LE CONSTRUCTIVISME
Publié le 04/05/2023
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II.
Le design de 1917 à 1939
2.
Le Constructivisme
Vers le constructivisme
Dans les années 1910, Kasimir MALEVITCH et Vladimir TATLIN , figures de proue de
l'avant-garde russe, d'abord influencés par le cubisme, inventent de nouvelles formes qui ne
ressemblent à rien de connu.
Malevitch invente le Suprématisme, alors que Tatline crée ses
reliefs ou peinture en relief.
Carré noir sur fond blanc, Kasimir MALEVITCH, 1915
Relief de Tatline à partir de 1913
En renonçant à la représentation même, les deux artistes viennent de mener la plus grande
révolution artistique depuis la renaissance italienne cinq siècles plus tôt.
Pourtant, jusqu'en
1917, l'avant-garde reste un courant marginal, dont les œuvres, exposés dans quelques
galeries, ne sont appréciées que par une petite partie de intelligentsia.
La révolution
Ces artistes accueillent la révolution bolchevique de 1917 avec un véritable enthousiasme,
comme la continuité de leurs travaux.
Maintenant vous comprenez le sens véritablement révolutionnaire des formes que
j'expérimentais, déclare Tatline.
L'art était arrivé à un point zéro.
Que les balles crépitent dans les musées, déclare le poète Vladimir Maïakovski.
Après la révolution, les bolcheviques ont voulu créer une nouvelle scène artistique
socialiste.
Peu de gens étaient prêts à les aider, car la plupart détestaient les bolcheviques, ils
les voyaient comme des brutes, des marxistes prêts à tout détruire, ce qui est arrivé, ou
presque.
Ils ont confisqué les maisons, les propriétés, ce qui était terrifiant pour la classe
sociale qui finançait habituellement les arts.
L'ancienne classe dirigeante et fortunée espérait
juste que les bolcheviques partiraient.
Beaucoup ont émigré ou simplement patienté, ils
n'ont pas pris part à la nouvelle scène artistique.
Quand les bolcheviques ont cherché des gens pour diriger leurs musées, leurs écoles, les
artistes de l'avant-garde ont tout de suite été partants, parce-qu'ils étaient politiquement de
gauche, mais aussi parce-que c'était un moyen pour eux d'être sur le devant de la scène.
Accueillis au sein du nouveau pouvoir bolchevique, les artistes de gauche vont essayer de
poursuivre dans la vie quotidienne, leur transformation du monde.
Ces artistes d'avant-garde
ont la volonté d'agir dans les modes de vie, de participer à la transformation de l'individu et
à la naissance d'un nouvel homme socialiste.
La ville de Vitebsk en Biélorussie, va devenir un haut lieu d'expérimentation.
Avec sa
nouvelle école d'art ouverte à tous, elle attire les artistes d'avant-garde.
A Vitebsk, l'on tente
de transposer le suprématisme dans le quotidien.
Il ne s'agit pas seulement de peinture, mais
aussi de décoration, de festivals de rue révolutionnaires, de décors de théâtre, etc.
Malevitch
était convaincu que c'était de l'art révolutionnaire et qu'il n'y avait pas mieux pour parler aux
masses, de la révolution.
A ce moment là, Vitebsk était le centre, le lieu d'une utopie.
Les
habitants prennent peu à peu conscience que l'utopie devient concrète, devient réalité, autour
1920.
Ils s’aperçoivent qu'il n'y avait pas qu'une révolution politique, mais aussi une
révolution artistique, que le monde, que leur monde, avait changé.
Par exemple, ils
pouvaient se trouver face à des carrés orange sur des façades, ou des rectangles verts.
Le
changement était palpable et l'on pouvait dire : « nous vivons une époque nouvelle ».
Les suprématistes voulaient toucher le grand public.
Ils avaient une idée précise de
l'esthétique, qui permettrait au gens de Vitebsk, aux paysans, aux soldats, de trouver une
inspiration et d'apprendre quelque chose.
