Agroforesterie

« PROJET COOP-CAKF/ PROGRAMME EQUITE II FORMATION DES PAYSANS RELAIS ET DES JEUNES COMPOSTEURS SUR AGROFORESTERIE FORMATEUR ADAMA KOBORE Conseiller en Agroécologie Guide du participant Mai 2021 SOMMAIRE I- DEFINITION ET ATOUTS DE L’AGROFORESTERIE II- CLASSIFICATION DES SYSTEMES AGROFORESTIERS (SAF) III- DESCRIPTION DE SYSTEMES AGROFORESTIERS D’INTERÊT EN CACAOCULTURE IV- MISE EN PLACE ET GESTION D’UN SYSTEME AGROFORESTIER A BASE DE CACAO V- TECHNIQUE DE MULTIPLICATION DES ARBRES SELECTIONNES I- DEFINITION ET ATOUTS DE L’AGROFORESTERIE QU’EST-CE QUE L’AGROFORESTERIE ? 1) C’est l’ensemble de systèmes et pratiques où les plantes ligneuses pérennes sont délibérément intégrées aux cultures et/ou aux animaux sur la même parcelle. 2) l’Agroforesterie consiste à concevoir des systèmes agricoles dans lesquels des arbres viennent s’ajouter dans le temps ou dans l’espace, à des cultures annuelles ou pérennes, ou à l’élevage En résumé, L’Agroforesterie est un mode de gestion qui combine production agricole et gestion des arbres sur une même parcelle. POURQUOI DEVELOPPER L’AGROFORESTERIE ? Pour répondre à certaines problématiques agricoles EN AGRICULTURE Augmentation de la population L’accentuation de la pression foncière Une diminution des terres cultivables L’agriculture itinérante sur brûlis, consommatrice d’espaces forestiers se pratique de nos jours sur des sols appauvris car l’itinérance est aujourd’hui freinée.

Ce type d’agriculture, par son ancienneté, témoigne d’une certaine efficacité mais représente un gaspillage important de ressources (modifications climatique, pertes en termes de biodiversité) Un raccourcissement du temps de jachère donc l’accélération des rotations. Les productions agricoles souffrent ainsi de la pauvreté générale des sols, et de la rareté des amendements minéraux trop coûteux ; EN FORESTERIE Des sols riches A l’inverse, le milieu forestier présente des sols fertiles, en raison d’une accumulation importante de matière organique dans les horizons supérieurs du sol : litière composée de feuilles, de racines, faible exportation minérale, vie microbienne développée et un sol fertile car rarement travaillé. En Agroforesterie, on cherche à imiter le fonctionnement de ces écosystèmes forestiers : un étagement de différentes strates (arbres, arbustes, herbacées) pour apporter diversité et matière organique au sol. A cela s’ajoutent des techniques de conservation des sols: réduction ou arrêt du labour, couverture permanente des sols, semis directs… Les étages de végétation en forêt naturelle IMPORTANCE DE L’ARBRE EN AGRICULTURE L’arbre est un élément fondamental de tout système agraire.

C’est un outil important que l’agriculture moderne néglige, notamment à cause de la mécanisation, l’utilisation d’engrais et d’herbicides. Sa présence sous forme de haies vives, de bosquets, d’alignements, témoigne de formes durables, établies, de l ’équilibre agroécologique que les anciens ont su établir avec le temps Les usages possibles des arbres en agriculture QUELS SONT LES ATOUTS DE L’AGROFORESTERIE ? L'agroforesterie répond à un réel besoin de durabilité des systèmes agricoles.

L'agroforesterie peut, ponctuellement, proposer des alternatives aux monocultures et à la déforestation totale de parcelles.

Elle inscrit ainsi l’agriculture dans une logique de gestion durable. Les systèmes agroforestiers peuvent constituer l’une des voies de sédentarisation de l’agriculture itinérante sur brûlis, sachant qu’elle pose le problème aigu de la perte de fertilité et de la gestion des mauvaises herbes. LES ATOUTS DE L’AGROFORESTERIE L’agroforesterie, association simultanée de végétaux ligneux et herbacés complémentaires sur une même parcelle, apparaît comme une alternative intéressante pour inciter à la plantation d’arbres.

