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L’art d’aimer

Publié le 03/04/2023

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« Application 12 : L’art d’aimer.

(Plan détaillé) L’art :  Une forme d’expression qui passe par des oeuvres visant l’expression d’un idéal esthétique.  Una activité humaine qui passe par une forme afin d’exprimer des préoccupations et des croyances, traduire une émotion esthétique (l’expérience du beau) et à agir sur un récepteur.  Une technique qui suscite un plaisir admiratif : forme plastique, visée morale, conception intellectuelle… Deux conceptions :  Une conception ouverte qui situe l’art par rapport à l’idéal esthétique recherché et indépendamment de la nature de l’oeuvre ;  Une conception restrictive qui exclut les disciplines du langage et se focalise particulièrement sur les arts plastiques. La réflexion sur l’art devient problématique lorsqu’on décide de lui conférer fonction et sens :  Les Anciens ont reconnu presque unanimement l’utilité de la poésie par exemple.

Aristote et Horace l’ont située comme genre majeur destiné à comprendre le comportement humain.

Ainsi, Aristote avance dans sa Poétique que la poésie est une imitation de la nature.  Cette conception, rattachant l’art à la réalité et lui donnant un trait distinctif et une fonction, s’est perpétuée dans la Renaissance.

En effet, les Humanistes ont continué à puiser dans les Anciens et à affirmer la relation de la poésie au monde extérieur.  Le classicisme poursuivra dans la même voie et demandera à l’art d’être beau et vrai tout en contribuant au bien. Ainsi, Boileau déclare dans son Art poétique que « Rien n’est beau que le vrai : le vrai est seul aimable ».  Un déplacement sera effectué avec les Romantiques au XIX ème siècle.

Ces derniers emprunteront d’autres chemins mais continueront à faire de l’art une connaissance du monde.

Le poète s’annonce dès lors comme un phare et se sent investi d’une mission prophétique si bien que le lyrisme personnel se déclare parfois collectif (chanter le mal du siècle).  Le déplacement capital est celui effectué par les partisans de « l’Art pour l’Art ».

Ces derniers évoquent que l’art ne doit plus se soumettre à une intention quelconque et plaident pour un art coupé du monde.

Alors, tout en voulant rivaliser et ébranler la conception classique, ils ont accordé à l’art un autre sens et une autre fonction.  C’est l’expression d’une sensibilité désintéressée qui aspire à dégager l’art de toute utilité.

L’art est censé produire la beauté, une beauté désintéressée, c’est pourquoi le jugement ne doit pas vouloir se servir de la chose en vue d’une fin mais de l’aimer pour elle-même. Deux considérations :  Si l’art d’aimer consiste à forger la méthode et les règles à mettre en exécution afin de parachever un projet et d’opérer une oeuvre, l’art d’aimer s’applique à instituer les recettes à mettre en pratique afin d’éclaircir les mystères du sentiment amoureux, de cerner ses contours, d’agir en bon séducteur et d’optimiser la « performance » amoureuse.  L’art d’aimer s’avère relativement un art poétique comme il est censé contenir les principes esthétiques à transcrire afin de créer une oeuvre, l’incarnation d’une beauté quelconque.

Ainsi, l’amoureux, porteur d’un idéal, s’applique à concevoir un art d’aimer, qui lui est propre, ou à puiser dans des dispositifs communs afin de se conduire conformément dans les terrains inhérents au dispositif amoureux, l’oeuvre en exécution. I- Peut-on concevoir un art d’aimer ? Aimer, le motif d’une querelle esthético-philosophique : Aimer aux confins du désapprentissage et de l’apprentissage : Zygmunt Bauman, L’amour liquide : « Ces abondance et apparente disponibilité soudaines d’« expériences d’amour » peuvent (et ne s’en privent pas) nourrir la conviction selon laquelle l’amour (tomber amoureux, solliciter l’amour) est un savoir-faire qui s’apprend et dont la maîtrise croît avec le nombre de tentatives et l’assiduité de l’élève.

[…] Il s’agit là, cependant, d’une nouvelle illusion… » = A force de multiplier les expériences d’amour, le sujet amoureux croit en la possibilité de concevoir un savoirfaire lui permettant d’identifier les attributs de ce sentiment, de comprendre sa mécanique et d’exceller dans sa « transposition didactique », or, cette supposition, définie sous le signe de l’intensité laconique, engendre une liquéfaction de l’amour : ce tâtonnement expérimental entraîne paradoxalement un apprentissage à l’envers, aimer n’est plus certain, et dégénère en désapprentissage comme il ne prend pas en considération l’indétermination inhérente à ce sentiment. Gabriel Marcel, « Notes pour une philosophie de l'amour » : « De nos jours, Jacques Chardonne a intitulé un recueil d'aphorismes : L’amour c'est beaucoup plus que l’amour.

