L'eau et sa symbolique
Publié le 18/06/2023
Extrait du document
«
De tout temps, les sociétés initiatiques ont fait subir des épreuves à ceux qui prétendaient les
rejoindre.
Par ces épreuves, le postulant se voyait éprouvé sur les plans physiques, psychiques et
spirituels.
Ces épreuves avaient pour but de vérifier la valeur et la qualité du postulant et de mettre
en évidence sa capacité à recevoir la lumière.
Même si historiquement, aucun document n'atteste que la maçonnerie spéculative est l'héritière
directe de la maçonnerie opérative (ou compagnonnage), l'analogie initiatique ne fait pas de doute.
Comment alors ne pas faire le rapprochement entre le voyage d'initiation du compagnon et son tour
de France ?
Au sortir du cabinet de réflexion, trois voyages m’attendaient.
Ils étaient constitués de plusieurs
épreuves faisant appel à l’Air, à l’Eau et au Feu et possédaient bien sûr un sens moral et
philosophique.
Ces trois voyages symbolisent ceux que faisaient les philosophes antiques pour
acquérir leurs connaissances.
S’ils sont au nombre de trois c’est parce qu’ils représentent les
contrées où la science fut développée aux origines à savoir la Perse, la Phénicie et l’Egypte.
Pour surmonter ces épreuves, le voyage de l’eau est nécessaire, puisqu’elle est source de purification
du corps et une sorte de baptême philosophique qui lave l’âme de ses souillures.
Pour les Égyptiens, au commencement, l'univers était un grand océan primordial nommé le NOUN et
les philosophes grecs, notamment Hésiode, pensaient que l’eau existait antérieurement à
l’organisation matérielle des autres parties du globe.
Elle occupe pratiquement les ¾ de la surface de
notre planète.
L’eau est source de vie.
Nous venons de l’eau.
Nous sommes des êtres hydriques.
Certaines cellules
de notre corps contiennent jusqu'à 99% d'eau.
En Franc-maçonnerie, l'initiation est basée sur les symboles car sans symboles, il ne peut y avoir de
parcours initiatique dans le sens d'apprentissage et de transformation de soi.
Alors, que représente alors ce deuxième voyage où l'impétrant est devant l'élément eau ?
Rappelons-nous ce voyage que nous avons tous réalisé sous le bandeau.
Mes frères, à force de vous côtoyer, je vous ai souvent entendu me dire que tout est symbole.
Alors
en regardant ma Pierre brute, je me suis rendu compte qu’il me serait difficile avec mes seuls maillet,
ciseau et équerre de réaliser une pierre cubique.
L'eau, avec le temps, polit la pierre brute.
Mais l’eau a bien d’autres vertus.
1
L’eau est médicinale
« L’eau est indispensable à la vie et à la santé.
Le droit de l’être humain à l’eau est donc fondamental
pour qu’il puisse vivre une vie saine et digne.
C’est la condition préalable à la réalisation de tous ses
autres droits.
» C’est avec ces mots que le Comité des Nations Unies pour les droits économiques,
sociaux et culturels a pris en 2002 l’initiative sans précédent d’inclure une « observation générale »
sur l’eau en tant que droit de l’être humain.
L’eau et la santé sont en effet étroitement associées.
Mais se laver est aussi indispensable
socialement.
De tous temps la propreté et le bain ont eu un rôle social important.
Esculape, le dieu
romain de la médecine et de la nootheapia ou thérapeutique de l’esprit, prescrivait le bain pour
purifier à la fois le corps, l’esprit et l’âme.
Hippocrate, le père de la médecine occidentale, utilisait
beaucoup l’hydrothérapie, qui fait désormais partie du programme des académies de médecine,
pour combattre certaines maladies physiques ou mentales.
Déjà Il y a plus de 3 000 ans, les Hébreux considéraient la régénération spirituelle comme une
responsabilité fondamentale de la société.
Ils réduisirent le bain à une activité presque ascétique,
excluant plaisir ou détente.
En 1055 avant J.C.
lorsque les peuples juifs se sédentarisèrent, le roi
David entreprit la construction de grands ouvrages de bains publics et de distribution d’eau qui
furent terminés sous le règne du roi Salomon.
Désormais, le bain n’était plus réservé à la seule
propreté physique ; il devait également permettre la purification spirituelle, s’appuyant sur le Talmud
selon lequel « Un juif ne peut vivre dans une ville qui ne dispose pas de bains publics.
»
Les effets des eaux thermales et de la thalassothérapie sont connus depuis longtemps.
Sénèque,
philosophe du 1er siècle de l’ère chrétienne, dans son ouvrage « Questions Naturelles » note que les
populations primitives ont rapidement pu utiliser les propriétés purificatrices de l’eau.
Les Romains
méritent leur réputation d’avoir réussi à combiner les valeurs spirituelles, thérapeutiques et sociales
du bain, et d’avoir élevé celui-ci au rang d’un véritable art.
