Prépas GSR LE MONDE (2023)
Publié le 10/05/2023
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Prépas GSR
LE MONDE (2023)
Les Paragraphes de M.
SERHANI
(11-20)
11.
Hannah Arendt
Aimer le monde : Amor mundi
Il faut dire que les sens du mot « monde » varie chez Hannah Arendt et vont
de la foule au cosmos.
Pour cette politologue américaine d’origine allemande, la
notion de monde interroge notre capacité au partage.
C’est dans ce sens que son
analyse du monde élimine la « privation-du-monde » en se demandant sur ce qui
peut faire du monde « un monde commun » capable d’accueillir la diversité des
hommes et de les mettre en dialogue tout en respectant leur intimité.
En effet, elle
critique le système totalitaire qui est en rupture avec l’intérêt commun car toute
hégémonie entraine un monde similaire à un « enfer terrestre ».
Il va falloir
éradiquer le mal pour exclure cette volonté coupée du partage du monde.
Ainsi,
dans son livre La condition de l’homme moderne (1958), Arendt montre que le
monde est tout ce qui est artificiel : « le monde où nous naissons n’existerait pas
sans l’activité humaine qui l’a produit ».
Autrement dit, le monde résulte du
travail, de l’œuvre et de l’action.
En agissant, l’Homme s’offre « un séjour plus
durable et plus stable sur la terre ».
Si les objets du monde finiront par se
corrompre, « l’œuvre de nos mains » survivra et contribuera à ériger un « monde
commun ».
Arendt fait l’éloge de l’engagement dans le « domaine public » où la
parole nous permet de tolérer la diversité et la différence.
Or ce n’est pas le corps
qui fait notre appartenance au monde (comme le dit Merleau-Ponty).
Le corps est
seulement ce qui nous lie à la nature.
C’est pourquoi, le corps est déprécié et caché
dans le « monde commun » (l’exemple des femmes).
Le monde est notre loge et
refuge que nous sommes censés aimer pour en être responsables et dans lequel
nous devons être engagés pour le protéger et pour le sauvegarder.
Enfin, les
hommes sont invités à se rassembler pour avoir une puissance fondée sur l’action,
la parole et le partage qui peuvent nous donner un monde meilleur.
12.
Platon
Le monde est l’œuvre parfaite du Démiurge
Dans son livre le Timée, Platon définit le monde comme l’œuvre du
Démiurge considéré comme un géomètre qui a créé un monde parfait et cette
création répond à la Théorie des Formes car le monde a son modèle vrai et idéal
dans le monde des Idées.
Avant l’intervention du Créateur, le monde était une
« khôra », c’est-à-dire une matière dispersée et dépourvue de forme (« informe ».
Le monde est conçu selon des formes géométriques (le cercle, le triangle, etc.),
dans la mesure où le Démiurge lui a conféré une forme sphérique qui prouve sa
perfection.
Pour Platon, le principe qui régit le monde est double : c’est une
totalité ordonnée dans sa beauté.
Le monde est donc synonyme de convenance,
de bienséance, d’ingénierie et d’esthétique.
Puisque Platon est dualiste, sa
conception du monde répartit ce dernier en « monde réel falsifié » et en monde
« idéel et vrai ».
De plus, le monde est une preuve de « la beauté divine » : par
transitivité, le monde créé à l’image de son créateur ne peut être que beau et
parfait.
Il faut préciser que le Timée est un discours sur le monde (une cosmologie)
qui se transforme en anthropologie dans la mesure où l’Homme se soumet aux
mêmes lois physiques que le monde : macrocosme et microcosme.
Le monde a
été créé pour qu’il passe de l’état chaotique et informe à l’état d’ordre et de beauté
et pour répondre au modèle divin.
Ce monde est doté d’âme et de forme que Platon
appelle « Anima mundi », l’âme du monde.
13.
