hume
Publié le 06/11/2022
Extrait du document
«
I.
Les principes universels
Un pyrrhonien ne peut s'attendre à ce que sa philosophie ait une influence
constante sur l'esprit; ou, si elle en a, que son influence soit bienfaisante pour la
société, Au contraire, il lui faut reconnaître, s'il veut reconnaître quelque chose,
qu'il faut que périsse toute vie humaine si ses principes prévalaient
universellement et constamment.
Toute conversation et toute action cesseraient
immédiatement, et les hommes resteraient dans une léthargie totale jusqu'au
moment où l'inassouvissement des besoins naturels mettrait une fin à leur
misérable existence.
Il est vrai, un événement aussi fatal est très peu à craindre.
La nature est toujours trop puissante pour les principes.
Bien qu'un pyrrhonien
puisse se jeter, lui et d'autres, dans une confusion et un étonnement
momentanés par ses profonds raisonnements, le premier et le plus banal
événement de la vie fera s'envoler tous ses doutes et tous ses scrupules, et il le
laisse identique, en tout point, pour l'action et pour la spéculation, aux
philosophes de toutes les autres sectes et à tous les hommes qui ne se sont
jamais souciés de recherches philosophiques.
Quand il s'éveille de son rêve, il est
le premier à se joindre au rire qui le ridiculise […]
La vie : le premier et le plus banal événement de la vie
La connaissance évaluée par ses conséquences pratiques: l'hypothèse
pragmatiste
L'hypothèse pragmatiste a pour origine l'hypothèse sensualiste
relativiste, mais elle introduit la médiation de l'action.
Nous ne sommes pas
simplement des êtres sensibles, mais également des êtres vivants en capacité de
se mouvoir.
Nos perspectives sensibles sont expérimentées dans la pratique.
La
valeur d'une hypothèse est évaluée à partir de ses conséquences pratiques.
L'expérimentation pragmatiste se caractérise par un certain nombre de
points.
L'être humain, en tant qu'être vivant, tend à se conserver en vie.
La
vérité correspond donc à ce qui nous utile.
Mais on pourrait alors objecter qu'un
mensonge peut nous être utile et ne pas correspondre à la réalité.
Néanmoins,
l'hypothèse pragmatiste consiste à supposer que ce qui nous est réellement utile
l'est parce qu'il correspond à la réalité.
L'hypothèse selon laquelle l'erreur
pourrait être utile est considérée comme absurde.
En effet, un être vivant ne
peut pas survivre en agissant d'une manière contradictoire avec son milieu, à
savoir avec la réalité.
Les opinions issues des perspectives sensibles sont expérimentées dans
l'action.
L'expérimentation permet de réfuter une opinion, mais elle ne permet
pas de la vérifier.
Celle-ci peut toujours être réfutée par une expérience
ultérieure.
Outre l'expérimentation du fait que nous sommes des êtres sociaux,
ces expérimentations sont menées collectivement et sont discutées
collectivement.
Le résultat de l'expérimentation doit résister à la discussion
argumentée.
Le pragmatisme introduit un primat de l'action sur la théorie puisque
c'est à l'aune de leurs conséquences pratiques que les hypothèses sont évaluées.
Le pragmatisme n'introduit pas une rupture entre les faits et les valeurs.
Les faits
supposent des valeurs, par exemple, d'ordre épistémiques, mais les valeurs sont
elles-mêmes argumentées à partir de faits.
La rationalité, tout comme les connaissances rationnelles, est le produit
des règles issues de l'expérimentation et de la discussion.
La vérité est donc une
situation idéale dans laquelle il y aurait adéquation entre nos connaissances et la
réalité.
Il n'y a pas d'incommensurabilité entre nos paradigmes, en effet dire
qu'ils sont incommensurables suppose justement que l'on soit capable de les
comparer.
II.
