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Molière

Publié le 25/03/2024

Extrait du document

« Molière Le Médecin malgré lui Remarques préliminaires La critique contemporaine, initiée par Anne Ubersfeld à travers son ouvrage Lire le théâtre, nous y a habitués : le théâtre est un objet d’étude à part entière.

Dans son adresse au lecteur qui précède L’Amour médecin, représenté le 15 septembre 1665, soit un an avant Le Médecin malgré lui, Molière écrit : « Les comédies ne sont faites que pour être jouées, et je ne conseille de lire celles-ci qu’aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre.

» Autant dire que le pédagogue doit faire imaginer, à partir du seul texte théâtral – c’est-à-dire du dialogue et des didascalies – la représentation elle-même, sans que la pièce soit représentée sur scène devant les élèves.

Le handicap serait insurmontable si l’on n’apprenait pas à l’élève à lire la spécificité du texte de théâtre.

D’où nos fréquentes questions de repérage visant à faciliter le passage entre texte et représentation.

D’où aussi notre attention à définir le lieu du discours et ses quatre pôles : – l’énonciateur, celui qui produit le message ; – le destinataire, celui qui le reçoit (personnages de la pièce ou spectateur lui-même en vertu du principe de la double énonciation, spécifique au texte théâtral) ; – le moment de l’énonciation ; – le lieu de l’énonciation. Nous nous intéresserons aussi beaucoup aux didascalies qui recouvrent tout ce qui, dans le texte théâtral, n’est pas prononcé par les personnages. Pour ne pas y revenir, précisons ce qu’on appelle didascalies : – la liste des personnages ou « didascalie initiale » ; – le titre de la pièce et les indications qui l’accompagnent ; – le découpage en actes et en scènes ; – les éléments qui précisent le décor et les accessoires ; – les indications de costumes, d’attitudes ; – les indications sur le ton, les apartés, et, en règle générale, tout ce qui oriente la mise en scène. Molière n’a pas coutume de multiplier les didascalies.

Dans Le Médecin malgré lui cependant, il déroge à cette habitude.

Il est vrai que la pièce est une farce dans la tradition de la commedia dell’arte, d’où une importance accrue des jeux de scène, des mimiques, etc. Acte I, scène 1 (p.

9) Repérer et analyser Le titre et la didascalie initiale 1.

L’interrogation sur le titre est toujours riche d’enseignement.

En effet, de même qu’avec la jaquette, c’est par le titre que l’élève appréhende la pièce.

Il convient de vérifier qu’il a bien saisi le sens de ce titre formé à partir d’un groupe nominal suivi d’un groupe prépositionnel constitué d’une préposition exprimant l’opposition et d’un pronom personnel de sens réfléchi. Ce titre laisse supposer que l’intrigue se noue autour d’un contre-emploi. On peut alors demander aux élèves d’imaginer d’autres expressions de ce type : « l’architecte malgré lui » ; « le cuisinier malgré lui » ; « le poète malgré lui ».

On fera alors remarquer que seule la première partie de l’expression change. 2.

La liste des personnages est la didascalie initiale.

Le spectateur ne la connaît que s’il achète un programme où figure cette liste ; le lecteur de la pièce, quant à lui, commence sa lecture par cette liste.

Dans Le Médecin malgré lui, la didascalie souligne surtout les relations familiales qui unissent les personnages : « mari » (2 fois) ; « femme » (2 fois) ; « père » (2 fois) ; « fils » ; « fille » (2 fois). « Nourrice », « voisin » et « domestique » étendent ce champ lexical aux relations extra-familiales et domestiques.

Seul le terme « amant » tranche sur l’ensemble, tout comme le personnage de Léandre dont la suite ne nous dira rien de précis sur le plan familial, hormis l’existence d’un oncle à héritage. Martine et Sganarelle constituent le couple central de la pièce. 3.

L’action se situe à la campagne : cette question est l’occasion de retourner aux didascalies de la page 8 et au début de la page 9.

La mention de la forêt éclairera peu après le métier de Sganarelle (« faiseur de fagots »). L’exposition 4.

Sganarelle et Martine, malgré un langage très proche du langage aristocratique – ils ne parlent pas en patois comme Lucas et Jacqueline le feront par la suite –, appartiennent à la classe populaire, comme le montrent ces différentes expressions : « faiseur de fagots » (l.

11-12) ; « Un homme qui me réduit à l’hôpital » (l.

33-34) ; « vivre de ménage » (l.

39). 5.

Le statut de Sganarelle est particulier.

