Guernica au prisme des nationalismes et des internationalismes dans l'entre-deux-guerres

« Devoir-Maison d’Histoire de l’Art : Guernica au prisme des nationalismes et des internationalismes dans l'entre-deux-guerres « Non… c’est vous ».

Voilà ce qu’aurait répondu Picasso à Otto Abetz, ambassadeur du régime nazi, après qu’il lui a eu demandé « C’est vous qui avez fait cela ? », devant une photo de la toile de Guernica.

Certainement le tableau le plus célèbre de Picasso, Guernica, peint en 1937 et pourtant inspiré d’un bombardement lié à la guerre civile espagnole, a eu et a 1 toujours un impact très fort à l’international.

Picasso utilisa cette renommée pour faire de son tableau un outil politique. Nous allons donc voir dans cette analyse en quoi le fait que Guernica ait été au centre des questions de nationalisme et internationalisme dans l’entre-deux guerres lui a permis de devenir un symbole politique universel et connu dans le monde entier, à tel point qu'il apparaît comme un emblème dans presque tous épisodes de violence. Dans un premier temps, nous travaillerons sur le contexte historique et politique de la création de l’œuvre.

Dans un deuxième temps, nous verrons qu’il s’agit d’une représentation à visée internationale.

Enfin nous travaillerons sur les idées que véhiculent le tableau et qui transcendent les notions de nationalisme ou internationalisme pour atteindre une dimension d’universalité. I/.

Une commande nationale à visée anti-nationaliste 1/.

Le bombardement de Guernica : un conflit à la fois national et international Le bombardement de Guernica résulte de la guerre civile espagnole qui opposait les nationalistes et les républicains.

Cette guerre a démarré en juillet 1936 après le coup d’état du général Franco.

Le général est alors soutenu par l’Allemagne nazie et l’Italie de Mussolini.

Ce qui est donc supposé être une guerre civile présente déjà des intérêts internationaux puisque deux voisins nationalistes la soutiennent.

Plus qu’un simple soutien politique, ces derniers prennent même part au conflit en envoyant des forces militaires.

C’est ce qui se passe le 26 avril 1937.

A la suite d’un ordre des nationalistes espagnols, une cinquantaine d’appareils de la légion Condor de l’Allemagne nazie se déploie sur la Guernica, petite ville du Pays basque espagnol et y expérimente un nouveau type de bombardement : le bombardement en piqué. Plus de 2000 personnes (soit un tier de la population) meurent ce jour-là.

Donc le conflit qui inspirera Picasso pour son tableau est à la fois le résultat d’une guerre civile par définition nationale mais également d’envergure internationale puisque l’Allemagne y est mêlée. De plus, le conflit lui-même a un rayonnement international : Picasso prend connaissance du bombardement par le biais des journaux qu’il lit à Paris.

L’événement a été médiatisé et provoque un retentissement énorme dans le monde entier.

Le tableau de Picasso portera donc à la fois sur un conflit national dans le sens où il est issu d’une guerre civile espagnol mais également international puisque l’Allemagne nazi y a participé mais également dans le sens où le monde entier s’y était déjà intéressé. 2/.

Une commande des républicains 2 Guernica était une commande des républicains espagnols.

En effet, en janvier 1937, Picasso reçoit une commande du gouvernement légitime de la République d’Espagne lui demandant de produire une peinture à grande échelle pour le pavillon espagnol à l'Exposition universelle de Paris.

La volonté de la République est de contrer l’idéologie nationaliste en dénonçant le totalitarisme fasciste.

Le gouvernement républicain est d’ailleurs dirigé par Francisco Largo Caballero, aussi appelé « le Lénine espagnol ».

Cette commande, certes nationale, est également à visée anti-nationaliste sur le plan idéologique et politique.

Si dans un premier temps, Picasso est réticent face à cette commande et dit même au gouvernement qu’il n’est pas sûr de pouvoir produire le genre d’image qu’ils voudraient (et ce notamment parce que jusque là son art n’avait pas encore été très politique mais bien plus personnel), il va finir par accepter et créer une œuvre qui dénonce effectivement les horreurs de la guerre et du totalitarisme nationaliste. II/.

Une représentation à visée internationale 1/.

L’Exposition Internationale Comme on vient de le voir, le tableau avait une visée anti-nationaliste, mais ce n’est pas tout : Guernica est également un tableau à visée internationale, tout d’abord, et ce de façon évidente, parce qu’elle avait pour but premier d’être exposée dans le pavillon espagnol de l’Exposition Internationale à Paris de 1937.

Et si les expositions internationales servaient également a créé un sentiment de fierté nationale, elles servaient avant tout à créer de l’échange international, premièrement culturel mais également politique et économique.

Et Guernica va en effet devenir une fierté nationale pour l’Espagne et ce du fait de son rayonnement internationale sur le plan culturel mais également sur le plan politique. 2/.

Un tableau qui voyage Après qu'il a été dévoilé pour la première fois au public au pavillon espagnol à Paris en 1937, Guernica voyage énormément partout à travers l'Europe et les Etats-Unis.

En effet, le tableau devient l’œuvre centrale d’un certains nombres d’expositions dans 11 pays différents à la suite du succès qu’il rencontre à l’exposition internationale de 1937.

Après cette dernière, Picasso avait d’ailleurs repris entière possession de son œuvre.

C’est donc lui qui prend la décision de louer son œuvre ou non aux différents pays.

En septembre 1939, il décide d’envoyer son tableau au MoMA tout d’abord pour l’exposition « Picasso : Forty Years of His Art » mais il décidera par la suite de l’y laisser, refusant que l'œuvre retourne en Espagne tant que « les libertés publiques [n'y seraient pas] rétablies ».

(Le tableau sera par la suite renvoyé en Espagne en 1981, où il sera d’abord conservé dans le Casón del Buen Retiro 3 et, à partir de 1992, dans le Museo Reina Sofía.) De plus, de nombreuses reproductions ont été faites un peu partout dans le monde. 3/.

Le choix du modernisme Enfin, sur la plan plastique, le tableau présente également une ambition internationaliste étant donné le style adopté.

En effet, on retrouve dans ce tableau la fragmentation et la géométrisation typiques du cubisme.

Le choix de retourner vers le cubisme, mouvement d’avant-garde moderniste que Picasso avait pourtant abandonné juste après la.... »