Ce mode de production répond à certaines problématiques, notamment de maintien de la fertilité.

Son développement devrait être encouragé par les autorités car c’est un moyen d’améliorer la durabilité des exploitations et le respect de l’environnement. INCONVENIENTS - Les arbres peuvent concurrencer les cultures associées des strates plus basses vis-à-vis de la lumière, de l’eau et des éléments nutritifs ; mais également en terme d’occupation de l’espace disponible, tant dans le sol qu’audessus ; - Certains arbres ont des effets inhibiteurs sur les cultures ; - La modification du milieu entraînée par la présence des arbres peut favoriser la prolifération d’animaux (et en particulier d’insectes) nuisibles. II- CLASSIFICATION DES SYSTEMES AGROFORESTIERS Les systèmes agroforestiers sont la combinaison de : 1- Culture Arbres Systèmes agrosylvi coles SYSTEMES AGROSYLVICOLES (AGRISYLVICULTURE) - Les plantations sous couvert arboré ; Taungya Les brise-vents ; Les haies vives ; La jachère améliorée ; Les jardins de case ; Les jardins multi-étagés Les cultures en couloirs ; Les parcs agroforestiers bande de protection plantation de bornage préservation des espèces locales arbres complantés arbres sélectionnés Etc. 2) Animaux Arbres Systèmes ylvopastoraux LES SYSTEMES SYLVOPASTORAUX (SYLVOPASTORALISME) - Le pâturage dans les plantations forestières ; - Pâturage dans un espace arboré enrichi en essence de valeur - Les essences peuvent être fixatrices d’azote, productrice de fruits, de bois, de fourrage (Albizia, Acacia spp.) Culture Éleva Arbre Systèmes s LES SYSTEMES AGROSYLVOPASTORAUX (AGROSYLVOPASTORALISME - Cultures et élevage dans les plantations forestières ; - Arbres et élevage dans l’espace assigné aux cultures.

(ex.

Acacia albida + culture vivrière + élevage) ; - Arbres juxtaposés à l’espace agropastoral les systèmes agroforestiers (SAF) doivent assurer : Une diversification des espèces végétales par unité de surface (production agricole, production fruitière, production sylvicole) Une protection permanente des sols Une restauration continue de la fertilité des sols L’élimination des mauvaises herbes, des parasites et des maladies. NB : - Les composantes (les cultures, le pâturage/animaux et les arbres) peuvent être associées sur une longue période sur la même parcelle : l’association est dite permanente.

Exemple des cacaoyers sous les arbres forestiers et les arbres fruitiers. - Une des composantes peut disparaître au cours de l’association ou les composantes apparaissent de manière alternée sur la parcelle : l’association est dite temporaire. - Les composantes peuvent être agencées selon un ordre prédéfini, les lignes de plantation par exemple ; on parle d’arrangement spatial régulier.

Dans le cas contraire, on parle d’arrangement spatial irrégulier ; - Les SAF s’établissent sur des terres agricoles mais également sur des terres forestières (Méthode TAUNGYA). III- DESCRIPTION DE QUELQUES SYSTEMES AGROFORESTIERS D’INTERÊT EN CACAOCULTURE QUELQUES EXIGENCES DU CACAOYER - La température moyenne comprise entre 24 et 28 °C ; - La pluviométrie doit être comprise entre 1 200 et 2 000 mm bien répartis tout au long de l’année avec une saison sèche ne dépassant pas trois mois. - Préférence pour les précédents de forêt, recrû forestier, vieilles cacaoyères ou caféières. - un sol riche, bien drainé, profond, meuble en surface, sablo-argileux et dont la nappe phréatique est à plus d’un mètre de pro- fondeur.

