Commentaire : Arbre-résistence de François Cheng
Publié le 23/06/2023
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«
Commentaire
La violence.
Souvent synonyme de chaos et de malheur, elle est la source de nombreux
traumatismes autant physiques que mentaux.
Il semble donc raisonnable de dire que la violence
est associé au laid.
Mais est-il tout aussi raisonnable d’associer violence et beauté ? Et si nous
pouvons le faire, comment et pourquoi ?
Le poème Arbre-résistance de François Cheng remet en question la réelle image de la violence
constamment peinte en tant que désastre.
Arbre-résistance est un poème du receuil À l’Orient de tout, « Double Chant », écrit en 1998 par
François Cheng.
Le thème de ce poème est relié à la violence et plus précisément les différentes manières de
montrer la violence en opposant la nature aux hommes.
Ce texte est composé de deux strophes
de onze vers libres sans ponctuations ni rimes réguliers, ce qui nous fait penser que la nature ne
se repose pas sur des constructions de phrases artificielles pour être belle et l’est plus sans
règles ; mais cela change lorsqu’il s’agit des humains car sans règles et sans constructions, la
société ne serait pas belle mais anarchique, et le visage de la violence évoqué changerait alors
en conséquence.
Tout cela nous ramène alors sur la problématique suivante : En quoi l’image de la violence
change-t-elle selon si la nature la produit ou si l’homme l’inflige ?
Nous verrons d’abord comment les la nature est évoquée puis comment les violences humaines
sont montrées, et montrer le refus de cette violence humaine marquée par l’opposition des deux
strophes.
Tout d’abord, le poème nous offre un décor d’une nature en mouvement : nous vivons cette
première strophe avec le point de vue de l’arbre.
Nous pouvons alors observer la nature, des
yeux d’un être au centre de la nature et avoir une idée tout aussi bien du paysage présent dans
le quotidien de l’arbre que de ses tâches journalières : « Accueillir pluie comme vent »,
« Cueillir gelée comme rosée », « Fouiller racines et caresser nues », « Endurer ouragans et
ravages », « Perdurer alliance terre-ciel ».
De plus, nous pouvons observer des phrases très
simples venant de l’arbre, sans article défini « le » ou « la », ce qui donne une impression de
primitivité naturelle et langagière, ajoutant légèrement de crédibilité d’une telle pensée et
d’un telle vie.
Durant les cinq vers de 4 à 9, les devoirs de l’arbre évoquent grandement la
nature : « pluie », « vent », « gelée », « rosée », « racines », « terre », « ouragans », « ciel »,
« nues », et aussi vers la fin du poème, « la frondaison » l.18.
Tout au long de ces cinq vers, il y
a aussi beaucoup de noms qui font appel au sens du toucher : « pluie », « vent », « caresser » ;
et quand ils ne procurent pas directement des sensations individuelles, des mots comme
« ouragans », « gelée » et « rosée » nous aident à nous imaginer l’atmosphère de cette première
strophe qui devient alors beaucoup plus vivante et qui nous emporte encore plus dans la nature.
Nous avons vu que c’est ces cinq vers dans le poème qui nous emmènent au cœur de la forêt,
nous placent dans le cœur d’un arbre et qui nous emmènent observer le cœur de la nature qui
elle produit une atmosphère extrêmement immersive.
Nous venons de voir l’omniprésence de la nature à travers les cinq vers principalement cités,
mais nous n’avons pas encore choisi d’adjectifs qualificatifs pour décrire la nature ; nous allons
donc en voir les différents aspects qui nous sont présentés à travers les yeux d’un arbre, puis
qualifier cette vivante et complexe nature.
D’abord, nous avons ici la présence de champ lexical du danger : « ouragans », « ravages »,
« flamme », « rouille ».
Malgré tout, cela ne nous empêche pas de trouver une indéniable
beauté à la nature, pleine de grandeur « alliance terre-ciel », « fouiller racines et caresser
nues », comme si l’arbre était l’élément qui maintenait les deux grandeurs incontestées de la
nature : la terre et le ciel.
