Suis je ce que mon passer a fait de moi
Publié le 21/01/2024
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«
Pistes de réflexion sur le sujet :
Suis-je ce que mon passé a fait de moi ?
I) Dans le cours :
• Thèse de Sartre :
Comment le sujet se construit-il ? Qu’est ce qui fait mon essence, mon être,
ce que je suis ?
Suis-je déterminé ?
Comment la notion de liberté absolue permet-elle de résoudre cette
question ?
• Thèse de Freud :
Intéressez-vous particulièrement à la 2nde Topique.
Qu’est-ce que le ça ? Et le surmoi ? Comment influent-ils sur ma
construction ? Me déterminent-ils ? Si le ça existe dès la naissance, et que le
surmoi est l’instance morale intériorisée dès mes 5-7 ans, que peut-on dire
de l’influence de mon passé sur moi ?
• Thèse de Nietzsche :
Si l’identité est une invention qui est sert uniquement à légitimer les
punitions pour satisfaire l’instinct vengeur de l’homme, s’il n’existe pas
d’identité stable, que peut-on dire du rapport entre ce que j’étais et ce que
je suis ?
• Thèse de Hume (plus complexe à lier au sujet) :
Si « je » ne suis qu’une suite de perceptions qui se succèdent rapidement,
quelle influence peut avoir mon passé ? Mes perceptions passées
déterminent-elles mes perceptions à venir ?
II) Références philosophiques supplémentaires :
Pour compléter la thèse de Sartre (et creuser la différence entre situation
non-choisie et choix de son projet, décisions libres) :
« La liberté exige que la réussite ne découle pas de la décision comme une
conséquence, il faut que la réalisation puisse à chaque instant ne pas être,
pour des raisons indépendantes du projet même et de sa précision.
Ainsi
est-il toujours entendu à la fois que l'entreprise humaine a réussi à cause de
la libre décision et de la libre inventivité qui a surmonté les obstacles et à la
fois qu'elle a réussi parce que ce sont ces obstacles-là et non d'autres plus
grands qui lui ont été imposés.
»
« Le coefficient d'adversité des choses, en particulier, ne saurait être un
argument contre notre liberté, car c'est par nous, c'est-à-dire par la position
préalable d'une fin, que surgit ce coefficient d'adversité.
Tel rocher qui
manifeste une résistance profonde si je veux le déplacer sera, au contraire,
une aide précieuse si je veux l'escalader pour contempler le paysage.
Ainsi, bien que les choses brutes […] puissent dès l’origine limiter notre
liberté d’action, c’est notre liberté elle-même qui doit préalablement
constituer le cadre, la technique et les fins par rapport auxquels elles se
manifesteront comme des limites.
Si le rocher, même, se révèle comme
«trop difficile à gravir », et si nous devons renoncer à l’ascension, notons
qu’il ne s’est révélé tel que pour avoir été originellement saisi comme «
gravissable »; c’est donc notre liberté qui constitue les limites qu’elle
rencontrera par la suite.
»
Sartre, l’Être et le Néant
Thèse de Spinoza :
• « [A] J'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule
nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une
autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée.
• [B] Dieu, par exemple, existe librement bien que nécessairement parce
qu'il existe par la seule nécessité de sa nature.
De même aussi Dieu se
connaît lui-même librement parce qu'il existe par la seule nécessité de sa
nature.
De même aussi Dieu se connaît lui-même et connaît toutes
choses librement, parce qu'il suit de la seule nécessité de sa nature que
Dieu connaisse toutes choses.
Vous le voyez bien, je ne fais pas consister
la liberté dans un libre décret mais dans une libre nécessité.
• [C] Mais descendons aux choses créées qui sont toutes déterminées par
des causes extérieures à exister et à agir d'une certaine façon
déterminée.
Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose
très simple : une pierre par exemple reçoit d'une cause extérieure qui la
pousse, une certaine quantité de mouvements et, l'impulsion de la cause
extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement.
Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non
parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par
l'impulsion d'une cause extérieure.
Et ce qui est vrai de la pierre il faut
l'entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu'il
vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses
aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement
déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine
manière déterminée.
• [D] Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis
qu'elle continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant
qu'elle peut, pour se mouvoir.
Cette pierre assurément, puisqu'elle a
conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon
indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans son
mouvement que parce qu'elle le veut.
• [E] Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui
consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et
ignorent les causes qui les déterminent.
Un enfant croit librement appéter
le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s'il est poltron, vouloir
fuir.
Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu'ensuite,
revenu à la sobriété, il aurait voulu taire.
De même un délirant, un
bavard, et bien d'autres de même farine, croient agir par un libre décret
de l'âme et non se laisser contraindre.
(Spinoza, Lettre LVIII)
Si vous reprenez l’exemple de la pierre, une pierre que l’on aurait lâchée
serait déterminée à tomber par terre : l’effet serait la chute, et les causes
seraient la gravité et mon lâcher.
Mais si on la dotait d’une conscience après
l’avoir lâchée, elle se rendrait compte qu’elle se meut vers le sol, sans savoir
pourquoi et croirait se mouvoir vers le sol du fait de sa volonté.
Spinoza compare l’Homme à cette pierre : il ignore toutes les causes qui le
déterminent, et pourtant....
»
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