le travail (cours de philo rédigé)
Publié le 23/09/2022
Extrait du document
«
Le Travail
Le mot travail viendrait du latin tripalium désignant un instrument de torture.
Même si
certains contestent cette étymologie, celle-ci comprend toujours l’idée de peine, de fatigue,
de labeur.
Le travail désigne une activité humaine productive, ainsi que le résultat de cette activité.
Il peut être considéré comme la difficile production des moyens d’existence.
Il est une
contrainte, une nécessité liée à la satisfaction des besoins imposée par les lois de la nature.
D’une manière générale, on voit évoluer considérablement les manières de concevoir le
travail au cours de l’histoire.
Quelques questions :
Qu’est-ce que le travail ? Peut-on le définir indépendamment de notre conception moderne ?
A-t-il toujours existé ? Sous quelles formes ?
Comment le développement de la technique a-t-il fait évoluer notre rapport au travail ?
Quelles sont les enjeux anthropologiques et métaphysiques de cette activité ?
I : Des significations contradictoires.
Rq : Ces éléments peuvent notamment être utiles pour donner des exemples ou introduire une
idée, un sujet ; ils ne constituent pas à proprement parler une réflexion philosophique sur la
notion.
Dans La Bible (Genèse, 31, 19), le travail est plutôt perçu comme une malédiction, il
correspond au châtiment infligé à Adam pour avoir transgressé la parole divine.
(Eve sera
condamnée à enfanter dans la douleur, cf.
terminologie de l’accouchement : travail, expulsion,
délivrance !)
Dans l’antiquité grecque, on considère que l’homme ne peut s’accomplir et accéder à la
liberté s’il n’est pas libéré des contraintes liées à la satisfaction de ses besoins.
Il est donc une
activité inférieure qui assujettit l’homme à la nécessité.
Pourtant, on peut noter que les
Anciens n’ont pas méconnu l’importance de la production et des échanges.
Mais la richesse
que peut procurer le travail est perçue comme moins importante que la participation aux
activités politiques de la cité.
Cette conception du travail explique en partie la légitimation de
l’esclavage.
Ainsi, chez les Anciens, on pense négativement le travail.
Seuls Hésiode (poète grec du VIIIVII s.
av.
JC) et la sagesse paysanne ancestrale (La cigale et les fourmis d’Esope) conçoivent
le travail positivement.
Il permet en effet de remercier les dieux des dons qu’ils nous font par
les fruits de la terre et de les faire fructifier.
Plus intéressante encore on trouve l’idée que le
travail permet de contrer la démesure et le vice présents en tout homme (concept grec de
l’hybris).
Le travail serait donc une peine nécessaire pour arriver à un accord harmonieux
avec soi.
Pour résumer, la dimension sociale du travail n’est absolument pas prise en compte, le travail
n’est pas socialisateur.
La tâche pénible est toujours envisagée comme le résultat d’une
punition divine qu’on ne peut contester au risque de ne pas accéder à une existence équilibrée.
Pour Platon (République, II, 369a-374e), les besoins sont à l’origine de la vie sociale, mais
c’est en vue de mieux montrer qu’il est nécessaire pour cela, que les professionnels qui
assurent la fonction productive et économique doivent être déchargés des tâches politiques.
D’autre part, chez Platon, le mot artisan est traduit du grec « banausos » qui signifie aussi
l’inculte, le grossier ! Les gens soumis à la pratique des métiers artisanaux ne peuvent
prétendre philosopher car « leur corps et leur âme ont été abîmés par elle »
Très progressivement le travail sera vu de manière plus positive.
Les activités productives
vont notamment apporter des promotions sociales.
Chez Kant par exemple on prête une valeur morale et philosophique au travail : « La nature a
voulu que l’homme conquiert sa liberté dans la culture… » Par le travail l’homme a
l’occasion de participer à la création divine…Le travail devient une obligation morale.
Considérons l’exclusion sociale dont sont victimes aujourd’hui les chômeurs, quand on ne
cautionne pas l’idée qu’ils sont nuisibles à la société !!
Mais c’est surtout Adam Smith, au XVIII° s.
qu’on va découvrir la valeur économique du
travail et valoriser la division du travail (cf.
texte photocopie).
Le capitalisme, l’économie de
marché et le libéralisme vont considérablement bouleverser l’idée de travail.
Au XIX° s., avec Marx notamment, on va voir se développer une critique du travail et de sa
rationalisation.
On va mettre en avant le caractère aliénant de certaines formes d’organisations
du travail (travail à la chaine par exemple).
Aujourd’hui des philosophes, sociologues ou
psychiatres critiquent vivement les formes de management et leurs effets destructeurs sur le
salarié (cf.
doc.
vidéo J’ai mal au travail).
II : Le travail transforme la nature.
Analyse du texte de Marx (photocopie) extrait de Le Capital, 1867, Livre I, 3°section, ch.
VII.
Ce texte se veut être une analyse philosophique du travail et montre comment cette activité
modifie la nature environnante et la nature même de l’homme.
Il se construit sur une
comparaison entre le travail de l’homme et l’instinct animal.
Le travail transforme la nature
Le travail est un acte qui a lieu entre l’homme et la nature.
L’homme transforme et exploite
les ressources de la nature afin d’assurer sa survie et plus encore.
L’homme, en tant qu’être
naturel, est capable de recréer la nature à son image, pour son propre usage (« assimiler »).
L’homme rend effective la nature humaine, ou pour le dire autrement, il l’humanise.
Par son
travail il donne une signification à ce qui n’avait pas de sens.
« Le travail c’est toujours l’esprit pénétrant difficilement la matière en la spiritualisant »
Lacroix
L’homme modifie aussi sa propre nature
Toute activité vitale transforme la nature et à ce titre, transforme la planète.
Alors que l’instinct a un caractère aveugle (comparons par exemple la reproduction animale
strictement réglée par la biologie et la reproduction humaine choisie…) le travail humain
montre une pensée préalable, une conscience du but, une perfectibilité.
C’est pourquoi le
terme « travail » semble inapproprié à l’activité animale, qui elle, ne montre quasiment
aucune évolution ou individualisation.
Par exemple, chez l’abeille la construction de la ruche
est toujours strictement identique selon les espèces et les lieux.
Ceci pourrait expliquer le fait
qu’il n’existe pas de mauvaises abeilles mais qu’on trouve de mauvais architectes !
Chez l’homme le travail permettrait donc la réalisation de projets individualisés.
Par son
travail l’homme se montrerait capable d’échapper à la pré organisation naturelle.
Le travail
marquerait donc le début de l’histoire humaine et expliquerait en partie l’évolution.
Par son travail l’homme construit donc un univers qui rejaillit sans cesse sur lui, et qui lui
permet d’inventer de nouveaux produits, et de nouveaux besoins, ceci expliquerait le progrès
technique et la culture dans son ensemble.
La culture serait le résultat du travail de l’homme
sur lui-même, ou pour le dire autrement, la différence entre Cro-Magnon et nous tiendrait à
ce que le travail a rendu possible, à ce qu’il a apporté à l’homme.
Ainsi, en travaillant, l’homme développe ses capacités physiques et intellectuelles et devient
dès lors capable d’accroître sa volonté.
En travaillant nous nous faisons violence, mais nous
devenons capables de mettre en œuvre les moyens et l’endurance nécessaires à la satisfaction
de nos besoins et à l’accomplissement de nos désirs, les plus exigeants soient-ils.
Travailler
nous rendrait donc plus forts, et capables de nous arracher à la pure subjectivité.
C'est-à-dire
qu’en travaillant on apprend....
»
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