Étude linéaire sur la mort de Manon Lescaut
Publié le 27/03/2024
Extrait du document
«
Objet d’étude : Le roman et le récit du XVIIIe au XXIe siècle.
Séquence 3 : L’abbé Prévost, Manon Lescaut, 1731.
Parcours : Personnages en marge, plaisirs du romanesque.
Séance : EL n°11.
Manon Lescaut, la mort de Manon
Comme Prévost, dans un dénouement à la fois
romanesque et topique (=topos), souligne-t-il moins le châtiment que
la sublimation des héros marginaux?
Problématique :
1er § : C’est une scène pathétique, le récit de la mort de Manon
Citation
Nous avions passé
tranquillement une partie
de la nuit.
Je croyais ma chère
maîtresseendormieet je
n'osais pousser le moindre
souffle, dans la crainte de
troubler son sommeil.
Je m'aperçus dès le point
du jour, en touchant ses
mains, qu'elle les avait
froides et tremblantes.Je
les approchai de mon sein,
pour les échauffer.Elle
sentit ce mouvement, et,
faisant un effort pour saisir
les miennes, elle me dit,
d'une voix faible, qu'elle se
croyait à sa dernière
heure.
Je ne pris d'abord ce
discours que pour un
langage ordinaire dans
l'infortune, et je n'y
répondis que par les
tendres consolations de
l'amour.Mais, ses soupirs
fréquents, son silence à
mes interrogations, le
serrement de ses mains,
dans lesquelles elle
continuait de tenir les
miennes me firent
connaître que la fin de ses
malheurs approchait.
Procédé
P1 du pluriel.
Adverbe de
sérénité
Vbe modalisateur
Périphrase affecteuse
Négation totale +
lexique du sommeil,
euphémisme de la mort à venir
périphrase : matin
redondance des adjectifs
connotant la maladie
formulation très classique
phrase légèrement saccadée
par ses coupes grâce à la
ponctuation
Discours indirect précisée par
un CC de manière /
euphémisme de la mort
Tournure périphrastique de la
langue du 17e s
Sens étymologique = registre
de la tragédie
négation restrictive
phrase développée, plus
coupée par la ponctuation, le
rythme augmente
Accumulation des sujets =
indices de la mort =
euphémisme +
Imparfait duratif
Périphrase euphémismante
Analyse, interprétation
Les amants sont proches : idéal de bonheur.
DG n’a pas conscience du moment tragique qui se joue alors.
Ferveur
amoureuse toujours aussi grande malgré les épreuves.
Insistance sur le sommeil => manifestation inquiétante,
annonciatrice de la mort connotée par le sommeil.
Méprise de DG =
preuve d’un amour qui rend aveugle ( symboliquement = la nuit) /
peut-être se le reproche-t-il a posteriori.
Symboliquement éveil du jour vs « nuit » => prise de conscience
=>notations réalistes traduisant l’état de Manon = signes de l’agonie
encore un peu masquée à ce stade du récit.
Importance des mains
(symbolique // union) dans le récit, état de Manon a empiré.
Mise en valeur du mouvement =la chaleur, l’amour , la vie.
Pathétique
car DG à ce moment ne peut envisager la mort de M.
authentifie
l’émotion revécue
traduit discrètement les convulsions de l’agonie.
Idée
d’affaiblissement, d’efforts douloureux pour un geste simple = moment
poignant, désir de rapprochement au moment où la mort va les séparer
Voix de Manon à travers la voix de DG.
Met en valeur le pathétique de
la situation, car le réel brutal est légèrement occulté
Toujours amour très fort dans cette scène où pourtant la mort s’invite
avec un lexque qui rappelle langage amoureux raffiné des romans
courtois.
Décalage de DG dans le déni car trop amoureux
=>justification.
La réponse de DG est insuffisante, il ne le cache pas.
Avec le recul, cet aveuglement a dû aggraver sa souffrance.
Epouse de façon pudique le passage angoissant vers la mort.
Le silence
renvoie à la perte de la parole, le serrement suggère la crispation, les
soupirs, les râles.Fidélité jusqu’aux ultimes instants de Manon
(transmutée depuis l’épisode du prince italien), Déchirement, amorce
de la séparation définitive avec la notation des mains
Le récit s’avère détaillé, jouant sur la fibre émotionnelle, rendant la
scène frappante
DG Incapable de s’étendre sur des détails qui lui déchirent le cœur, des
Grieux a recours à l’euphémisme.
Le narrateur, débordé par l’émotion, ne peut aller au bout de son récit.
Sentiments intenses, indicibles.
Pudeur classique : bienséance du
XVIIe.
Prévost laisse imaginer le lecteur la mort de Manon.
Souffrances de DG ravivées par le récit, le regret, la remémoration.
