DS 2 Sujet 1 Plus de croissance économique, est-ce moins de chômage ?
Publié le 02/11/2024
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DS 2
Sujet 1
Plus de croissance économique, est-ce moins de chômage ?
En cette fin d’année 2024, le taux de chômage en France est
estimé à 7,3 % de la population active.
Bien qu’il ait connu une tendance
à la baisse ces dernières années, l'économie française demeure encore
éloignée du plein emploi.
Cette situation soulève une question cruciale :
le pari du plein emploi, objectif affiché des deux quinquennats de
Macron, est-il encore atteignable ? Pour y parvenir, un regain de
croissance économique est indispensable.
Cependant, la prévision d'une
croissance relativement atone, estimée à 1,1 % en 2024, indique que
celle-ci n'est pas suffisamment dynamique pour générer un volume
d'emplois adéquat.
L'exemple des autres pays développés démontre par
ailleurs que la croissance à elle seule ne constitue pas une solution
miracle.
Il n'existe pas de modèle unique garantissant le plein emploi, et
l'économie française ne pourra pas se soustraire à la nécessité de
réformes structurelles.
Ainsi, nous analyserons comment l’accélération de la croissance
économique pourrait rapprocher la France du plein emploi (I), tout en
soulignant que cette dynamique n'est pas suffisante sans l'engagement
de réformes structurelles substantielles (II).
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I/ Une croissance plus soutenue est une des conditions à la baisse du
chômage
A) Il existe un chômage keynésien ou conjoncturel…
L'un des principaux types de chômage est le chômage keynésien,
également appelé chômage conjoncturel.
Ce type de chômage survient
lorsque la demande globale dans l'économie est insuffisante pour
soutenir le plein emploi.
DS 2
En d'autres termes, même si de nombreuses personnes souhaitent
travailler, les entreprises ne recrutent pas en raison d'une demande
effective trop faible.
Dans ce contexte, les ressources, notamment le
travail, ne sont pas utilisées à leur plein potentiel, conduisant à un
équilibre de sous-emploi.
Selon la théorie de Keynes, exposée dans son
ouvrage La Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la
monnaie (1936), la croissance économique est principalement
déterminée par la demande globale, et une insuffisance de cette
demande peut entraîner une hausse du chômage.
Pour illustrer cette dynamique, prenons l'exemple des Trente Glorieuses
(1945-1975) en France, une période marquée par une forte croissance
économique (5% par an en moyenne) et un chômage très faible (1-2%).
En revanche, lors de crises économiques, comme celle de 2008, nous
observons une montée du chômage liée à une contraction de la
demande.
La loi d’Okun, formulée par Okun dans Potential GNP (1962), souligne
ce lien en affirmant que pour chaque point de hausse du chômage, le PIB
potentiel diminue d’environ 2%.
Ainsi, la nécessité d’une relance de la
demande pour réduire le chômage involontaire devient évidente,
permettant aux entreprises d'embaucher à nouveau.
B) un chômage qui baissera via une politique appropriée
Pour lutter contre le chômage keynésien, il est impératif de mettre
en œuvre des politiques économiques appropriées, notamment une
politique de relance budgétaire et une politique monétaire expansive.
La politique de relance budgétaire consiste à augmenter les dépenses
publiques pour stimuler la demande globale.
Cette approche repose sur
l'idée que lorsque l'État investit dans des projets d'infrastructure, de
santé ou d'éducation, cela crée des emplois et augmente le pouvoir
d'achat des ménages, dynamisant ainsi la consommation.
Le
multiplicateur keynésien indique que chaque euro dépensé par l'État
peut générer un effet multiplicateur sur l'économie, entraînant une
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augmentation plus que proportionnelle de la production et de l'emploi
grâce aux effets induits sur la consommation et l'investissement privés.
Parallèlement, la politique monétaire expansive, qui consiste à réduire
les taux d'intérêt et à augmenter la masse monétaire, joue un rôle
crucial.
En rendant le crédit moins cher, elle incite les entreprises et les
ménages à emprunter et à investir, ce qui renforce également la
demande globale.
Un exemple concret de cette approche est le plan de soutien à
l’économie mis en place par le gouvernement français lors de la crise
financière de 2008.
Ce plan comportait des investissements massifs dans
les infrastructures, visant à relancer la croissance et à créer des emplois.
De plus, durant la pandémie de COVID-19, des dispositifs comme le
chômage partiel et les aides directes aux entreprises ont été instaurés
pour maintenir les niveaux d'emploi.
Le schéma de la « croix keynésienne » illustre ces interactions de
manière efficace.
Sur ce graphique, l'axe horizontal représente le PIB et
l'axe vertical la demande globale.
La ligne à 45 degrés indique les points
d'équilibre où la demande égale la production.
En cas de demande
globale insuffisante, le point d'équilibre se situe en dessous du plein
emploi, entraînant du chômage.
En revanche, une politique de relance
budgétaire déplace la courbe de demande vers la droite, augmentant
ainsi le PIB et réduisant le chômage.
La coordination entre les politiques
budgétaires et monétaires est essentielle : en agissant ensemble, elles
peuvent maximiser l’efeft sur l'emploi.
De plus, la relance européenne
coordonnée, comme celle prévue dans le cadre du plan de relance postCOVID, montre l'importance d'une action concertée au niveau européen
pour renforcer les effets des politiques de relance sur l'économie et
l’emploi.
C) Même si, en dernière instance, le contenu en emplois de la croissance
dépend de la productivité
Bien que la croissance économique soit essentielle pour réduire le
chômage, le contenu en emplois de cette croissance dépend en dernière
instance de la productivité.
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La productivité du travail, définie comme la quantité de production par
unité de travail, joue un rôle crucial dans la détermination du nombre
d'emplois créés lors d'une croissance économique.
L'équation emploi =
production / productivité montre que, même si la production augmente,
une hausse de la productivité peut réduire le nombre d'emplois
nécessaires pour atteindre ce niveau de production.
En d'autres termes,
si les gains de productivité sont élevés, les entreprises peuvent produire
plus avec moins de travailleurs, ce qui peut entraîner une diminution du
contenu en emplois de la croissance.
Ce phénomène est illustré par le concept de déversement, où les
travailleurs d'un secteur en déclin se déplacent vers des secteurs en
expansion, mais cela ne compense pas toujours les pertes d'emplois.
De
plus, le concept de destruction créatrice, formulé par Schumpeter dans
Capitalisme, Socialisme et Démocratie (1942), souligne que les
avancées technologiques peuvent entraîner la disparition d'emplois dans
certains secteurs tout en en créant de nouveaux dans d'autres.
Par
exemple, l'automatisation et le progrès technique dans des industries
comme la fabrication peuvent réduire le besoin de main-d'œuvre tout en
augmentant la productivité.
Les travaux de Pierre Cahuc et André Zylberberg dans Les Ennemis de
l’emploi (2004) mettent en lumière les effets de la productivité, ainsi que
l'effet de substitution, où les machines remplacent le travail humain, sur
le marché de l'emploi.
Ainsi, même si la croissance économique peut
conduire à la création d'emplois, il est essentiel de prendre en compte
l'évolution de la productivité pour évaluer le véritable effet sur l'emploi à
long terme.
Cela souligne l'importance d'accompagner la croissance économique par
des politiques d'éducation et de formation pour adapter les compétences
des travailleurs aux évolutions du marché.
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DS 2
II/ Mais une partie du chômage est relativement insensible à la reprise
de la croissance
A) Un chômage frictionnel et structurel
Une partie du chômage est relativement insensible à la reprise de
la croissance, notamment à travers les....
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