« Sanitas per aquam » (la santé par l’eau).
Les eaux thermales ont ensuite végété pendant des siècles, supplantées par les sources
miraculeuses, devenues lieux de pèlerinage.
De Rocamadour à la grotte de Lourdes, il est toujours
question d’eau de source, mais ses vertus thérapeutiques sont d’essence religieuse et non plus
physico-chimique
Les hammams étaient également des lieux de retraite, réunissant purification physique et spirituelle ;
De même, les peuples nordiques conféraient un rôle spirituel et social au sauna.
Celui-ci n’était pas
simplement un endroit où transpirer et s’asperger d’eau, mais aussi un lieu de guérison.
Pour
exorciser le démon, les possédés y étaient battus avec une vihta, verge faite de brindilles de bouleau,
jusqu’à ce que les esprits mauvais prennent la fuite.
L’ensemble des textes du nouveau testament reprend et prolonge les écrits anciens et en particulier
les différents symboles.
Les écrits se situent également dans la même zone géographique, où l’eau
revêt une importance naturelle et sociale déterminante.
Il n’est donc pas étonnant que nous
retrouvions l’eau dans la plupart des paraboles et symbolique catholiques.
Jésus ne guérit-il pas un
paralytique en le jetant dans les eaux bouillonnantes ?
Notre corps à besoin de propreté pour rester en bonne santé et lors de ce deuxième voyage, on fait
subir au récipiendaire un baptême philosophique qui lave de toute souillure.
La voie d'eau est donc une voie de l'éveil progressif.
De même que l'homme à besoin de se laver
régulièrement pour éliminer les impuretés, les microbes et les bactéries qui s'accumulent à la surface
de sa peau, nous devons travailler sans relâche à notre amélioration personnelle «afin de nous élever
au-dessus des vils intérêts qui tourmentent les profanes ».
2
L’eau prolonge et sauve la vie puisqu’elle en est la donatrice première.
De même qu’elle est
indispensable à notre circulation sanguine, à la régulation de notre température et à notre système
d'élimination des déchets, elle est le symbole de la continuité de la démarche du maçon dans sa
recherche d’épuration.
La nature de l'eau est fluidité et mobilité.
Elle enseigne que la vie dont elle est
porteuse est mouvement et que nous ne saurions nous satisfaire d'immobilisme.
Seule cette
élévation permet de respirer.
Or c'est le premier et le dernier acte de la vie.
L’eau est germinale et fécondante
De tous temps l’eau a été associée à l’idée de fertilité.
Dans le panthéon des égyptiens,, trois dieux étaient liés à l'eau : Sobek le dieu-crocodile était associé
à l'eau, la fertilité, à l'inondation - Thot, le dieu à associé à la Lune, - Tefnout est la déesse de
l’humidité, de la rosée, de la pluie et des nuages.
Et n’oublions pas Hâpy, dieu égyptien du Nil, qui
était représenté sous la forme d’un personnage aux mamelles pendantes, symboles de la fécondité.
Dans l’Hindouisme, on vénère le Gange, fleuve nourricier, par le biais d’offrandes.
C’est l’eau qui fait
croître les grains et elle est l’unique soutien de la vie.
L’eau vient du ciel et, de même que la parole
de Dieu, féconde la terre après l’avoir purifiée.
Le salut que Dieu apporte à son peuple est symbolisé par l’eau : Il fait jaillir des sources dans le
désert, provoque la pêche miraculeuse au bord du lac de Galilée selon l’évangile de St Jean.
Jésus
commence même sa vie publique en transformant l’eau en vin, lors des fêtes de Cana.
Et quand il
demande à boire à Photine la Samaritaine et lui dit « qui boira l’eau que je lui donnerai, n’aura plus
jamais soif : l’eau que je lui donnerai devient en lui source d’eau jaillissante en vie éternelle », l’eau
devient conductrice de divinité et de vie éternelle.
Dans cette même religion catholique, l’eau baptismale est sanctifiée par le prêtre parce ce dernier y
plonge par 3 fois le cierge pascal allumé symbole de la vertu fécondante du Saint Esprit.
Il en est de
même quand le sous-diacre verse 1 à 2 gouttes d’eau dans le vin de messe.
L’eau mélangée au vin
lors de l’eucharistie représente l’humanité qui se mélange dans le sang du christ.
Chez les
orthodoxes, l’eau ajoutée est bouillante (la chaleur de la Foi qui a reçu l’Esprit sain).
Ces symboles sont repris abondamment notamment par les grands mystiques comme Ste Thérèse
d’Avilla ou St Jean de la Croix : l’atteinte de la perfection divine ressemble à un arrosage et une
irrigation de l’âme.
Dès lors l’épreuve de l’Eau parfait la mort du vieil homme vécue dans le cabinet de réflexion,
permettant ainsi de laver l’âme et provoquant une régénération telle la pluie qui vient faire germer
les graines enfouies.....
»
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