Dissertation - La vie en société est-elle nécessairement conflictuelle ?
Publié le 02/05/2022
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Dissertation - La vie en société est-elle nécessairement
conflictuelle ?
« La rupture par l’Arabie saoudite de ses relations diplomatiques avec l’Iran, dimanche 3 janvier, a
creusé la cassure confessionnelle entre chiites et sunnites au Moyen-Orient.
», explique Louis Imbert,
correspondant à Jérusalem du journal Le Monde, dans un article du 6 janvier 2016.
En effet, ce conflit
entre ces deux branches de l’Islam ne date pas du XXIe siècle et puise en partie ses origines à la mort du
prophète, en 632 à Médine, dans l’actuelle Arabie saoudite.
Les tensions augmentent entre les
compagnons du prophète qui désignent Abou Bakr, comme successeur de Mahomet, et les chiites, qui
réclament ce droit aux descendants directs du prophète, sa fille Fatima et son gendre Ali.
Ce dernier sera
écarté du pouvoir, puis deviendra, vingt-cinq ans plus tard, le quatrième calife, avant d’être tué par
d’anciens partisans devenus dissidents, les kharidjites.
Cet exemple de conflit qui perdure à travers les siècles pousse à une réflexion sur l’essence des rapports
humains et sur la vie en société, à l’échelle mondiale.
En effet, après presque deux mille ans, les tensions
entre chiites et sunnites n’ont pas disparues et sont même à leur paroxysme depuis la mort de Ghassem
Soleimani, général iranien, tué par une frappe de drone.
Face aux espoirs amoindris de la part du monde
entier de voir un apaisement entre ces deux branches de l’Islam, nait l’idée que la société porterait en
son sein des facteurs qui mèneraient à une situation perpétuelle de conflictualité.
Mais est-ce vraiment le cas ? La vie en société est-elle nécessairement conflictuelle ?
Par définition, les termes « société » et « conflictuelle » sont étroitement liés.
En effet, en
considérant toutes les formes de sociétés dans le monde et au XXIe siècle, la société est le m ilieu humain
dans lequel un individu vit, milieu caractérisé par ses institutions, ses lois, ses règles (selon le Larousse).
Or, on érige des règles lorsqu’on est en présence d’un conflit, c’est-à-dire un état d'opposition entre
personnes ou entités (qu’il soit économique, relationnel, politique, ou même physique ou idéologique),
dans le but de le réguler voire de l’empêcher.
Les conflits seraient-ils donc inhérents à la nature
humaine ? Le terme « nécessairement » défend ce présupposé.
Ambivalent, il peut impliquer à la fois que
l’opinion générale consiste à croire en une vie en société forcément, toujours conflictuelle, qu’il n’en est
pas autrement, que c’est une vérité générale incontestable, mais aussi que les conflits sont nécessaires,
essentiels, primordiaux à la vie en société, que l’on ne peut pas s’en passer.
C’est sur ce deuxième sens
que nous nous baserons le raisonnement.
La formule interrogative soulève aussi implicitement
l’hypothèse que cela ne soit pas toujours le cas.
En effet, Hobbes (philosophe anglais du XVIIe siècle)
dans le Léviathan (1651), explique qu’à l’état de nature, les hommes sont foncièrement égoïstes,
agressifs, et que par désir mimétique, ils souhaitent tous la même chose : le pouvoir.
Tous ne pouvant
pas y avoir accès, ils entrent dans une forme de compétition, de combat, entrainant des conflits.
Cependant, l’état de nature correspond à la situation dans laquelle l'humanité se serait trouvée avant
l'émergence de la société, et particulièrement avant l'institution de l'État.
La mise en place de l’État
correspond donc à une volonté d’inhiber les conflits et de passer de l’état de nature à l’état civil.
En effet,
entité artificielle qui exerce sa souveraineté sur un territoire, une population, et à l’aide d’un
Gouvernement, l’État a pour fonction première d'assurer la protection de sa population en garantissant la
défense et le maintien de l’ordre.
Le désordre s’apparentant à une situation d’instabilité, d’hétérogénéité,
de conflits, la fonction de l’État est donc de se défaire des tensions sociales.
La vie en société ne serait
donc pas nécessairement conflictuelle, au contraire.
On constate ainsi une volonté de la part des hommes d’écarter la conflictualité dans la société.
Mais pourquoi vouloir à tout prix endiguer la violence alors qu’elle est présente naturellement chez les
hommes ? Une vie sans oppositions est-elle vraiment possible voire même souhaitable ? Celles-ci ne
sont-elles par inhérentes aux rapports humains ? Les désaccords ne sont-ils par nécessaires à une vie
démocratique ? La société, si l’on s’en tient à sa définition, existe-t-elle toujours sans conflits ? L’objectif
ultime de l’État est-il de prohiber les conflits ?
Dans une société par nature conflictuelle, l’État, dans son rôle de protecteur de la population, doit-il
aspirer à une société sans hostilités ?
Alors que l’État est une institution dont la fonction protectrice l’engage à écarter tout confit (1), elle doit
aussi paradoxalement tolérer les oppositions sociales dans un cadre démocratique (2).
Tout d’abord, l’État est une institution dont la fonction de protection de sa population nécessite
d’écarter tout conflit.
En effet, il se doit d’être le garant de la sécurité morale et physique des individus
qui vivent sur son territoire.
Les conflits pouvant, à leur paroxysme, prendre la forme de guerres, cette
institution se doit donc de les éviter au maximum.
1/6.
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