Crée une relation de proximité avec le public qui peut ainsi s’identifier
aux souffrances du chevalier qui se défait, se décompose.
Le dernier souffle de vie de Manon aura été un signe d’amour pour
DG.
Simultanéité des actions.
Amour absolu.
Parole qui peine à dire l’indicible.
La scène de la mort est romanesque
avec la mention d’un « destin » hostile, que l’on retrouve aussi bien
dans le roman que dans la tragédie classique :
Apostrophe à l’auditoire (
Renoncour – narrateur
extradiégétique), relais du
lecteur (émotion + vive)
Ellipse
Euphémisme : concision,
brièveté de la formule : 4
syllabes
PSC circonstancielle de temps
marquant la simultanéité
Lexique de la fatalité
Sens étymologique : vie vouée
à la déploration,
Bilan 1er mvt :Ce mouvement multiplie les situations pathétiques.La mort s’impose par gradation : la belle oscillant entre le sommeil et
la mort, l’angoisse.
Cette montée en puissance graduelle de la tension est au service de l’émotion.
N'exigez point de moi que
je vous décrive mes
sentiments, ni que je vous
rapporte ses dernières
expressions.
Je la perdis ;
je reçus d'elle des marques
d'amour, au moment même
qu'elle expirait.
C'est tout
ce que j'ai la force de vous
apprendre de ce fatal et
déplorable événement.
2d §: Le rituel du dernier hommage qui magnifie les héros
Mon âme ne suivit pas la
sienne.Le Ciel ne me trouva
point, sans doute, assez
rigoureusement puni.
Il a
voulu que j'aie traîné,
depuis, une vie languissante
et misérable.
périphrase
négation totale
Allégorie du Ciel
Je renonce volontairement à
la mener jamais plus
heureuse.
Je demeurai plus de vingtquatre heures la bouche
attachée sur le visage et sur
les mains de ma chère
Manon.
présent d’énonciation
tour pléonastique (=
pléonasme)
vb d’état
indication de temps
métonymie
déterminant poss + terme
affectif (hypocoristique)
La mort revient une nouvelle fois comme une possibilité déjouée →
insiste sur la souffrance du narrateur.
Souligne le caractère singulier et
inédit de sa situation : la vie sans Manon est un châtiment céleste plus
cruel que la mort.
Mort symbolique de DG pour rendre sa souffrance
d’avoir perdu l’âtre aimé.
Ton élégiaque : homme abattu par sa peine,
son malheur digne de pitié
renonce Présent qui rappelle que c’est DG adulte qui raconte a
posteriori : récit rétrospectif .
Le présent montre que ce sentiment est tjs
aussi fort, souffrance tjs intacte
Il est sujet d’un verbe d'état« demeurai » (l.1, 21) qui marque son
inanition.
-Prostration qui dure pl heures : indications de temps : « 24H /
au commencement du second jour »ce qui renforce son état de sidération
/ prostration, il est foudroyé
Le corps est évoqué par les mains et la bouche, synecdoques de l'union
charnelle.
Scène d’adieu/ dernier contact charnel
Ma Chère Manon / déterminant possessif + terme affectif traduisent
l’attachement profond
Mon dessein était d'y mourir
; maisjefis réflexion,au
commencement du second
jour, que son corps serait
exposé, après mon trépas, à
devenir la pâture des bêtes
sauvages.
Dessein : intention de
mourir( chp lex de la mort
mourir, trépas, fin )/mais
adversatif + indications
de temps
je anaphorique/ vb de
pensée
termes concrets évoquant
la mort
Evocation de la mort et décision de mourir répétée à plusieurs reprises
ce qui est une ultime preuve de fidélité et d’amour, son destin est lié à
celui de sa bien aimée.Mais adversatif retour à la lucidité, il sort de sa
torpeur : retour à la mort concrète et matérielleavec les termes concrets
de corps, pâture, fosse
Allongé, seul son esprit est en activité au début du passage, ainsi que
le montrent les verbes de pensée « je fis réflexion » ( « Je formai la
résolution » ( phrase suivante)
Je anaphorique : solitude du héros + héros moteur de l’action : le héros
se transcende
évocation du corps exposé aux bête, charognards : évocation plus sordide
de la mort, cela inscrit Manon dans le cycle de la prédation, de plus cela
révèle aussi importance du corps chez Manon et de sa sensualité dans
tout le roman .
Pour DG importance d’enlever tout risque de souillure :
corps sacré
Jeformai la résolution de
l'enterrer et d'attendre la
mort sur sa fosse.
J'étais déjà si proche de ma
fin, par l'affaiblissement que
le jeûne et la douleur
m'avaient causé, que j'eus
besoin de quantité d'efforts
pour me tenir debout.
Jefus obligé....
»
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