre de pensée marchand rend la gratuité impossible et sous-optimale L’un des paradigmes sociaux dominants régissant les sté occidentales relève du paradigme économique et s’articule autour de l’intérêt, le progrès et la croissance.

On retrouve ici, de façon déguisée, quelques objectifs majeurs du « carré magique » au fondement de toute politique économique. Plus précisément, c’est notamment dans la conception classique du marché qu’est, dans une certaine mesure, condamnée la gratuité.

En effet, en caricaturant, la gratuité peut être assimilée à une demande exponentielle face à une offre arithmétique.

Elle se rapproche en cela de prix très bas sur des marchés.

Or, toujours dans une conception classique, un tel déséquilibre doit être corrigé par l’Etat lequel doit, par le biais de politiques économiques bien menées et surtout temporaires, résoudre cette défaillance de marché.

Mais alors, pourquoi parler d’une véritable défaillance de marché alors que notre analyse repose sur une certaine « caricature » économique ? Tout simplement car, plus concrètement, la gratuité peut se rapprocher du concept d’externalité conceptualisé par Pigou comme étant l’action d’un agent éco qui modifie le bien-être d’autres agent sans donner lieu à une compensation monétaire.

Chère aux Classiques, l’idée de lutter contre les déséquilibres du marché et contre les externalités, qu’elles soient positives ou négatives, peut ainsi constituer le premier pilier au fondement de notre réponse.

En effet, il semblerait que la gratuité ne soit pas un outil au service des politiques économiques mais bien un handicap pour celles-ci. Pour les néoclassiques, le prix est le transmetteur de l’information.

Sans prix (positif ou négatif), ce signal est brouillé.

De même, pour les keynésiens, le prix joue comme un signal de qualité ; il est susceptible d’engendrer des processus mimétiques qui aboutissent à des bulles spéculatives, comme à la Bourse.

Une action peut ne plus rien valoir, non parce que l’entreprise dont elle représente un titre de propriété ne vaut plus rien, mais simplement parce que les spéculateurs pensent que les autres spéculateurs pensent qu’elle ne vaut plus rien.

Comme l’avait bien compris Keynes, à la Bourse, mieux vaut comprendre la psychologie du marché que l’économie. b) Plus encore, la gratuité a paradoxalement un prix : l’endettement Car en effet, qui paie la gratuité ? Souvent, c’est l’Etat càd l’auteur des politiques économiques et cela se fait au prix d’un endettement croissant.

Or, l’endettement, s’il devient non maitrisé, peut s’avérer inefficace voire dangereux.

Il mène notamment les Etats à se refinancer sur les marchés financiers, phénomène qui peut entraîner un effet d’éviction délétère pour la consommation et l’investissement privé.

En effet, on dit que l’investissement public évince l’investissement privé.

Mais alors comment ? Tout commence lorsque l’Etat décide d’accroître sa demande de fonds prêtables, en même temps que les agents privés, ce qui crée un déséquilibre entre une demande abondante et une offre asphyxiée.

En suivant la logique classique de marché, cette offre > demande entraîne une hausse du coût de l’emprunt et donc une hausse des TI pour tous les agents.

Or, l’Etat étant perçu comme plus sûr va bénéficier de plus d’octrois de fonds prêtables ce qui se fera au détriment des agents privés.

C’est donc véritablement cet argent presque « accaparé » par l’Etat qui va desservir les entreprises privées et à terme qui poussera les politiques économiques à investir d’autant plus dans des secteurs en tension, tout cela étant encore fait au prix de l’endettement. De plus, à terme, un taux d’endettement élevé envoie de mauvais signaux aux investisseurs étrangers, aux partenaires économiques, créant donc des effets négatifs qui ne soient pas seulement microéconomiques.

En effet, un pays dont la prime de risque augmente et donc la crédibilité envers les agences de notation est mise à mal est affaibli.

C’est justement cet affaiblissement qui par la suite entraînera la mise en place de politiques économiques inefficaces et contreproductives ne cherchant qu’à « soigner » les maux/plaies actuels du pays et non pas à « créer » de nouveaux médicaments pour poursuivre la métaphore médicale. TRANSITION II – Pourtant, sous une forme déguisée, la gratuité semble bien être un outil, fût-il inefficace, utilisé par les Etats et notamment par les BC a) Du côté des banques et Etats : le Zero Lower bond (ou seuil plancher des TI nominaux) Lorsque les TI nominaux sont à 0 : possibilité pour les bq d’emprunter gratuitement auprès des BC.

C’est notamment ce qu’il s’est passé après la crise de 2008 lorsque la Fed a baissé son taux principal à son min (entre 0 et 0,25%) pour faire face au manque de liquidité des banques.

Or, cette « gratuité » symbolique de l’emprunt des bq auprès de la BC a de nombreux effets négatifs.

Si elle permet à CT de faciliter la sortie de crise, elle peut s’avérer très néfaste si elle amène le problème de la trappe à la liquidité. En effet, lorsque le taux d’intérêt est nul, les titres ont le même rendement que la monnaie, tous les agents ont intérêt à la détenir. Par conséquent, la politique monétaire n’est plus efficace car tout masse monétaire supplémentaire mise en circulation ne sera que davantage thésaurisée par les agents.

Dans ces conditions la gratuité se révèle dangereuse économiquement. De même, de telles PMNC, contribuent à alimenter ce que critiquait Greenspan : les banquiers centraux ont une préférence pour « nettoyer » l’explosion de bulle que de lutter contre leur formation.

Pour l’ancien présidente de la Fed de 1987-2006, c’est notamment par cet assouplissement monétaire post-2001 (bulle internet qui a posé les jalons de la crise des subprimes).

On voit donc que se diriger vers la gratuité, càd vers des TI de plus en plus bas et donc des conditions d’emprunts particulièrement avantageuses, amène à terme à des politiques économiques dangereuses. b).... »

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