Le plein et le vide dans la culture chinoise
Publié le 02/12/2022
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LE PLEIN ET LE VIDE
I) Introduction
Mist on the mountain,, Shi Tao datant du XVIIe siècle
Lors d’un premier coup d'œil sur une peinture chinoise, il peut être choquant
d’observer l’importance du vide dans l'œuvre.
En effet, dans certains cas, il peut excéder les
deux tiers de la surface totale de la toile.
Il est donc légitime de se demander quelle fonction
à le vide dans la peinture chinoise.
Le Vide est un concept fondamental de la culture chinoise, on retrouve des traces de
ce terme dans le Livre des mutations, ouvrage clé de la pensée chinoise.
Elle est ensuite
développée par différents philosophes et moines qui vont préciser sa définition.
Une
compréhension succincte de cette idéologie spirituelle est nécessaire car fondamentale à la
clarté de son application picturale, elle sera développée néanmoins au cours du texte en
temps voulu.
Il faut cependant noter que la littérature abondante dont découle ces
recherches, est le socle de la peinture en Chine.
Il serait donc pertinent de retracer l’histoire
des arts chinois pour contextualiser l’utilisation du Vide.
II) Histoire
L’empire chinois est né au IIe siècle av.
JC, et avec lui le premier maître de la peinture
chinoise: Gu KaiZhi, soit le précurseur de cet art.
Après cela, on note 3 périodes déterminantes.
La première période est daté de la dynastie Tang (618-907).
En effet on observe un
essor de la peinture mais aussi de la poésie, de la musique ou de la calligraphie.
C’est une
période de pérennité politique, et le pays essaye d'instaurer des règles.
Cet élan atteint aussi
1
le milieu des arts.
C’est durant cette période
que les artistes vont poser les codes de la
peinture.
Pour trouver une raison à ces codes,
ils vont creuser les courants de pensée de
l'époque, soit principalement le bouddhisme, le
taoïsme et le confucianisme.
Il faut noter que
ces codes ne restreignent en réalité pas l’artiste
mais essayent de proposer différentes
approches possibles de la création d’une
œuvre.
Durant cette période les artistes
introduisent de nouvelles techniques utilisant le
pinceau, mettant donc en premier plan
l’utilisation de ce dernier en conjointure avec
Œuvre de Wang Wei datant du VIIIe siècle
l’encre de Chine.
Cette technique restera
privilégiée par les artistes chinois durant une
longue période.
Elle à été initiée par Wang Wei (699-759) un peintre et poète adepte de ce
monochrome.
Il est considéré comme l’un des plus grands artistes chinois.
La deuxième grande période est la période
Sung, datant de 960 à 1279.
Elle suit une période de
guerre.
C‘est à cette époque que l’Académie va être
créée, soit le premier lieu dédié à l’étude de l’art.
Il faut
cependant noter que contrairement à une partie des
Académies occidentales, l’Académie chinoise n’avait
pas de code rigide de la peinture et demandait
seulement à leur membre une rigueur face à leur
travail.
De plus, des artistes pouvaient être reconnus
comme talentueux sans être membre de l’académie
Œuvre de Mi Fu datant du Xie siècle
puisqu'au sein même de celle-ci, il n’y a pas de peinture
type, uniforme en terme de technique utilisé.
Seule une classification va être proposée par
rapport au sujet de l'œuvre.
La peinture daté de la dynastie Sung va subir une influence forte
de la calligraphie, les lettrés vont se mettre à cet art et utiliser leur acquis pour diversifier le
lexique graphique.
Cette période est entre autres connue pour deux artistes: Mi Fu (10511107) et Mi Yu Jen (1086-1165) pour être les premiers artistes à travailler explicitement sur
l’utilisation du vide dans leur œuvre.
La troisième grande période est la période Qing (1644-1911).
Elle est la réponse à une
politique de censure chez les artistes.
Cette interdit les agite et relance un vent de modernité
à la peinture chinoise qui jusqu'à cette époque restait dans des codes graphiques d’antan.
Les
2
artistes cherchent maintenant à exprimer implicitement des messages à travers leurs œuvres,
principalement pour libérer leur parole.
Parmi tous les artistes de cette époque on peut citer
un groupe nommé les Moines-Peintres, constitué de quatres artistes, représentant cette
vague d’artistes aux œuvres plus engagées.
III) Définition simple du Vide
Comme vu dans l’histoire de la peinture chinoise, celle-ci découle d’une philosophie
particulière.
Celle-ci prônant l’équilibre entre les éléments, comme le yin et le yang,
s'équilibrant pour créer un tout harmonieux.
Dans la peinture chinoise, le vide ne correspond
pas à une absence de peinture mais bien à un symbole avec des significations particulières.
Il
en est de même pour le plein.
Le travail ici devient donc un travail de sémiologie en plus d’une
analyse picturale des œuvres.
Ce plein et ce vide et leur opposition ont une fonction que l’on
va essayer de définir ensemble.
Le Vide, d’un point du vue spirituel chinois, est considéré comme un point d’origine.
De ce Vide qualifié de “suprême” en découle un Souffle Primordiale appelé Tao, d’où taoïsme.
S'ensuit plusieurs transformations considérées comme Souffle vitaux.
Le Tao d’origine engendre l’Un
L’Un engendre le Deux
Le Deux engendre le Trois
Le Trois produit les dix mille êtres
Les dix mille êtres s’adossent aux Yin
Et embrassent le Yang
L’harmonie naît au souffle du Vide médian
Lao Zi, Chapitre XLII
Dancing and singing, Ma
Yuan XIIe siècle
Voici une citation permettant de comprendre l’explication très simplifiée vue
précédemment, sachant que les Souffles vitaux englobent le Deux, le Trois et les dix mille
êtres.
Ce sont des entités séparées mais que nous allons regrouper pour clarifier le
raisonnement.
Il est néanmoins nécessaire de noter la présence du Yin et du Yang.
En effet,
3
cette configuration qui forme une interaction entre deux éléments opposés est aussi une
notion importante.
Ce concept théorique à une application directe dans le domaine de la peinture.
Ici le
Vide médian est représenté par le papier, lieu d’origine de la création.
Le Souffle primordiale
est lui considérée comme les lignes....
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