Le cacao préfère des sols de pH acides (inférieur à 6) - La proximité d’un point d’eau afin de faciliter les arrosages et les traitements phytosanitaires LES SAF D’INTERÊT POUR LA CACAOCULTURE La jachère améliorée ; Les plantations sous couvert arboré ; Les jardins multi-étagés ; ESPECES FRUITIERES Palmier, Elaeis guinnensis Palmaceae Avocatier, Persea Americana Lauraceae Cafeier, Coffea arabica/ C.canephora Rubiaceae Manguier, Mangifera indica Anacardiaceae Colatier, Cola nitida Sterculiaceae Oranger, Citrus sinensis Rutaceae Raphia, Raphia hookeri Palmaceae Goyavier, Psidium goyava Myrtaceae Mandarinier, Citrus reticulata Rutaceae Cocotier, Cocos nucifera Palmaceae Pamplemoussier, citrus grandis Rutaceae Citronnier, Citrus limon Rutaceae Pomme Citerne, Spondias dulcis Anacardiaceae Corossolier, Annona muricata Annonaceae Anacardier, Anacardium occidentale Anacardiaceae Papayier, Carica papaya Caricaceae Bananier, Musa paradisiaca, Musaceae Rônier, Borassus aethiopum Palmaceae Ficus mucuso, Ficus mucuso Moraceae Petit kola, Garcinia kola Myrtaceae ESPECES FORESTIERES FAVORABLES Fraké Terminalia superba Combretaceae Iroko Pycnantus angolensis Moraceae Framiré Terminalia ivorensis Combretaceae Akpi Ricinodendron heudelotii Euphorbiaceae Tiama Entandophragma angolense Meliaceae Fromager Ceiba pentandra Bombacaceae Samba Triplochiton scleroxylon Sterculiaceae Gliricidia Gliricidia sepium Caesalpiniaceae Emien Alstonia boonei Apocynaceae Acajou Kaya anthotheca/k.grandifolia Meliaceae Ilomba Pycnantus angolensis Myristicaceae Mirabellier Spondias mombin Anacardiaceae Boborou Irvingia gabonensis Irvingiaceae Acacia Acacia auriculiformis/A.mangium Mimosaceae Ako Antiaris toxicaria Moraceae Niangon Heritiera utilis Sterculiaceae Kapokier Bombax Costatum Bombacaceae Kokoti Sapium aubrevilei Euphorbiaceae Koya Microsdesmis Puberula Euphorbiaceae Walè Cola cordifolia Sterculiaceae ESPECES FORESTIERES FAVORABLES Kotibé Nesogordena papaverifera Sterculiaceae Aniegre Poutera aningri Sapotaceae Sipo Entandophragma utile Meliaceae Bété Mansonia altisima Sterculiaceae Django Ficus goliath Moraceae Bon Cordia Platythyrsa Boraginaceae ESPECES INDESIRABLES Fromager, Ceiba pentandra (Bombacaceae) Parassolier, Musanga Cecropioides (Moraceae) Kolatier, Cola nitida (Sterculiaceae) Emien, Alstonia boonei (Apocynaceae) Walè, Cola cordifolia (Sterculiaceae) Kapokier, Bombax Costatum (Bombacaceae) LA JACHERE AMELIORÉE La jachère améliorée consiste à implanter des espèces ligneuses, le plus souvent des légumineuses, pour améliorer la capacité de la jachère à restaurer la fertilité du sol. Pour une jachère, installer des légumineuses arbustives (Gliricidia spp.

Albizzia spp., Leucaena leucocephala) tous les 4 m pour restaurer le sol et créer un ombrage pendant au moins 2 ans. Cet ombrage doit être planté en interligne (quinconce) en tenant compte de la densité des cacaoyers. 1ère taille de formation: après la formation de la couronne (2eme année de culture) Eliminer la moitié de l’effectif des légumineuses (une ligne sur 2) ; - 2eme taille de formation: au moment de la 1ère production.

- Eliminer la moitié des plants restants Quand les cacaoyers ont développé suffisamment leur arbres (20 à 30) propre ombrage Conserver quelques DANS UNE VIEILLE CACAOYERE En N-1, abattre 2 lignes de vieux cacaoyers sur 5 (plantation alignée 3 m x 2,5 m), sinon, délimiter des bandes de 9 ou 12 m de large et abattre 1 bande sur 2. En N2-3, abattre les vieux cacaoyers des bandes restantes Faire un piquetage selon l’écartement recommandé (3 mx 2,5 m) Installer les.... »