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Romantisme

Publié le 23/06/2024

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« Le romantisme est un phénomène européen au sens plein du terme : de l'Angleterre à la Russie en passant par l'Allemagne, les pays scandinaves(Danemark , Norvège , suede), la France, l'Espagne et l'Italie, tous les pays ont été touchés par l'éclosion de cette sensibilité nouvelle et partie prenante, à des degrés divers, de cette vaste entreprise d'émancipation artistique.

Alain Vaillant(pp), dans son introduction au récent dictionnaire du romantisme n'hésite pas à parler en terme de romantisme mondial .

Ce caractère « global » tient à l'intensité des échanges culturels, à la remarquable réciprocité des influences liée à la rapidité de diffusion des œuvres d'un pays à l'autre.

Oeuvres traduites le plus souvent très rapidement.

Il est possible d'évoquer l'existence d'un véritable courant de culture européenne qui voisine d'ailleurs avec d'autres courants plus nationaux,ceux-là.L'émergence du sentiment national ou du patriotisme s'accompagne, c'est tout à fait remarquable, d'un intérêt très vif pour les cultures « étrangères », pour le transnational .

L'accélération des échanges culturels est déjà sensible durant le préromantisme, comme nous le montrerons avec la diffusion, l'impact et la fécondité extraordinaire de l'épopée d'Ossian (1760) (pp), en Europe dans la seconde moitié du XVIIIème siècle .

Pour l'espace européen, notre ambition se bornera aux romantismes anglais et allemand qui sont les plus significatifs.

Ils ont été les catalyseurs de la dynamique de réflexion et de création spécifiques à ce moment.

Tous deux ont fortement influencé le romantisme français, plus tardif on l'a dit, qui rayonnera fortement à son tour en Europe après 1830.

Nous allons successivement aborder les quatre points suivants : -1) Les thèmes et les principes esthétiques communs qui donnent une certaine unité au romantisme européen. -2) L'Angleterre et l'Allemagne ont connu un « préromantique » particulièrement fructueux de 1760 à 1790 jetant les bases d'une « révolution esthétique » que les romantismes reformuleront par la suite...

selon un mode à chaque fois particulier. -3) L'Angleterre à l'avant-garde dans l'introduction des thèmes de la nouvelle sensibilité romantique.

Le phénomène Ossian ; L'influence de Lord Byron sur Lamartine et Musset, l'influence de Walter Scott sur Victor Hugo (Notre-Dame de Paris) et sur Dumas, le grand seigneur du roman historique. -4) L'Allemagne théorise le romantisme.

Le Strurm und Drand en est le tumultueux prologue avec Herder, Goethe et Schiller .

Les frères Schlegel, Novalis...autour de la revue Athénaüm et la doctrine proprement romantique. I/Thèmes et principes esthétiques communs qui autorisent à aborder, sans forçage excessif, le romantisme au singulier ; La rupture romantique marquée par l'émergence conjointe d'une revendication nationale et « démocratique ». Comme l’ont dit plrs auteurs « il y a autant de romantismes qu’il y a de romantiques ».

Chaque romantisme national possède naturellement les couleurs de son pays d'origine, de ses institutions, de son régime politique, de ses traditions et du moment historique qu'il traverse.

Le romantisme européen(pp), c'est une lapalissade, se caractérise donc par une forte diversité, y compris celle liée à l'originalité irréductible des auteurs d'un même pays, mais ses nombreux traits communs, et dans ses thèmes de prédilection et dans ses remises en cause esthétiques, autorisent à l’aborder, sans trop de forçage, au singulier et à parler du « romantisme ».

La communauté des thèmes est, en effet, frappante et s'explique par l'accélération des transferts culturels dont nous venons de souligner l'importance.

Voici, un peu en vrac, quelques exemples de ces traits communs : le goût pour le Moyen âge et pour l’art gothique,la soif d’exotisme et de couleur locale, le culte de la mélancolie avec ses deux pôles contradictoires : l’abattement et l’exaltation, Le Mal du siècle ,la poésie de la nuit et les tombeaux (initiée par l’Angleterre), l’attrait pour le surnaturel, l’amour de la nature et la communion avec la vie universelle ou les forces cosmiques, l’exaltation du moi et de l'individualité, la quête de la transcendance, la quête d’un au-delà des apparences sensibles, la primauté de l’imagination et de la sensibilité sur la raison qui conduit à refuser les règles contraignantes et les genres compartimentés, le refus de « l’imitation » des seuls auteurs latins et grecs… d’où se déduit l’extrême valorisation de l’originalité et du « génie » individuel.

On recherche d’autres modèles, nationaux ceux-là, qui sont posés comme plus « naturels », plus authentiques, plus légitimes que ceux de l’antiquité « classique ».

