La Justice et le droit (cours complet de philosophie)
Publié le 24/09/2022
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«
LA JUSTICE- LE DROIT
Quelques citations :
« Fiat justitia, pereat mundus » (Que la justice soit faite le monde dût-il périr)
devise de Ferdinand 1 de Bohême, empereur du Saint Empire Romain germanique en
1556, reprise par Kant dans le « Projet de Paix perpétuelle »
Une citation qui incarne ce que nous pourrions appeler le radicalisme juridique.
La justice, même si nous ne
savons pas encore ce qu'elle signifie est une attitude et une vertu fondamentale sans laquelle l'existence
sociale n'a plus le moindre sens.
C'est ainsi que Kant ajoute :« Si la justice disparaît, c'est chose sans
valeur que le fait que les hommes vivent sur terre », Kant, Métaphysique des mœurs
« Summum jus, summa injuria » (le maximum de justice est le maximum
d'injustice)
Cet adage, attribué à Cicéron, signifie que « l'application excessive du droit conduit à l'injustice » et
constitue, sans doute, le tempérament d’un autre adage : dura lex, sed lex.
Selon Portalis lui-même, « une excessive rigueur dans l'administration de la justice aurait tous les caractères
d'une tyrannique oppression : summum jus, summa injuria
« Honeste vivere, neminem laedere, reddere suum cuique » ( Vivre honnêtement,
ne léser personne, rendre à chacun ce qui lui revient)
Un adage (proverbe) juridique romain qui résume les éléments fondamentaux de la justice mais qui pose
autant de questions qu'il n'en résout.
En effet qu'est-ce que vivre honnêtement : vivre en accord avec les
lois de son pays ? Mais que faire si ces lois sont celles du régime nazi ? Ne léser personne ? Comment
savoir si l'on n'a pas fait de tort à autrui ? Enfin rendre à chacun son dû, mais qu'est-ce qui revient
exactement à chacun ? Autant de questions qui se posent à la justice et qu'il nous faut poser
John Rawls Theory of Justice 1970
« La justice est la vertu première des institutions sociales »
« la justice d'une sociéte se mesure au sort qu'elle réserve aux plus défavorisés d'entre ses
membres »
Introduction :
La justice est une vertu individuelle et collective ayant trait à la distribution.
Rendre à chacun ce qu'il
mérite – la récompense pour le juste et le châtiment pour l'injuste-.
Mais voilà le problème : comment
évaluer concrètement les « mérites » et les responsabilités de chacun ? De plus la justice véhicule
les idées d'égalité et de réciprocité – la justice sociale est-elle l'égalité intégrale ou une autre forme
d'égalité, une égalité proportionnelle ? De plus, dans le domaine pénal comment justifier le droit de
punir et les peines appliquées ? Nous étudierons donc tout d'abord ces deux dimensions de la
justice à la fois dans le domaine social, ce que nous pourrions appeler la justice distributive, et dans
le domaine des délits et des peines ce qu'Aristote appelle la « justice correctrice » ou justice pénale.
1) La justice distributive sociale ( Aristote Ethique à NicomaqueV)
1,1 La justice distributive comme égalité géométrique, comme juste inégalité
Aristote envisage dans un premier temps une forme de justice que nous pourrions appeler «
politique », mais qu'il nomme déjà distributive.
Cette justice concerne le chef d'Etat -démocratique ou
monarchique- qui doit répartir les honneurs et les charges entre les citoyens les plus méritants – quel
magistrat nommer, quel stratège désigner etc etc-.
Voici comment procède Aristote : « Le juste implique
donc nécessairement au moins quatre termes: les personnes pour lesquelles il se trouve en fait juste, et qui
sont deux, et les choses dans lesquelles il se manifeste, au nombre de deux également...
Si, en effet, les
personnes ne sont pas égales, elles n’auront pas des parts égales; mais les contestations et les plaintes
naissent quand, étant égales, les personnes possèdent ou se voient attribuer des parts non égales, ou quand,
les personnes n’étant pas égales, leurs parts sont égales » Comprenons donc : soient deux charges à
attribuer, une par exemple de président de tribunal et l'autre de simple magistrat, le souverain déterminera
donc à laquelle de ces deux personnes chacune des deux charges doit revenir.
Il y a évidemment, comme le
note Aristote toujours des risques de contestations, notamment autour de la notion de mérite et Aristote
reconnaît d'ailleurs un peu plus loin que cette notion est elle-même floue et qu'elle varie avec les
constitutions : « Tous les hommes reconnaissent, en effet, que la justice dans la distribution doit se baser
sur un mérite de quelque sorte, bien que tous ne désignent pas le même mérite, les démocrates le faisant
consister dans une condition libre, les partisans de l’oligarchie, soit dans la richesse, soit dans la noblesse
de race, et les défenseurs de l’aristocratie, dans la vertu.
» On le voit aisément Aristote a été bien conscient
de la complexité de la notion de mérite, le mérite aristocratique n'étant pas le même que le mérite
démocratique...L'essentiel semble toutefois d'admettre que toute inégalité de traitement n'est pas
nécessairement injuste si elle se fonde à la fois sur l'utilité commune et sur le mérite ou la compétence
reconnue à certains.
C'est en ce sens que Rawls va encore approfondir la réflexion aristotélicienne sur la
distribution des inégalités au sein d'une société
1.2 L'équité sociale et la « théorie de la justice » de John Rawls (1970)
L'approche de Rawls renouvelle l'éternel débat de la justice sociale en le faisant reposer....
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