Les réponses sceptiques pour contrer l’objection
Il y a, certes, un scepticisme plus mitigé, une philosophie académique, qui peut
être à la fois durable et utile et qui peut, en partie, résulter du pyrrhonisme, de
ce scepticisme outré, quand on en corrige, dans une certaine mesure, le doute
indifférencié par le sens commun et la réflexion.
Hume objecte au scepticisme outré, impossibilité å être une philosophie
pratiquement applicable dans la vie.
L'objection est décisive, mais un tel
scepticisme demeure théoriquement valable et les doutes qu'il suscite résultent
de « profonds raisonnements II faudra donc —c'est l'objet de la deuxième
substituer å ce scepticisme « outré » un partie scepticisme « mitigé », qui
n'empêche pas de croire, ni d'agir, mais permet de battre en le dogmatisme
spontané de l'esprit humain.
Ce scepticisme mitigé aura alors comme principale
vertu de montrer le caractère peu assuré de nos opérations cognitives, même les
plus fiables, c'est-å-dire de poser le problème de la vérité en termes de
croyance, et non de certitude
Les hommes, pour la plupart, sont naturellement portés à être affirmatifs et
dogmatiques* dans leurs opinions; comme ils voient les objets d'un seul côté et
qu'ils n'ont aucune idée des arguments qui servent de contrepoids, ils se jettent
précipitamment dans les principes vers lesquels ils penchent, et ils n'ont aucune
indulgence** pour ceux qui entretiennent des sentiments opposés
*Qui se pose ou s'impose dans l'existence d'une manière ferme et
décidée/pensée selon laquelle on a une vérité absolue que l’on refuse de
remettre en question
** Attitude ou caractère d'une personne qui excuse, pardonne les fautes d'autrui,
qui n'est pas sévère, qui s'abstient de punir ou punit avec peu de sévérité.
Il explique que l’homme à ce penchant à souvent se donner raison sans écouter
autrui et cela de manière naturelle et spontanée.
Prenons en exemple Twitter,
lorsqu’on observe les commentaires fait sous les publications d’une photo d’un
ami, on remarque qu’il n’y a que des avis tel que « tu es belle » ou
« magnifique » mais pas de discours remettant en question cette photo en disant
qu’elle n’est pas belle et pourquoi sous peine de risque de revenir à ce penchant
naturelle qu’est de se donner raison à soi-même.
Un dramaturge français nommé
Henri Monnier a dit « c’est mon opinion et je la partage ».
Ce qui est amusant
dans cette phrase, c’est que l’auteur dit vouloir partager mais il ne le fait pas
puisqu’il dit que c’est les siennes.
En d’autres termes, cette phrase nous montre
bien la mauvaise foi de l’homme quand au fait de partager ses idées, encore plus
ironique quand il sait qu’il ne le fait pas.
Là aussi nous remarquons que l’idée de contrepoids que Karl Popper nous avait
donner avec l’importance de l’hypothèse, qui sans ça, ne rend que nos
observations stériles et qui nous mène à rien.
Là aussi on voit que que cette
différence que procure l’hypothèse et une thèse scientifique réside dans la
capacité d’être toujours en dessous d’elle-même.
Dans la plupart des
propositions scientique, cette hypothèse n’est utilisée que pour permettre la
validation de notre raison : l’expérience.
Et à la différence de la vérité qui elle
cherche à être unique, elle, sait qu’elle ne le sera jamais puisque l’avancée
scientifique ne cesse de changer et donc de remettre en question.
« précipitamment » Nous montre bien que les opinions dogmatiques sont prises
de manière instantanée, sans réelle réflexion puisqu’il faut du temps pour
réfléchir.
Et l’une des choses que les sceptiques ne veulent pas faire c’est de
juger mais par principes, puisque sinon cela rendrait leur jugement fausser, d’où
leur suspencion de quelconque assentiment sur certains sujets.
Hésiter, balancer, embarrasse leur entendement***, bloque leur passion et
suspend leur action.
Ils sont donc impatients de s'évader d'un état qui leur est....
»
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