Contrairement à l’éducation reçue d’ordinaire dans son milieu d’appartenance, il a travaillé chez un médecin auprès de qui il a beaucoup appris, et sait son rudiment de latin (l.

11 à 14).

Quant à ses occupations, outre les fagots qu’il confectionne, il joue et boit (l.

45-46).

Les traits de son caractère apparaissent un peu dans cette scène : il semble aimer la vie, ne pas trop se soucier du lendemain, laisser le soin à sa femme de nourrir ses enfants. Les relations entre les personnages 6.

Les personnages ne se rencontrent pas sur la scène.

En effet, la scène de ménage est engagée avant le lever du rideau. 7.

Martine reproche à son mari sa conduite (l.

33 à 35).

Elle lui lance de nombreuses injures : « fou fieffé » (l.

15) ; « débauché » (l.

34) ; « traître » (l.

34) ; « ivrogne » (l.

56 et 76) ; « Sac à vin » (l.

78) ; « Infâme » (l.

80) ; « Traître, insolent, trompeur, lâche, coquin, pendard, gueux, bélître, fripon, maraud, voleur » (l.

82-83). 8.

et 9.

Sganarelle menace sa femme et la vouvoie.

Il passe du « tu » au « vous » pour s’adresser à Martine à la ligne 58. 10.

Les phrases exclamatives traduisent l’exaspération et la colère. Le comique de farce 11.

a.

Les procédés comiques que Molière a employés pour cette scène relèvent du comique de farce.

On notera plus particulièrement : – le comique de mots : thématique de la misogynie (l.

6 à 8) ; les insultes ; le jeu de mots (l.

51-52) ; l’antinomie (« Ma chère moitié », l.

71 ; « Doux objet de mes vœux », l.

74) ; l’humour (« Il est vrai *…+ nos noces », l.

25-26) ; les répliques qui se répondent ligne à ligne (ex : l.

17-18/19-20) ; – le comique de situation (la scène de ménage) ; – le comique de gestes (les coups de bâton). Étudier la langue La langue de Molière 12.

Expressions équivalentes : – « à ma fantaisie » (l.

3-4) : « comme je le désire » ; – « je m’avisai » (l.

17) : « j’eus l’idée » ; – « laissons là ce chapitre » (l.

30) : « changeons d’idée, de conversation » ; – « Que j’endure » (l.

60) : « que je supporte ». Acte I, scènes 2 et 3 (p.

15) Repérer et analyser L’enchaînement et le rythme des scènes 1.

Le mot qui fait transition avec la scène précédente est un mot fréquent dans la commedia dell’arte : « battre ». 2.

La scène 2 aurait pu s’interrompre et laisser la place à une scène supplémentaire aux lignes 44-45 : « Il bat Monsieur Robert et le chasse ».

En effet, la sortie de Monsieur Robert aurait dû correspondre à la fin de la scène, en vertu des usages du théâtre classique. 3.

Molière privilégie les répliques courtes (l.

1 à 41 et 48 à 66), ce qui donne un rythme plus endiablé à la scène et à l’action. Les personnages et leurs relations 5.

Le nouveau personnage se nomme Monsieur Robert.

Dans la liste des personnages (p.

8), il apparaît comme un voisin.

Son rôle n’est pas très utile : il contribue seulement à renforcer l’univers farcesque de la pièce.

Il n’est pas si rare de trouver dans les pièces de Molière des personnages qui sont dénommés par l’appellation « Monsieur… ». Voici quelques exemples : – Monsieur de la Souche, l’Arnolphe de L’École des femmes ; – Monsieur Bahys, médecin de L’Amour médecin ; – Monsieur Bobinet, précepteur de Monsieur le Comte, dans La Comtesse d’Escarbagnas ; – Monsieur Bonnefoy, notaire dans Le Malade imaginaire ; – Monsieur des Fonandrès, médecin dans L’Amour médecin ; – Monsieur Diafoirus, médecin dans Le Malade imaginaire ; – Monsieur Dimanche, marchand dans Dom Juan ; – Monsieur Filerin, médecin dans Le Malade imaginaire ; – Monsieur Fleurant, apothicaire dans Le Malade imaginaire ; – Monsieur Guillaume, vendeur de tapisseries dans L’Amour médecin ; – Monsieur Harpin, receveur des tailles dans La Comtesse d’Escarbagnas ; – Monsieur Josse, orfèvre dans L’Amour médecin ; – Monsieur Jourdain, bourgeois dans Le Bourgeois gentilhomme ; – Monsieur Loyal, sergent dans le Tartuffe ; – Monsieur Macreton, médecin dans L’Amour médecin.... »

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