Je n'oserais jurer qu'il ait pris cette affirmation dans le sens que je cherche à préciser, toujours est-il qu'il a mis l'accent sur une vérité profonde en nous donnant à reconnaître que l'amour est en quelque façon incommensurable par rapport à lui-même ; il se pourrait, après tout, que cette sorte de disparité interne fût à l'origine de nos difficultés.

» = Les théoriciens de l’amour ne manquent point et s’emploient à penser sa nature en termes de codes. Néanmoins, une telle figuration ne rend pas compte de l’amour ce qui revient à se demander pourquoi ce sentiment est déployé, depuis Platon, pour qualifier, parfois paradoxalement, plusieurs modes d’engagement distincts.

L’amour se veut inconcevable à tel point qu’il outrepasse ses attributs, d’où l’intérêt de considérer, avec prudence les tableaux communs, instaurés pour le classer théoriquement. Erich Fromm, L’art d’aimer : « Ce que nous voulons montrer en effet, c’est que l’amour n’est pas un sentiment à la portée de n’importe qui : il dépend de notre niveau de maturité.

» « L’amour est-il un art ? En ce cas, il requiert connaissance et effort.

Ou bien l’amour est-il une sensation agréable, dont l’expérience est affaire de hasard, ce dans quoi l’on « tombe » si la chance vous sourit ? Ce petit livre se fonde sur la première prémisse, bien que sans nul doute la plupart des gens croient aujourd’hui en la seconde.

» = L’amour est un art, il implique des notions spécifiques et une persévérance assidue.

C’est une expérience élitiste à tel point qu’elle exige des modalités particulières. = L’apprentissage de tout art exige une double approche mariant théorie et pratique pourvu qu’on lui accorde une place capitale et qu’on s’y applique avec intérêt.

Cela explique pourquoi, et bien qu’il jouisse d’une aura peu commode, l’amour ne fait pas l’objet d’un apprentissage ; il n’occupe pas le sommet dans la hiérarchie des activités qui préoccupent les gens.

Néanmoins, nonobstant les biens correspondant à tout apprentissage, l’art d’aimer résonne une nécessité. Aimer, de la reproduction imitative : René Girard citant Jules de Gaultier, Mensonge romantique et vérités romanesques : « C'est à Jules de Gaultier qu’il faut demander la définition de ce bovarysme qu’il découvre chez presque tous les personnages de Flaubert : " Une même ignorance, une même inconsistance, une même absence de réaction individuelle semblent les destiner à obéir à la suggestion du milieu extérieur à défaut d’une autosuggestion venue du dedans.

" Gaultier observe encore, dans son célèbre essai, que, pour parvenir à leur fin qui est de " se concevoir autres qu’ils ne sont ", les héros flaubertiens se proposent un « modèle » et " imitent du personnage qu’ils ont résolu d’être tout ce qu’il est possible d’imiter, tout l’extérieur, toute l’apparence, le geste, l’intonation, l’habit ".

» = Le désir est sous-tendu par l’imitation.

René Girard met en cause la pensée romantique qui définit l’amour comme un rapport mimétique entre deux actants.

Il repère un mécanisme différent du désir humain.

Au-delà de la trajectoire linéaire ou de la ligne droite articulant le désir comme une tension binaire (sujet-objet), Girard propose un schéma triangulaire (sujet-modèle-objet) illustré à travers des oeuvres romanesques (Don Quichotte, Madame Bovary, Julien Sorel…).

Girard met en question la propension individualiste pensant l’homme comme une entité libre et autonome, un « mensonge » qui semble trouver son épanouissement littéraire avec le héros romantique.

Girard reconnaît la présence de l’Autre dans le désir au coeur du génie romanesque alors que le mensonge romantique pense le héros comme une entité divine ou surhumaine, et par conséquent autosuffisante. Le sujet amoureux ne conçoit pas, ex nihilo, son art d’aimer mais procède par médiation et imitation.

Le modèle n’est pas toujours un individu, il se peut qu’il soit un être de papier, une oeuvre, une valeur… Madame Bovary s’applique par exemple à entretenir avec le réel et à concevoir l’amour sous le prisme des romans sentimentaux. Pascal Bruckner, Le paradoxe amoureux : « Tout le langage de l’amour est pareillement emprunté, au double sens du terme : contraint et antérieur à nous.

» = L’amour se déploie à travers une rhétorique puisée dans un lot linguistique partagé et perpétué.

Ainsi, l’amoureux recourt à un code déjà institué afin de transposer son sentiment et s’oblige à dire l’instantané sous le prisme du normatif. Aimer, les amoureux des arrière-mondes et les briseurs de miroirs : Tout art d’aimer reprend à proportions diverses les éléments constitutifs de toute structure de l’esprit (structure dite bicamérale et englobant le sacré et le profane) et de toute l’histoire de la philosophie (l’idéalisme et le matérialisme.... »

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