El (abréviation de Lazar) Lissitzky (1890-1941).
a réalisé cette affiche qui a toujours été
citée en exemple,
Battez les blancs avec le triangle (ou coin) rouge »,
en 1919, qui est l’une des plus marquantes de ses œuvres.
Lissitzky était totalement
convaincu que cette abstraction avait du sens et était certain que le regardeur le percevrait de
la même façon.
D'origine juive, Lazar Lissitzky fait parte de ces russes à qui la révolution a
offert pour la première fois, la possibilité de circuler librement, d'être actif politiquement,
d'être des citoyens à part entière.
Ancien peintre figuratif, séduit par l’abstraction, cet
architecte de formation cherche progressivement à dépasser la peinture pour investir l'espace
public.
Il a développé une série d'images qu'il a appelé par la suite Proun qui signifie : projet pour
l'affirmation du nouveau dans l'art.
A quoi ressemblent ses tableaux ? Tableau n'étant
d'ailleurs pas le bon terme car ce sont de véritables constructions.
Le regardeur ne se trouve
plus face à une perspective centrale classique, mais à l'intérieur d'une construction que
l'on peut regarder de tous les côtés, qu'il faut contourner.
Pour Lissitzky, ces Proun étaient
aussi une phase de transition entre peinture et architecture.
Dés 1919 il écrit : Nos vies
doivent à présent être construites sur de nouvelles fondations communistes solides comme
du béton armé, et ceci pour toutes les nations de la terre On construira grâce au Proun,
des villes communistes monolithiques, dans lesquelles vivront les habitants du monde.
»
Avec Tatline, qui a été le précurseur des œuvres en trois dimensions, ils se font architectes et
rêvent à l'URSS de demain.
Fers à repasser célestes, ou Wolkenbügel ou encore Repasse-nuage, (sont un projet
d'immeubles en porte-à-faux)
En 1919, Tatlin élabore le projet iconique de la révolution, une
tour à la IIIè internationale.
Conçue pour dépasser la Tour Eiffel, ce monument de verre et d'acier, doit atteindre une
hauteur de 400 m.
A l'intérieur, quatre volumes doivent accueillir des fonctions
administratives ou de propagande : un cube, une pyramide, un cylindre et une demi-sphère.
Chacun, en rotation selon un rythme respectivement annuel, mensuel, journalier, à mesure
que l'on s'élève vers le sommet.
Avec sa forme en « double hélice », ce monument utopique
va enflammer les imaginaires.
Lorsqu'il est présenté en 1920 à Petrograd (actuelle SaintPétersbourg), c'est un événement majeur qui marque énormément les artistes.
Ce projet
contient également une dimension de manifeste, puisque la présentation de la maquette est
associée à celle de slogans rédigés par Tatline.
Ils proclament la fusion de l'art dans la vie,
que l’œuvre d'art doit avoir à la fois une dimension sociale et utilitaire.
L'on peut
imaginer qu'au regard de l'ambition phénoménale du projet, il était peu question de le mettre
en place.
Rappelons qu'à l'époque l'état soviétique est pauvre, qu'il sort d'une guerre civile et
qu'il n'a tout simplement pas les moyens d'autres états avancés.
L'état soviétique ne peut
donc pas mettre en œuvre de tels projets.
Des artistes vont pourtant réussir à rendre l'art concret pour des citoyens et à
transformer leur quotidien d'une façon totalement inédite.
L'art constructiviste
Le graphisme
Le graphisme constructiviste part d'une intention unique dans l'histoire des formes : allier
art et industrie.
C'est la naissance du design moderne.
La révolution permet à de jeunes
gens d’origine modeste, hommes et femmes, d’accéder aux milieux artistiques.
C'est le cas
de Varvara Stepanova et d'Alexander Rodchenko.
ils arrivent à Moscou en 1915.
Ils....
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