L'authenticité et la légitimité de ces nouveaux modèles reposent sur le caractère populaire des sources du passé national qu'on se met à passionnément explorer : on refuse désormais une culture réservée aux plus hautes instances de la hiérarchie sociale, faite pour les nobles, les princes et les rois, on souhaite une culture et une littérature populaire, c'est à dire une littérature qui s'adresse à tous, à toute la nation.

C'est un des sens du rejet du classicisme à la française jugé aristocratique, sophistiqué, savant, donc élitiste. Comme le remarque à ce propos Alain Vaillant, avec le mouvement romantique s'opère un tournant historique, une rupture fondamentale dans les mentalités : l'apparition du désir d'une culture démocratique qui est sous-jacente à la revendication nationale .

Le national et le populaire vont de pair.

Nous verrons que la recherche des sources populaires du passé national (passé national qu'on appelle à cette époque les « antiquité nationales ») n'a pas eu en France le caractère fondateur qu'elle a eu en Angleterre et surtout en Allemagne :« Car le vrai peuple « romantique » français n'est pas le peuple du folklore et des sources historiques, mais le peuple révolutionné, né de 1789 ou de 1793 : ici réside peut-être à y bien réfléchir, la principale différence entre le romantisme français et ses homologues européens.

» Rien n'est plus vrai. II/ Les bases européennes d'une « révolution esthétique » « préromantique »(1760-1790) que les romantismes nationaux reformuleront plus tard chacun à leur manière ☹(non) « A partir du milieu du XVIIIème siècle, la nécessité de redéfinir les rapports entre l'universel et le particulier[...] induit une mutation de la légitimité culturelle[...].

A l 'Antiquité gréco-romaine sont substitués les âges barbares, au monde méditerranéen l'Europe du Nord, aux salons de l'élite raffinée les chaumières rustiques.

Une nouvelle théorie de la culture est formulée qui permet de poser le national comme principe de la modernité..

L’émergence du sentiment national doublé du vœu d'une source populaire est clairement situé dans le fait littéraire.

C'est durant la deuxième moitié du XVIIIème, dans la période qu'on appelait autrefois « préromantique », que la république des lettres est entrée en ébullition avec force échanges transnationaux et a élaboré les bases de cette révolution esthétique.

La France apporte sa pierre à l'édifice avec l'influence massive de Rousseau(pp) et celle de Diderot mais sa contribution est moins structurée, l'Angleterre et de l'Allemagne. plus éparse que celle de II a) En outre , On peut évoquer pour l'Angleterre et l'Allemagne un moment « préromantique » particulièrement fructueux : Les romantismes anglais et allemand ont la particularité d’avoir été précédés par un moment « préromantisme ».

Notons que la critique littéraire actuelle, à la suite des travaux de Georges Gusdorf, répugne à employer la notion de « préromantisme » pour désigner cette période et préfère la nommer « naissance d’une conscience romantique ».

Dans le souci, semble-t-il, de ne pas faire exister le romantisme avant que le mouvement qui s’est réclamé de ce nom n’apparaisse et surtout pour ne pas entretenir l’illusion d’une continuité linéaire entre les deux moments.

(filiation n’est pas continuité).

La mode est aujourd'hui à l'approche discontinue.

Il reste que la période en question, quelque soit le nom qu’on lui donne, débute vers 1760 en Angleterre avec comme élément phare : le phénomène Ossian (qui sera abordé dans le cadre du romantisme anglais) et en Allemagne vers 1770 avec le mouvement du Sturm und Drang qui signifie politique et littéraire allemand de la seconde moitié du XVIII e siècle qui sera abordé dans le cadre du romantisme allemand. II b) En France, la critique littéraire actuelle considère qu’il n’y a pas eu de « préromantisme » en tant que tel, au sens d’un mouvement structuré:  Malgré l’influence considérable de Rousseau dont le roman la Nouvelle Héloïse (1761)(pp) a eu soixante dix éditions jusqu’en 1800, les déclarations fulgurantes de Diderot prophétisant que : « la poésie veut quelque chose d’énorme, de barbare et de sauvage » et l’œuvre de Bernardin de Saint-Pierre, le romantisme en France n’aurait pas eu de période « préromantique » en tant que telle, au sens d’un mouvement concerté et faisant école.

Il est resté plus dilué, plus diffus, et donc moins repérable.

Autrement dit, bien que la France ait eu, elle aussi, nombre d’affirmations passionnées et d’œuvres attestant d’un indéniable penchant pour l’expression des sentiments, cette promotion du passionnel n’a pas débouchée sur une réflexion esthétique suivie, ni sur l’amorce d’une remise en cause systématisée du modèle classique, comme ça s'est produit en Angleterre et en Allemagne.

Ce qui n’a nullement empêché la pensée de Rousseau d’irriguer en profondeur le Sturm und Drang que nous avons présenté il ya peu .Il correspond à une.... »

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