Stoïciens : Marc-Aurèle, Épictète et Sénèque
La « Citadelle intérieure » et les « citoyens du monde »
Les trois stoïciens s’accordent pour explorer le monde intérieur qui exige
qu’on brise tous les remparts qui font obstacle à cette analyse de soi et à cette
introspection.
Sur le plan cosmologique, ils conçoivent le monde comme un
« vivant animé » non comme une matière passive et inerte.
C’est un organisme
vivant renfermant une étincelle de vie.
Autrement dit, le monde est
anthropomorphisé car on le compare à « un grand corps », un organisme doté
d’âme, d’intelligence et de logos (la Raison du monde).
Il faut souligner que le principe sur lequel est basé la morale stoïcienne est
le suivant : l’individu est appelé à se conformer au modèle de la nature ; à
s’accorder avec « l’ordre du monde », « l’âme du monde ».
En effet, le monde est
conçu dans l’immanence qui correspond à ce qu’ils appellent « l’ordre mondial ».
Ainsi, le monde est ce « tout » si ordonné que ses parties, si disparates soientelles, s’organisent dans une « osmose mondiale » que les Stoïciens appellent « la
sympathie universelle ».
En d’autres termes, il n’existe ni blanc ni hiatus ni conflit
entre les parties du mondes.
Les êtres et les choses du monde s’aiment et c’est ce
qui fait « la beauté du monde ».
Tous les éléments du monde partagent le même
souffle et le même sentiment (« Le soleil est utile à la terre »).
D’ailleurs, cet ordre fait de l’Homme « un citoyen du monde » qui participe
d’une philanthropie universelle : « l’Homme est amoureux de l’Homme » (à
l’opposé de la philosophie de Thomas Hobbes qui affirme que « l’homme est un
loup pour son semblable » : le monde est formée à partir de cette « guerre
totale »).
Par conséquent, s’aligner à l’ordre du monde, c’est descendre dans son
« for intérieur » pour obtenir la bienveillance qui nous permet de vivre
conformément à l’ordre et à la beauté du monde (« Changer ses désirs plutôt que
l’ordre du monde », écrit Descartes en avouant l’influence des Stoïciens).
Dans
ce sens, Marc-Aurèle écrit ses pensées à soi-même pour évoquer « la citadelle
intérieure » censée rester inaccessible aux tristes passions et à tout ce qui ne
dépend pas de nous.
Sénèque fait de ce « courage d’être soi » une condition sine
qua non pour mériter une vie heureuse et Épictète nous invite à accepter le monde
tel qu’il est en exerçant les trois vertus : éthique, logique et physique.
14.
Aristote
Le cosmos physique
Aristote pense le monde en physicien en le répartissant en deux mondes : le
monde sublunaire régi par le lourd et le léger, susceptible d’être corrompu et
transformé, et le monde supralunaire, parfait, incorruptible et rempli d’éther qui
est le domaine des astres.
En effet, la conception aristotélicienne du monde est
fondée sur une vision géocentrique où la Terre constitue le centre de ce monde
clos et limité.
Par conséquent, le monde est strictement physique, synonyme
même de « nature » et n’admet aucun au-delà ; un monde unifié et fermé qui abolit
la métaphysique.
Au sein de ce monde, le mouvement des corps revêt une
interprétation éthique où le point de repos correspond au bien et le mouvement est
associé au mal.
La physique a donc une dimension morale dans un monde régi par
le principe suivant : « tout corps poursuit sa démarche indéfiniment jusqu’au point
de repos, s’il ne rencontre pas d’obstacles.
» C’est dire que le monde selon
Aristote est à la fois tangible, concret, clos et dont le ciel représente le plafond et
la « voûte ».
15.
Pierre Bourdieu
Objectiver le monde par l’art
Dans son livre Les Règles de l’art, Bourdieu pense le monde en sociologie
en affirmant qu’en plus de sa dimension spirituelle, le monde de l’art....
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