Par ailleurs à la fin du poème, nous pouvons voir que malgré le chaos,
l’arbre garde la tête haute : « Porter haut cependant la frondaison » l.18, rajoutant encore plus
à la sensation de grandeur ; et ce qui est grand est toujours beau.
Autre que la grandeur, nous
avons aussi une absence de verbes de mouvements, et même le premier vers qui nous ordonne
de « ne plus bouger », pour accentuer l’immuabilité de la nature malgré sa vitalité.
Nous
remarquons alors l’inertie tout au long de la première strophe et par ailleurs la deuxième tout
aussi : « endurer », « ne plus bouger », « perdurer », « dévisager », « fixer des yeux », comme si
la nature elle-même était une gigantesque et magnifique peinture, immobile mais pourtant
inexplicablement débordante de vie et de grandeur.
Petit bonus, l’assonance presque parfaite
de « Contre tout attentat » et « Contre toute attente » est intelligente est nous surprend, un
peu à la manière de la nature.
Nous venons de voir que la nature est belle, et que malgré la violence qui y est présente, elle
sert à un but paisible, artistique et nécessaire, car en endurant « ouragans et ravages », cela
permet à l’arbre de faire « perdurer l’alliance terre-ciel », et la nature devient alors une œuvre
d’art se représentant elle-même sous sa forme la plus authentique grâce au point de vue de
l’arbre ; elle est belle comme dangereuse, et vivante comme immuable.
Cependant, la violence de la nature s’oppose à une autre forme de violence, celle des hommes ;
et nous allons d’abord observer comment elle est décrite, puis explorer ses sources et ses
conséquences.
Premièrement, on peut observer l’omniprésence de la violence humaine tout au long de la
deuxième strophe, apparaissant dès le premier vers de celle-ci : « Dévisager la violence humaine
», « Fixer des yeux massacres et cris », « Être le corps entaillé jusqu’aux os », « anneaux rompus
tripes dehors », « coups de hache ou de machette », « dos brûlé ».
D’autre part, le mot
« massacre » est ajouté à la quantité émétique de violence, qui par définition, est une tuerie
non-nécessaire, inutile, gratuite et qui tue sans distinction ; ce qui nous rend témoin d’une
scène choquante et paralysante.
En outre de tout cela, nous ne savons même plus qui est témoin
d’un tel spectacle : le point de vue se confond entre l’arbre et un humain, d’abord par la
présence d’articles définis « la », « le », « des », qui est un langage plus évolué que celui de la
première strophe et peut faire penser que c’est un humain tellement choqué qu’il en perd ses
moyens ; ou par la personnification de l’arbre, qui se met à avoir des organes humains :
« yeux », « flanc », « corps », « os », « tripes », et la possible personnification ou pas des arbres
avec « massacres et cris » avec « le dos brûlé de l’enfant orphelin » qui nous montre la réelle
envergure du mot « massacre », qui tue à la fois humains et arbres, sans distinction.
Par ailleurs,
nous pouvons voir une structure du poème pareille à ce qu’elle décrit : « Prêter le flanc aux
coups de hache » à la ligne « ou de machette » nous montre un syntaxe saccadée (un rejet),
comme si la phrase avait été coupé par ce même coup de hache (ou de machette), ou encore
« Être le corps entaillé jusqu’aux os » à la ligne « anneaux rompus tripes dehors » nous fait
penser que l’être victime de cette violence s’est littéralement fait couper en deux, dont le haut
du corps serait souillé et dont on aurait fait sortir les organes internes ; de plus « le dos brûlé de
l’enfant orphelin » a une signification particulière : le feu pouvant signifier symboliquement
l’Enfer, cela veut dire que ce qui se trouve derrière son dos est l’Enfer, la violence humaine
crée l’Enfer.
Nous venons alors tout juste de voir la pure terreur dépeinte, nous donnant une image à la
première personne confondue entre arbre et humain et donnant place à un climat nauséabond
rempli d’atrocités.
Mais est-ce que ces violences ont un but ? Ou est-ce de la pure méchanceté ?
Nous allons voir....
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